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Le gendarme des médias russes a demandé l'annulation des autorisations de diffusion du site internet et de l'édition papier du journal indépendant Novaïa Gazeta, qui a suspendu son travail en Russie fin mars en pleine répression des critiques du conflit en Ukraine.
Sur son compte Telegram, la rédaction du journal a indiqué jeudi que l'agence Roskomnadzor avait déposé une requête devant un tribunal pour que soit annulée la licence de diffusion du site www.novayagazeta.ru, ce qui interdira théoriquement d'y publier des contenus journalistiques.
Ce site propose en accès libre et gratuit les archives du journal, réputé pour ses enquêtes fouillées sur la corruption des élites russes et les graves violations des droits humains, notamment en Tchétchénie.
L'agence Roskomnadzor, citée par l'agence TASS, a également indiqué jeudi avoir demandé la révocation de la licence de diffusion de l'édition imprimée de Novaïa Gazeta, au motif de n'avoir pas reçu à temps "les statuts de la rédaction".
La porte-parole du journal, Nadejda Proussenkova, également citée par TASS, a affirmé que cette deuxième requête était liée à une procédure bureaucratique remontant à 2006, quand le journal s'était réenregistré auprès des autorités.
Fin mars, Novaïa Gazeta, dont le rédacteur en chef, Dmitri Mouratov, a reçu en 2021 le prix Nobel de la paix, a décidé de suspendre sa publication en ligne et au format papier, par crainte d'une interdiction.
Les autorités lui reprochaient d'avoir enfreint la loi sur les organisations et individus désignés "agents de l'étranger". Les médias sont contraints d'indiquer scrupuleusement ce statut dès qu'ils évoquent une entité "agent de l'étranger", sous peine de sanctions.
Selon Novaïa Gazeta, c'est à cause de prétendues violations de cette loi que Roskomnadzor a demandé l'annulation de la licence de diffusion du site www.novayagazeta.ru.
Les deux plaintes de Rozkomnadzor doivent désormais être étudiées au tribunal, à des dates qui n'ont pas encore été annoncées.
"Nous nous préparons aux audiences, à défendre notre bon droit", a indiqué jeudi la rédaction du journal. "On est là et on restera. Nous ne faisons pas nos adieux."
Le week-end dernier, les autorités russes ont bloqué un autre site internet lancé par Novaïa Gazeta et dédié à une nouvelle revue papier, "Novaïa Rasskaz-Gazeta", publiée par sa rédaction en Russie.
F.Saeed--DT