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Le projet de fusion entre TF1 et M6 a franchi une étape décisive mardi avec la fin des auditions des parties par l'Autorité de la concurrence mais, selon plusieurs sources, les concessions pour autoriser l'opération pourraient être bien plus importantes que prévu.
Pour pouvoir être célébré début 2023, le mariage doit absolument être accepté par le collège de cette institution composé de spécialistes du droit de la concurrence et de représentants du monde économique. Il se prononcera mi-octobre.
Selon une source proche du dossier, les deux groupes de télévision ne sont pas arrivés en terrain conquis lundi.
Les services d'instruction de l'Autorité ont d'abord réitéré leur position de fin juillet, lors de la remise de leurs conclusions devant le collège: elle est plutôt défavorable et sans "véritable changement", malgré les concessions proposées depuis par les chaînes, a jugé cette source.
Le groupe Bouygues (propriétaire de TF1) se voit notamment proposer de revendre la chaîne M6: un "remède" inacceptable, alors que les deux entreprises souhaitent unir leurs forces pour mieux résister à la concurrence des acteurs du streaming (Netflix, Disney, Amazon ou même Youtube et Tiktok).
Netflix, qui souhaite lancer cette année une offre moins chère financée par la publicité, pourrait rapidement devenir la 4e régie TV française, avec 200 millions d'euros de recettes annuelles, selon une étude publiée mardi par le cabinet NPA Conseil sur la base d'informations de la presse américaine.
La revente de M6 a également le soutien de certains opposants au projet de fusion, qui pourraient se positionner pour racheter la chaîne.
Plusieurs magnats des médias avaient tenté début 2021 de racheter au groupe RTL (contrôlé par l'Allemand Bertelsmann), dont Vincent Bolloré (via Vivendi), Xavier Niel ou encore l'entrepreneur tchèque Daniel Kretinsky. L'intérêt de Mediaset, contrôlé par Silvio Berlusconi, est également évoqué.
Le groupe Bouygues, représenté par son président Martin Bouygues et son directeur général Olivier Roussat, ainsi que le PDG de TF1 Gilles Pélisson, ont été longuement auditionnés mardi.
Leur argumentaire s'adressait surtout aux membres du collège issus de la sphère privée, dont des représentants des sociétés Plastic Omnium, Eutelsat, Tikehau Capital ou Atos, potentiellement plus enclins au pragmatisme qu'à un strict respect des règles de concurrence.
Le mariage de la première et de la troisième chaînes du paysage audiovisuel français ferait émerger un mastodonte, dépassant France TV avec plus de 30% de part d'audience et représentant les trois quarts-du marché publicitaire de la télévision.
Le gouvernement aura in fine la possibilité de passer outre un refus de l'Autorité, s'il justifie sa décision par des motifs d'intérêt général.
Y.Amjad--DT