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Le président brésilien Jair Bolsonaro a annoncé lundi que des "viscères humains" avaient été retrouvés lors des recherches du journaliste britannique et de l'expert disparus il y a huit jours en Amazonie, mais une grande confusion régnait en l'attente des résultats d'expertises.
Dom Phillips, 57 ans, et Bruno Pereira, 41 ans, ont été vus pour la dernière fois dimanche 5 juin, alors qu'ils prenaient un bateau lors d'une expédition dans la région de Javari, zone difficile d'accès de l'ouest de l'Amazonie, proche du Pérou et réputée dangereuse en raison de la présence de toutes sortes de trafics.
Lundi dans la matinée, plusieurs membres de la famille du journaliste ont dit avoir été informés que deux corps avaient été retrouvés, une information toutefois démentie par la Police fédérale et par une association d'indigènes qui participe aux recherches.
"Les recherches se poursuivent. Mais tout porte à croire qu'on leur a fait du mal, des viscères humains ont été retrouvés flottant sur le fleuve et amenés à Brasilia pour identifier l'ADN", a révélé le président brésilien lors d'un entretien à la radio CBN.
"Vu le temps qui a passé, déjà huit jours, ce sera très difficile de les retrouver vivants. Je prie Dieu pour que ce soit le cas, mais les informations dont nous disposons nous font craindre le contraire", a ajouté M. Bolsonaro.
- Menaces de mort -
Au même moment, de nombreuses informations contradictoires circulaient autour de corps qui auraient été retrouvés lors des recherches.
"Nous attendons la confirmation de la Police fédérale pour savoir s'il s'agit ou non de Dom et Bruno. Nous restons angoissés en attendant", a dit lundi matin à l'AFP Dominique Davies, la nièce de Dom Phillips.
L'épouse du journaliste a tenu des propos similaires à la chaîne TV Globo, disant avoir été informée par l'ambassade du Brésil au Royaume Uni.
Mais ces informations ont été démenties catégoriquement par le Police fédérale, qui a seulement confirmé que du "matériel biologique" et des effets personnels des deux disparus retrouvés dimanche étaient en cours d'analyse.
"La Police fédérale, qui est tenue d'informer les familles en premier (...) nous a confirmé qu'aucun corps n'avait été retrouvé. Il faudrait savoir d'où l'ambassadeur a tiré cette information", a tweeté Beatriz Matos, épouse de Bruno Pereira, dans l'après-midi.
L'Union des peuples indigènes de la Vallée de Javari (UNIVAJA), qui mène également des recherches incessantes, a elle aussi démenti que des corps aient été retrouvés.
Des dizaines d'indigènes ont manifesté lundi pour réclamer des réponses aux autorités à Atalaia do Norte, la petite ville où Dom Phillips et Bruno Pereira étaient censés se rendre le 5 juin.
Auteur de dizaines d'articles sur les menaces contre l'environnement et les peuples indigènes en Amazonie, le journaliste, collaborateur de longue date du journal britannique The Guardian, préparait un livre sur le sujet.
Il était guidé lors de cette expédition par Bruno Pereira, père de trois enfants, qui a travaillé durant de nombreuses années à la Funai, l'organisme chargé des affaires des indigènes du Brésil.
Ce spécialiste reconnu était notamment en contact avec des peuples isolés de la vallée de Javari, un territoire indigène immense sous la pression des narcotrafiquants, des pêcheurs, des bûcherons et des orpailleurs clandestins.
Son action en défense des autochtones lui a valu des menaces régulières, y compris de mort, de ces groupes criminels.
- Bolsonaro critiqué -
Le président Bolsonaro, qui a vu la déforestation en Amazonie augmenter fortement depuis le début de son mandat, en janvier 2019, a été critiqué par les proches des disparus et les groupes indigènes pour son retard dans le déploiement des recherches des deux disparus, engagés selon lui dans une "aventure pas recommandable".
Le groupe de rock irlandais U2 a rejoint lundi un mouvement de protestation de nombreuses célébrités, après la légende vivante du football Pelé ou le chanteur Caetano Veloso.
"Nous attendons de savoir ce qui est arrivé à ces deux hommes courageux", indique le bassiste Adam Clayton sur le compte Twitter du groupe.
Un homme de 41 ans, qualifié de "suspect", a été placé en détention et des traces de sang sur son bateau étaient également en cours d'analyse.
Des témoins ont dit l'avoir vu passer à vive allure à bord d'un bateau allant dans la même direction que l'embarcation de Dom Phillips et Bruno Pereira.
F.A.Dsouza--DT