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"Vous l'avez arrachée à la vie": Les avocats des parties civiles ont longuement dépeint mercredi le calvaire vécu par la famille de la petite Maëlys et insisté sur l'extrême "dangerosité" de son meurtrier, Nordahl Lelandais.
L'un après l'autre, tous ont dressé dans leurs plaidoiries un portrait extrêmement sombre de l'accusé devant la cour d'assises de l'Isère. Le verdict est attendu vendredi après trois semaines d'un procès intense et ultra-médiatisé.
Parlant en dernier, Me Fabien Rajon, qui représente la mère de la fillette, a parlé deux heures durant, commençant par rendre hommage au courage et à la dignité de Colleen, la soeur aînée de Maëlys, en leur comparant la "vie médiocre que s'est lui-même" bâtie l'accusé.
Puis il a longuement décrit la longue nuit de la disparition de la fillette en août 2017, les "six mois de prise d'otage" lié au silence du suspect, jusqu'à la découverte du corps dans une forêt et les "cauchemars" qui poursuivent sa mère depuis lors.
Nordahl Lelandais, qui aura 39 ans le jour du verdict, est jugé depuis le 31 janvier par la cour d'assises de l'Isère pour l'enlèvement et le meurtre de Maëlys De Araujo, 8 ans, ainsi que pour des agressions sexuelles contre deux cousines de 4 et 6 ans, au cours du même été 2017. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Poussé dans ses retranchements au fil des débats, l'ancien maître-chien a admis avoir des penchants pédophiles vis à vis de ses cousines. Il a aussi reconnu avoir tué "volontairement" Maëlys en évoquant un accès de panique, une "hallucination". Et il a répété qu'il n'avait jamais eu d'intention sexuelle à son égard.
Me Rajon a réaffirmé dans sa plaidoirie que s'il n'est pas poursuivi pour le viol de Maëlys dans le cadre de ce procès faute de "preuve incontestable", le "mobile sexuel est pour (lui) une évidence".
- "Homme-loup" -
"C'est tellement facile de dire +j'ai changé+", a-t-il attaqué, avant de lire une lettre des parents de sa première victime, le caporal Arthur Noyer, dont le meurtre lui a déjà valu vingt de prison l'an dernier. Indigné par la défense adoptée par l'accusé, le couple le décrit comme "un malfaisant, un manipulateur, un lâche".
Auparavant, l'avocat du père de Maëlys Me Laurent Boguet l'avait dépeint en "homme-loup" qui "appréhende parfaitement les limites du bien et du mal et (qui) a fait le choix de s'organiser vers le côté sombre".
Nordahl Lelandais a "tout déployé pour courir en zigzag afin de ne jamais se faire attraper", a-t-il souligné.
C'est quelqu'un qui "mène son existence en chauffard et malheur à vous si vous croisez sa route quand il a décidé d'accélérer ! La vitesse ça grise, c'est bon. Jusqu'à ce qu'on se prenne le mur", lance-t-il.
L'accusé, assis dans son box, en chemise noire, écoute en silence.
Me Yves Crespin, avocat de deux associations de protection de l'enfance, avait auparavant estimé que l'ancien militaire avait manqué lors de son procès "une opportunité formidable de s'exprimer".
"C'est cet homme que vous avez à juger", a-t-il dit aux jurés, assis en rang derrière les magistrats. "Vous n'avez pas à comprendre, vous ne le pourrez jamais".
"J'ai cette terrible conviction que heureusement qu'il a été arrêté à temps et que Maëlys ne sera pas morte pour rien", a-t-il conclu.
- "Prédateur" -
Pour Me Caroline Rémond, avocate des deux petites-cousines victimes d'attouchements, l'ancien maître-chien est "un pédophile, un prédateur sexuel". "Vous avez cherché une proie, c'est ça un prédateur", l'apostrophe-t-elle.
Elle revient sur les "vidéos atroces" qu'il a filmées avec son téléphone alors qu'il agressait les enfants endormies. Les images avaient glacé l'assistance lors de leur projection.
L'accusé "a enlevé la vie" à Maëlys et l'"innocence" à ses petites-cousines. "Elles ne la retrouveront pas", dénonce-t-elle.
Le réquisitoire et la plaidoirie de la défense de l'avocat Me Alain Jakubowicz sont attendus jeudi.
F.El-Yamahy--DT