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"Ça n'a rien à voir avec le cinéma, j'avais des sensations comme si j'y étais, j'étais déconnectée de l'extérieur", relate Hajar El Missaoui, 21 ans, après sa première expérience de réalité virtuelle cette semaine à Paris.
Passée "par hasard" devant le Festival NewImages, cette étudiante souhaite déjà revoir le documentaire de quinze minutes qui lui a été présenté avec un casque à 360 degrés.
C'est ce que propose, entre autres, le Forum des images à Paris jusqu'au 12 juin, avec la 5e édition de ce "festival international autour de la création numérique et des mondes virtuels".
La réalité virtuelle (VR) est présente dans la plupart des grands festivals de cinéma, de Sundance à Cannes en passant par Venise. Mais l'évolution rapide de ce secteur reste méconnue du grand public.
Depuis des années, elle est censée toucher le plus grand nombre sans jamais vraiment y parvenir, notamment en raison du coût des équipements.
Michele Ziegler, responsable du festival, est consciente que démocratiser cette technologie prend du temps.
"La VR est très répandue dans des secteurs professionnels comme l'audiovisuel, l'automobile et l'architecture. Dans l'espace public, ce n'est pas encore le même constat", reconnaît-elle.
"Une étape a été franchie", insiste t-elle cependant auprès de l'AFP. "Ce qui est nouveau, ce sont ces expériences immersives où le public peut participer à plusieurs. Par le croisement avec le jeu et le développement de nouvelles narrations, ça permet déjà de rendre la VR un peu plus accessible à tous".
- "Vous êtes l'Histoire" -
La réalité virtuelle est aussi plébiscitée par les créateurs artistiques.
Parmi eux, Morgan Ommer, photographe et réalisateur allemand-vietnamien, est venu présenter au festival, "Madame Pirate: Becoming a legend". L'histoire "de la plus grande pirate de tous les temps", racontée par une grand-mère à sa petite-fille.
Le spectateur se laisse emporter par une palette de décors, un enchaînement d'actions intenses et des transitions entre l'imagination de la petite-fille et la vie réelle de la pirate Ching Shih.
"C'est une expérience immersive d'une quinzaine de minutes, mêlant animation et réalité; c'est comme si vous alliez au théâtre mais qu'au lieu d'être au balcon, vous participiez à l'ascension de cette pirate", explique-t-il.
Si la réalité virtuelle n'a pas de secrets pour Morgan Ommer, c'est tout le contraire pour Stéphane Foenkinos.
Ce scénariste et réalisateur français présente son premier projet de réalité augmentée.
Une autre technologie qui, "au travers de la caméra de votre smartphone ou d'un casque sur votre tête, superpose des éléments virtuels à la réalité", comme l'indique Numerama, média spécialisé sur la société numérique et l'innovation technologique.
"Pour le commun des mortels dont je fais partie, je pensais qu'il s'agissait d'enfiler un casque et d'aller tuer des dinosaures", confie-t-il.
Il y a cinq ans, ce scénariste avait adapté un ouvrage de Tania de Montaigne, "Noir" sur l’histoire de Claudette Colvin, une jeune fille afro-américaine des années 1950 qui ne s’était pas levée dans un autobus, à l'époque de la ségrégation raciale.
"Nous avons d’abord créé un spectacle sur scène avec des projections de Pierre-Alain Giraud", également réalisateur et scénariste, explique-t-il. "C'est lui qui a voulu passer à l’étape supérieure avec un projet en réalité augmentée, connaissant déjà cette matière spécifique."
La fiction étant son domaine de prédilection, Stéphane Foenkinos se dit pourtant "passionné" par la réalité virtuelle et ce qu'elle a pu lui apporter sur son travail.
"Quand vous êtes assis(e) dans le bus, sur le siège de Claudette Colvin reconstitué physiquement, vous n'êtes pas en dehors ou dans l'histoire, vous êtes l'Histoire", souligne-t-il.
"Et je pense qu'en termes d'expériences sensorielles, auditives, émotionnelles, on est encore au début de quelque chose, même si ça fait plusieurs années qu'on parle de la réalité virtuelle."
Stephane Foenkinos espère à présent que ce festival lui permettra d'attirer l'attention d'investisseurs français et internationaux, pour développer son projet.
Y.Al-Shehhi--DT