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Les forces ukrainienne combattaient vendredi des militaires russes dans la capitale Kiev, au deuxième jour d'une invasion déclenchée par Vladimir Poutine qui, faisant fi des sanctions occidentales, a appelé l'armée ukrainienne à prendre le pouvoir.
Au lendemain du déclenchement par M. Poutine de ce conflit qui pourrait être le plus grave en Europe depuis 1945, avec déjà plus de 100.000 déplacés, les Européens ont annoncé de nouvelles sanctions contre le sommet de l'Etat russe.
Mais le président russe semblait déterminé à poursuivre son offensive et obtenir un changement de régime en Ukraine, qualifiant l'administration du président Volodymyr Zelensky de "drogués et de néonazis".
"Prenez le pouvoir entre vos mains", a-t-il lancé à l'adresse de l'armée ukrainienne. "Il me semble qu'il sera plus facile de négocier entre vous et moi", a-t-il ajouté.
Peu auparavant, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait appelé à une reddition.
"Nous sommes prêts à des négociations, à n'importe quel moment, dès que les forces armées ukrainiennes entendront notre appel et déposeront les armes", a-t-il déclaré à Moscou.
Le porte-parole du Kremlin a aussi affirmé que Vladimir Poutine était prêt à envoyer une délégation à Minsk, au Bélarus, "pour des négociations avec une délégation ukrainienne".
- Kiev, ville-fantôme -
Dans le quartier résidentiel d'Oblon, l'AFP a vu un civil mort sur un trottoir, et des ambulanciers en secourir un autre, prisonnier d'une voiture écrasée par un véhicule blindé. Des habitants ont indiqué avoir vu deux corps semblant être des soldats russes tués, mais l'AFP n'a pas pu confirmer cette information.
Les forces ukrainiennes ont aussi rapporté combattre des unités de blindés russes dans deux localités entre 40 et 80 km au nord de Kiev. Des troupes russes approchaient également de la capitale depuis le nord-est et l'est, selon l'armée ukrainienne.
Après la fuite de nombreux habitants jeudi, le centre de Kiev, métropole qui compte en temps normal quelque trois millions d'habitants et désormais sous couvre-feu, ressemblait à une ville-fantôme.
Hommes en armes et blindés étaient postés aux principaux carrefours proches des bâtiments gouvernementaux. De rares passants s'arrêtaient pour échanger les dernières nouvelles, alors que sirènes et explosions retentissaient dans un ciel nuageux.
"Cette nuit, ils ont commencé à bombarder des quartiers civils. Cela nous rappelle (l'offensive nazie) de 1941", a déclaré le président Volodymyr Zelensky vendredi matin, prononçant cette phrase en russe, signe qu'elle était destinée aux Russes.
Il a salué l'"héroïsme" de la population face à une invasion qui a selon lui fait au moins 137 morts et 316 blessés côté ukrainien, assurant que ses soldats faisaient "leur possible" pour défendre le pays.
Le ministère ukrainien de la Défense a appelé les civils à Kiev "à nous informer des mouvements ennemis: faites des cocktails molotov, neutralisez l'occupant!".
Les autorités russes n'ont donné de leur côté aucune indication sur les pertes subies.
- "Guerre totale" -
M. Zelensky a reproché aux Européens d'être trop lents à soutenir l'Ukraine. Il a appelé ceux ayant "une expérience de combat" à venir combattre côté ukrainien.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est membre de l'Otan, a aussi reproché à l'UE et l'Otan leur inaction.
"La guerre est totale", a déclaré vendredi le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, en se disant "inquiet pour la suite", notamment pour la Moldavie et la Géorgie, deux autres ex-républiques soviétiques avec des territoires séparatistes prorusses.
L'Alliance atlantique, dont les dirigeants se réunissaient vendredi en visioconférence, a répété ces derniers jours qu'elle n'enverrait pas de troupes en Ukraine. Le président américain Joe Biden a en revanche prévenu qu'aucun "pouce de territoire de l'Otan" ne serait cédé. Le Pentagone dépêchera quelque 7.000 soldats de plus en Allemagne.
- Nouvelles sanctions -
Pour l'instant, le camp occidental se concentre sur le durcissement des sanctions contre la Russie, en restreignant l'accès aux marchés financiers internationaux de ses principales institutions et son accès aux technologies.
Joe Biden a promis de faire de Poutine "un paria sur la scène internationale".
"Les dirigeants russes devront faire face à un isolement sans précédent", a aussi affirmé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Les Vingt-Sept ne sont cependant pas allés jusqu'à exclure la Russie du système d'échanges bancaires internationaux Swift, comme le demandait Kiev.
Le président Zelensky a appelé les Européens à aller plus loin.
"Annuler les visas pour les Russes ? Déconnexion de Swift ? Isolement total de la Russie ? Rappel d'ambassadeurs ? Embargo sur le pétrole ? Aujourd'hui, tout doit être sur la table, car c'est une menace pour nous tous, toute l'Europe", a-t-il dit.
Peu après, Paris et Berlin annonçaient un nouveau train de sanctions européens visant "les plus hauts dirigeants russes", dont Poutine et Lavrov. La France s'est dite favorable à une exclusion de Swift, annonçant peut-être un réexamen de la décision de jeudi.
Après avoir flambé jeudi, les cours des matières premières restaient très élevés, avec un baril de pétrole Brent au-dessus des 100 dollars même si le WTI américain était revenu autour de 95 dollars.
La Russie et l'Ukraine sont des exportateurs essentiels de pétrole, gaz, blé et autres matières premières.
Les grandes bourses mondiales se reprenaient elles après leur plongeon jeudi, dans un marché toujours volatil.
- Afflux de réfugiés-
L'invasion russe a jeté sur les routes des milliers d'Ukraniens, qui arrivaient par centaines aux frontières de l'UE - notamment en Pologne, Hongrie et Roumanie.
Environ 100.000 personnes ont déjà fui leur foyer et des milliers ont quitté leur pays, selon le Haut-commissariat de l'Onu pour les réfugiés.
Kristian Szavla, 28 ans, venu de l'ouest de l'Ukraine, a été un des premiers à passer en Hongrie. "Nous ne voulons pas vivre ce que nos amis et compatriotes subissent dans l'est du pays, nous réveiller aux sons des sirènes à chaque bombardement russe", a confié cet homme, parti avec femme et enfant.
- Vote à l'ONU -
L'offensive russe a débuté jeudi à l'aube, après la reconnaissance lundi par Vladimir Poutine de l'indépendance de territoires séparatistes ukrainiens du Donbass, parrainés par Moscou depuis 2014.
Pour justifier cette intervention, le maître du Kremlin a réitéré ses accusations infondées de "génocide" orchestré par Kiev dans les "républiques" séparatistes prorusses du Donbass et dénoncé la politique "agressive" de l'Otan.
Etats-Unis et Albanie ont demandé un vote du Conseil de sécurité de l'Onu vendredi soir sur un projet de résolution condamnant l’invasion de l’Ukraine et réclamant à la Russie le retrait immédiat de ses troupes.
La résolution était cependant condamnée d'avance, Moscou disposant d'un droit de veto au Conseil de sécurité.
Le président chinois Xi Jinping, aux relations étroites avec Poutine, s'est lui entretenu par téléphone avec le maître du Kremlin.
La Chine, qui a un droit de veto, "soutient la Russie dans la résolution (du conflit) par le biais de négociations avec l'Ukraine", a rapporté la télévision publique CCTV.
Bien que souffrant d'une douleur "aiguë" au genou, le pape François, 85 ans, s'est rendu vendredi à l'ambassade de Russie à Rome pour exprimer sa "préoccupation".
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W.Darwish--DT