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Se produire sur scène était un rêve d'enfant pour la star américano-coréenne de la K-pop AleXa. Mais sa quête de célébrité était aussi intimement liée au destin de sa famille: trouver la famille biologique de sa mère.
Adoptée par une famille américaine, sa mère connaît très mal la culture de son pays natal et ne parle pas le coréen.
La jeune fille de 25 ans aux cheveux bleu saphir, qui vient de remporter la version américaine de l'Eurovision "The American Song Contest", admet auprès de l'AFP n'avoir eu qu'un seul lien avec la culture coréenne: du kimchi qui épiçait ses repas depuis son enfance.
Jusqu'en 2008, année où AleXa découvre la K-pop.
"Cela a été en quelque sorte l'étincelle: mon rêve et mon envie de devenir une artiste de K-pop à l'avenir", affirme l'artiste qui danse depuis l'âge de deux ans.
Née à Tulsa aux Etats-Unis, AleXa évoque l'importance d'avoir vu, à l'écran, des artistes auxquels elle pouvait s'identifier en tant qu'Américaine d'origine coréenne. Pour elle, il y avait là "une voie intéressante à suivre".
À l'université, elle remporte le premier prix d'un concours de K-pop: un voyage en Corée du Sud pour y tourner une émission de téléréalité. Elle y rencontre sa future compagnie et s'adonne à l'épuisante formation de starification dans laquelle se lancent de jeunes talents, tous dans l'espoir d'en ressortir auréolés de gloire sur cette scène musicale.
Elle déménage à Séoul en 2018, étudie le coréen pendant quelques mois tout en prenant des cours intensifs de danse.
- Trouver sa famille -
AleXa a trouvé ce qu'elle cherchait dans le monde de la K-pop: la reconnaissance et la célébrité. Sa quête pour renouer avec ses racines familiales s'avère toutefois plus difficile.
Née à Ilsan, une ville de banlieue au nord-ouest de Séoul, sa mère a été adoptée à l'âge de 5 ans.
Comme beaucoup d'enfants adoptés, elle voudrait retrouver sa famille biologique, mais "les lois ici en Corée sont un peu strictes en ce qui concerne la possibilité pour l'enfant de retrouver ses parents biologiques et vice versa", se désole AleXa.
Dans le pays, le droit à la vie privée du parent biologique est placé au-dessus des droits de l'adopté.
La Corée du Sud a longtemps été un pays majeur pour les adoptions. Depuis les années 1950, des centaines de milliers d'enfants ont été envoyés à l'étranger.
Aujourd'hui encore, la société patriarcale a des conséquences sur les femmes: celles qui tombent enceintes hors mariage sont stigmatisées et souvent contraintes d'abandonner leur bébé.
"La partie opposée (les parents, ndlr) doit être à la recherche de l'autre pour que la première partie (l'enfant, ndlr) obtienne des informations", explique la chanteuse.
Cela ne s'est pas encore produit dans leur cas, et la mère d'AleXa ne parvient toujours pas à retrouver sa propre mère.
Elle a pu toutefois, grâce à Internet et aux tests ADN, retrouver la trace de quelques cousins dans d'autres pays.
AleXa et sa mère ne perdent pas espoir.
"J'espère qu'à l'avenir, nous pourrons retrouver une partie de ma famille coréenne ici, ce serait bien", dit-elle à l'AFP. Elle considère désormais Séoul comme sa "deuxième maison".
- Audiences américaines -
Lorsque la chaîne NBC décide de créer une version américaine de l'Eurovision, AleXa est invitée en tant que représentante de l'Oklahoma.
Cela lui permet de faire connaître la K-pop aux audiences américaines. Les préparatifs commencent.
Elle détaille sa démarche à l'AFP: "comment faire la mise en scène, quel concept fonctionnerait, qu'est-ce qui accrocherait vraiment le public américain tout en restant fidèle à la K-pop?"
Au-delà de la nationalité ou de la langue, pour AleXa, la K-pop est un engagement envers le concept, le style et l'exécution. La coiffure, le maquillage, les décors, la mise en scène et la chorégraphie: tout doit être parfait.
"J'apprécie vraiment le spectacle, l'art, la magie, la beauté, c'est ça, la K-pop", souligne-t-elle.
Arrivée en finale, AleXa sort le grand jeu: elle descend sur un trône suspendu dans les airs, puis se lance dans une chorégraphie d'une précision militaire avec ses danseurs en chantant "Wonderland".
Les fans l'applaudissent pour avoir réussi à intégrer le genre au centre de la télé-réalité américaine. Elle espère que la diversité croissante dans l'industrie permettra de faire connaître la musique à davantage de pays.
"En grandissant, la seule représentation que je voyais de moi-même était Mulan, un personnage chinois animé, et je suis une Américaine d'origine coréenne", plaisante-t-elle.
Mais depuis que des groupes coréens comme BLACKPINK et BTS ont rencontré un succès mondial, "la K-pop est devenue un espace sûr pour tant d'enfants".
K.Javed--DT