AEX
-1.3200
"Jusque-là, ça va": les habitants de région parisienne sont confrontés vendredi à une grève de la RATP pour les salaires, la première massive depuis le début de la pandémie, mais Paris n'a pas été paralysée en matinée, malgré des bouchons importants sur les routes d'Ile-de-France.
"C'est mieux qu'annoncé. Il y aura des perturbations fortes (...), mais ce sera mieux", a estimé sur France 2 le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari.
La direction de la RATP a compté vendredi matin "moins d'un quart de grévistes dans l'entreprise, très concentrés sur les métiers de la conduite".
Marche, changement de mode de transport (vélo, trottinette...), ou d'itinéraires: concrètement, à la veille des vacances scolaires, les usagers franciliens ont dû s'adapter, mais ont paru en mesure d'éviter les galères, à l'image de Pierre-Yves Humbert, 33 ans, qui habite Vincennes et se rend en plein centre de la capitale.
"C'est un peu long et on est un peu désorienté. (...) On va voir avec la ligne 9. Normalement, ça devrait le faire", a-t-il commenté en pleine heure de pointe, dans l'attente d'une rame de métro à Nation.
"Le télétravail? D'un point de vue technique, je devrais pouvoir le faire. Mais mes patrons ne sont pas trop chauds", a-t-il ajouté.
Recommandée tant par la RATP que par l'autorité régionale des transports Ile-de-France-Mobilités et M. Djebbari, cette option du télétravail a visiblement été suivie par nombre de Franciliens.
En outre, la RATP a fait savoir que deux des lignes du métro qui devaient être totalement fermées, la 11 et 12, étaient finalement en partie ouvertes.
Mais les RER, trams et bus sont aussi perturbés, et la situation gardait un arrière-goût de la dernière grande grève d'ampleur contre la réforme des retraites, fin 2019, juste avant la pandémie et l'entrée massive du télétravail dans la vie des salariés.
- Bouchons -
De nombreux Franciliens se sont rabattus sur leur voiture: sur l'ensemble de l'Ile-de-France, la direction des routes a comptabilisé, via son site Sytadin, jusqu'à 270 kilomètres de bouchons un peu avant 08H00 puis avant 09H00, soit un cumul "exceptionnel pour cette heure".
Mais, dans les souterrains du métro, "jusque-là, ça va", a soufflé Belen Martin, chargée de clientèle de 36 ans dans l'impossibilité de télétravailler et partie très en avance pour traverser Paris.
Sur la ligne 1, une des deux lignes automatiques et donc non affectées par la grève, il n'y a finalement eu aucune saturation en heures de pointe du matin (entre 06H30 et 09H30), contrairement aux craintes.
Ailleurs, les usagers ont fait avec. "C'est comme ça", remarquait, résigné, Kévin, le masque sur le menton et qui ne donnait pas son nom, en route vers Châtelet dans une rame de la ligne 4 peu remplie.
Les syndicats réclament au moins 3% d'augmentation, quand la direction leur propose 2,7% en moyenne, dont seulement 0,4% pour tout le monde, le reste étant individualisé. Jean-Baptiste Djebbari a qualifié des 2,7% de "proposition très raisonnable, honorable", ajoutant qu'un intéressement important devrait suivre.
"Il y a une forme de grève réflexe que, moi, je ne comprends pas", a pour sa part réagi sur BFMTV et RMC le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.
"On peut avoir des revendications salariales. Faire grève un jour de grand départ en vacances, je ne pense pas que ce soit une bonne idée", a également estimé sur France Inter la ministre du Travail, Elisabeth Borne, ancienne patronne de la RATP.
- Fin des grandes grèves? -
En fin d'heure de pointe, le flux de passagers est resté continu sur la ligne 9, mais toujours sans cohue.
Télétravail? Veille de vacances? Choix d'un vendredi, jour plus calme dans les transports?
Martial, agent de la RATP qui travaille d'ordinaire en atelier mais a été "réquisitionné" pour renseigner comme il peut les passagers - et n'a pas voulu donner son nom -, était posté à l'entrée du couloir qui, à Nation, conduit d'ordinaire à la ligne 2, fermée.
"Jusque-là, ça va", a-t-il commenté lui aussi.
Alors que cette grève intervient le jour de négociations annuelles obligatoires sur les salaires, il estime que "des grands mouvements comme 1995, 2001, il n'y en aura plus". "Déjà, il y a le service minimum, et puis les mentalités chez les entrants n'est plus la même".
Se déplacer dans Paris devait tout même rester épineux en journée: outre les lignes complètement fermées (2, 3bis, 5, 7bis, 8 et 10), il ne devait y avoir aucun métro en dehors des heures de pointe --soit de 09H30 à 16H30 puis et à partir de 19H30--, sauf sur les lignes automatiques (1 et 14).
R.El-Zarouni--DT