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Comme dans l'UE, Google pourrait se voir appliquer des règles spéciales au Royaume-Uni en raison de sa position dominante: Londres a annoncé mardi l'ouverture d'une enquête sur son moteur de recherche et son impact "sur les consommateurs et les entreprises".
Cette enquête pourra déboucher sur la désignation du géant américain comme "société stratégique sur le marché", un statut qui lui imposerait des exigences particulières en vertu d'un nouveau régime sur le numérique depuis le 1er janvier, explique l'autorité britannique de la concurrence, la CMA, dans un communiqué.
Le nouveau régime britannique est similaire au Règlement sur les marchés numériques ("Digital Markets Act", DMA) entré en vigueur l'an dernier dans l'Union européenne, que doivent respecter une poignée de géants des technologies dont Apple, Google et Meta, et qui entend mettre un terme à leurs abus de position dominante.
"Des millions de personnes et d'entreprises à travers le Royaume-Uni comptent sur les services de recherche et de publicité de Google. 90% des recherches sont effectuées sur leur plateforme et plus de 200.000 entreprises britanniques y font de la publicité", rappelle Sarah Cardell, directrice de la CMA, citée dans le communiqué.
- Nouvelle donne outre-Atlantique -
Le régulateur "reconnaît" que le moteur de recherche de Google "est essentiel à la croissance économique", a réagi de son côté l'entreprise dans un communiqué, assurant vouloir "collaborer de manière constructive" à l'enquête.
Si Google est désigné comme "stratégique", la CMA pourra par exemple l'obliger à mettre les données qu'il collecte à la disposition d'autres acteurs du marché ou à donner aux éditeurs davantage de contrôle sur l'utilisation de leurs données, y compris dans les services d'Intelligence artificielle.
Les géants de la technologie tels que Google, Amazon, Apple ou Meta, sont dans le viseur des autorités de la concurrence dans le monde entier.
Le ministère de la Justice américain a notamment demandé en novembre à un juge d'ordonner à Google la vente de son navigateur Chrome, épinglé pour pratiques anticoncurrentielles.
Ces entreprises sont portées par la nouvelle donne politique outre-Atlantique, avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et ses promesses de dérégulation, qui pourraient engendrer un bras de fer avec des autorités européennes jugées trop rigides.
- Décision en octobre -
D'un autre côté, le président américain élu a annoncé le mois dernier qu'il nommait Gail Slater, une ancienne lobbyiste pour des grandes sociétés de l'internet, comme responsable du département antitrust du ministère de la Justice.
Ce choix a été vu comme un signal que sa future administration allait surveiller le secteur de près, d'autant que le républicain a assuré à cette occasion que "les Big tech ont fait ce qu'ils ont voulu pendant des années, étouffant la concurrence".
La CMA doit achever son enquête dans un délai de 9 mois, avec une décision d'ici octobre.
Le régulateur veut notamment "savoir si Google utilise sa position pour empêcher l'innovation par d'autres" entreprises, ou pour "privilégier ses propres services", notamment dans le domaine des "recherches spécialisés couvrant les achats et les voyages".
Il va aussi enquêter sur la possible "collecte et l'utilisation de grandes quantités de données (...) sans consentement éclairé, ainsi que sur l'utilisation du contenu de créateurs en l'absence de conditions générales équitables".
H.El-Qemzy--DT