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À 38 jours du premier tour de l'élection présidentielle française et en pleine offensive russe en Ukraine, le président Emmanuel Macron, qui veut "protéger" les Français face au "retour brutal du tragique dans l'Histoire", va enfin officialiser en soirée sa candidature pour un second mandat.
Mobilisé par la guerre en Ukraine - avec un nouvel entretien jeudi avec son homologue russe Vladimir Poutine puis le président ukrainien Volodymyr Zelensky - le chef de l'État sortant a attendu le dernier moment pour entrer en lice officiellement, puisque les candidatures doivent être déposées auprès du Conseil constitutionnel avant vendredi 17H00 GMT.
Il annoncera briguer une réélection dans une "Lettre aux Français" qui sera mise en ligne ce jeudi soir.
Les autres candidats s'inquiètent que les dossiers internationaux n'éclipsent des sujets nationaux prioritaires comme le pouvoir d'achat, la santé et la sécurité. Et veulent débattre au plus vite avec lui pour s'attaquer à son bilan.
Le candidat écologiste Yannick Jadot a été un des premiers à réagir : "Il n'y avait pas d'ambiguïté sur sa candidature. Ca fait longtemps qu'Emmanuel Macron est en campagne, qu'il dépense de manière électorale".
Emmanuel Macron "sera président jusqu’au dernier quart d’heure" car "les Français ont besoin d’un président pour les cinq prochaines semaines comme pour les cinq prochaines années", a affirmé jeudi matin sur franceinfo le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, au lendemain d'une allocution du président sur l'Ukraine. Un format très présidentiel qui lui permet de rester au-dessus de la mêlée.
Jamais une crise internationale n'a autant eu d'impact sur une campagne présidentielle sous la Ve République (le régime politique en vigueur depuis 1958).
Le président sortant a aussi été confronté à une autre crise internationale, au Mali, où il a finalement soldé des mois de tensions avec les colonels au pouvoir en actant le 17 février le retrait militaire français de ce pays.
- Plan de résilience -
Et après les crises du mouvement social des "gilets jaunes" suivie de la pandémie du Covid, le plus jeune président que la France ait connu depuis 1958 se positionne comme un capitaine par temps de tempête: "Je n'ai et n'aurai qu'une boussole : vous protéger".
Le Premier ministre français Jean Castex a justement précisé sur TF1 les contours d'un plan annoncé par Emmanuel Macron pour atténuer les conséquences économiques et sociales - notamment une flambée des prix des carburants - de la guerre en Ukraine et des sévères sanctions sur la Russie.
Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes il y a huit jours, le président-candidat a gagné plusieurs points dans les intentions de vote, les sondages le donnant à 27-28%, soit une dizaine de points devant sa rivale d'extrême droite, Marine Le Pen (Rassemblement national - RN), qui creuse l'écart avec la candidate de droite Valérie Pécresse (Les Républicains - LR) et Eric Zemmour (Reconquête!, extrême droite).
Mais si le chef de l'État a assuré que la campagne permettrait un "débat démocratique important", ses rivaux s'inquiètent de plus en plus de voir le bilan des années Macron et les principales préoccupations des Français - pouvoir d'achat, santé et sécurité - relégués au second plan.
"On n’a pas de candidat en face. On ne peut pas attaquer son bilan. On ne peut pas proposer un contre-projet. On n’a aujourd’hui pas d’adversaire. C’est une situation totalement inédite dans la Ve République", s'est insurgée Mme Pécresse, qui peine à trouver sa place, dépassée dans les derniers sondages par ses deux rivaux d'extrême droite notamment.
Même constat de la part de Marine Le Pen: "Il va falloir qu’il (Macron) prenne son autre casquette de candidat à la présidentielle parce qu'il doit un bilan aux Français".
L'agression russe a aussi mis en pleine lumière des lignes de fracture au sein des opposants au chef de l'État.
Dernier exemple, le président du RN Jordan Bardella et l'eurodéputé LR Geoffroy Didier ont tous deux critiqué le refus du candidat de Reconquête! d'accueillir des réfugiés ukrainiens en France, lui reprochant une attitude d'"idéologue" ou un refus "inhumain".
"La différence avec Éric Zemmour, c'est que quand un peuple européen est sous les bombes, moi je m'en sens solidaire et Marine Le Pen s'en sent également solidaire", a expliqué sur la radio RTL l'eurodéputé RN.
O.Mehta--DT