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Réalisateur, animateur, dessinateur et toujours YouTubeur: depuis ses premiers sketchs face caméra en 2007, Cyprien, le vidéaste aux 14 millions d'abonnés, s'oriente vers des formats plus longs, quitte à passer à côté de la mode des clips de quelques secondes.
A 33 ans, Cyprien Iov, de son nom complet, travaille cet été au casting de son premier long-métrage, co-produit avec Gaumont, dont il a écrit le scénario et qu'il réalisera, dit-il à l'AFP.
Cette comédie ne sera pas spécialement consacrée à la culture internet chère au créateur, elle aura toutefois "une particularité technique, avec un peu d'effets spéciaux", laisse-t-il entrevoir.
"Le long-métrage est l'une de mes manières de m’exprimer et de créer", explique-t-il. "J'ai besoin de varier les projets. Et j'essaye de ne pas habituer les gens à une seule chose".
Cyprien développe en parallèle pour les plateformes de streaming une série animée inspirée de "L'épopée temporelle", une fiction d'abord audio. Et il espère "continuer (sa) chaîne YouTube le plus longtemps possible".
"Le court-métrage et la fiction marchent moins en général sur YouTube que les contenus plus funs et plus spontanés. Mais l'engagement est exceptionnel, c'est là où j'ai le plus de commentaires", affirme-t-il.
- "L'impression d'être un tracteur" -
"En faisant ce que j’aime vraiment, j’ai réussi à durer, mais je reconnais que ce que je fais n’est pas du tout à la mode", dit Cyprien.
Comme "tout va très vite sur internet", l'audience s'est peu à peu déportée sur de nouvelles plateformes, Twitch pour les lives ou TikTok pour les vidéos ultra-courtes et dansantes.
"Je n'ai jamais trop su m’adapter, j’ai l’impression d’être un tracteur. J’ai créé un compte sur TikTok et je fais l’effort minimum d’adaptation, mais c’est beaucoup trop court. Il n'y a que YouTube qui me permet de faire des petites fictions, des petits sketchs, où en quelques minutes je peux développer au moins une idée".
Avec ses saynètes gaguesques sur "L'école", "Le Japon" ou le "Clash des consoles" de jeux vidéo, plus une dizaine de courts-métrages, Cyprien a souvent figuré en bonne place dans les "Tendances" de la plateforme, accumulant les dizaines de millions de vues.
Alors que ses vidéos se font plus rares, ce que ne manque pas de lui reprocher sa communauté, il anime depuis 3 saisons l'émission "301 vues", où il invite d'autres personnalités d'internet et des réseaux sociaux.
"L’idée d’avoir un hebdo, d’avoir un truc qui peut sortir très facilement, toutes les semaines, ça a été pour moi un peu une soupape. Je n'ai pas l'impression d'être dans une grotte pendant des mois, sortir quelque chose et repartir en hibernation", justifie-t-il.
Après avoir pris son indépendance de Webedia, qui fut longtemps la régie publicitaire de plusieurs YouTubeurs français, il a financé la dernière saison du talk-show grâce à une communauté d'abonnés payants sur la plateforme Patreon. "Ce n'était pas vraiment à l'équilibre financièrement parlant, mais on a appris plein de choses", souligne-t-il.
Cyprien a également annoncé en début d'année la fin du duo qu'il formait avec son ex-associé Squeezie (alias Lucas Hauchard, 17 millions d'abonnés sur YouTube), avec qui il avait animé une chaîne dédiée au jeu vidéo.
"On ne s'adressait plus la parole, les relations étaient fermées. (...) Les gens nous prenaient encore pour un duo, nous demandaient quand étaient les prochaines vidéos. (...) J'avais besoin de dire c'est ça la situation, il n'y a plus de mensonge", s'est expliqué en juin celui qui est discret et protège sa vie privée.
Ses fans savent que Cyprien est d'origine roumaine, qu'il a grandi dans le sud-est de la France et a abandonné ses études pour vivre d'humour sur internet. Un succès pas démenti en près de 15 ans.
A.Murugan--DT