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Le décompte des résultats des élections présidentielles au Kenya ne "va pas aussi vite" que prévu, a admis la Commission électorale vendredi, trois jours après le scrutin, alors que l'attente alimentait l'impatience dans le pays, locomotive économique d'Afrique de l'Est.
"Nous avons observé que nous n'avançons pas aussi vite que nous le devrions", a déclaré Wafula Chebukati, chef de la Commission électorale indépendante (IEBC), imputant ces retards aux interférences des partis des candidats à la présidentielle.
Si les observateurs internationaux ont salué cette année les progrès réalisés par l'IEBC, contribuant au déroulement pacifique du vote mardi, le comptage et la consolidation des résultats prennent plus de temps que prévu.
Cette lenteur alimente la nervosité des Kényans, impatients de reprendre une vie normale et de savoir qui de Raila Odinga ou de William Ruto deviendra leur prochain président.
Il y a cinq ans, les résultats officiels étaient tombés trois jours après le scrutin.
L'IEBC est d'autant plus sous pression qu'elle a été critiquée pour l'annulation en justice de la présidentielle d'août 2017. Elle a jusqu'au 16 août pour annoncer les résultats définitifs.
Le directeur général de la commission électorale, Marjan Hussein Marjan, a nié vendredi que les systèmes informatiques de la commission et son portail de résultats avaient été mis en péril.
"Nous tenons à assurer le pays que rien de tel ne s’est produit", a-t-il déclaré aux journalistes. "Nous assurons à tout le pays que nos systèmes sont réellement sécurisés... les mécanismes que nous avons mis en place sont infaillibles"", a-t-il affirmé.
Mardi, 22,1 millions de Kényans étaient appelés aux urnes pour choisir le successeur de Uhuru Kenyatta, président depuis 2013. Cinq autres scrutins concomitants étaient organisés, pour élire entre autres les parlementaires et les représentants locaux.
Les partis politiques avaient déployé leurs propres observateurs dans les quelque 46.000 bureaux de vote, les yeux rivés sur les urnes. Certains assaillent aujourd'hui de questions les agents électoraux, assure l'IEBC.
- Pays au ralenti -
"Ne ralentissez pas le processus", leur a lancé vendredi M. Chebukati, sinon "nous ne pourrons pas terminer" dans les sept jours impartis par la loi.
L'impatience de connaître les résultats grandit chez les quelque 50 millions de Kényans.
Le pays marche en effet encore au ralenti, les écoles restent fermées alors que les opérations de compilation des procès-verbaux se poursuivent au niveau des circonscriptions, des comtés et au niveau national à Nairobi.
Dès le lendemain du scrutin, les télévisions kényanes ont commencé à diffuser des estimations de résultats, évolutifs et parfois contradictoires, basés sur leurs propres décomptes.
Ils semblaient conforter le scenario d'un duel serré entre deux des quatre candidats à la présidentielle: Raila Odinga, 77 ans, qui a reçu le soutien du président Kenyatta et de son parti, et William Ruto, 55 ans vice-président sortant.
Or ces chaînes de télévision ont cessé de diffuser leurs estimations de résultats, a-t-on constaté vendredi, sans fournir d'explications.
Une décision saluée à Kisumu (ouest) car ces estimations "amenaient les émotions à faire le yo-yo", a commenté le pasteur Christopher Mesa. "Nous préférerons encore que cela prenne du temps mais que ça soit clair".
Jael Akinyi, bibliothécaire à la retraite de 65 ans, évoquait elle vendredi la nervosité ambiante dans des rues où la vie commençait à reprendre.
Les magasins fermés depuis mardi, journée déclarée fériée, ouvraient à nouveau, les marchands de rue déballaient à nouveau leurs légumes ou piles de poissons séchés sous les parasols.
"Nous sommes un peu inquiets. Nous prions pour qu'ils publient (les résultats), le plus tôt sera le mieux", a déclaré à l'AFP cette retraitée sortie dans la rue pour acheter du manioc.
Selon la Commission électorale, le taux de participation mardi s'élevait à un peu plus de 65%, en baisse par rapport aux 78% recensés lors des élections d'août 2017.
Tous les scrutins ont été contestés depuis 2002 au Kenya, donnant parfois lieu à des violences sanglantes.
En 2007-2008, la contestation des résultats par Raila Odinga avait conduit à des affrontements inter-communautaires faisant plus de 1.100 morts et des centaines de milliers de déplacés, les pires violences post-électorales depuis l'indépendance du pays en 1963.
amu-al-ho-np/md/cpy
I.Mansoor--DT