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A l'approche de l'hiver, des logements d'urgence fabriqués à partir de champignons pourraient protéger du froid les déplacés de Gaza vivant dans des tentes. Il s'agit d'une des nombreuses innovations durables et locales présentées par des concepteurs arabes lors d'une exposition à Dubaï.
Légères, chaudes et polyvalentes, les structures à base de champignons constituent une alternative attrayante aux camps de fortune qui abritent actuellement des milliers de Gazaouis déplacés par plus d'un an de guerre, selon l'urbaniste Dima Al Srouri.
"En ce moment, il y a un énorme problème avec les abris qu'ils reçoivent des ONG", a-t-elle déclaré lors de la Semaine du design à Dubaï, qui présentait une série d'innovations respectueuses de l'environnement, a-t-elle ajouté.
"Quand l'hiver arrive, quand il pleut, quand il fait trop froid, ils ne fonctionnent pas vraiment", a souligné Mme Srouri.
Le mycélium, partie d'un champignon qui ressemble à une racine, peut être cultivé en combinaison avec des matières organiques pour former des moules de différentes formes, produisant ainsi un matériau de construction solide qui peut être cultivé n'importe où.
"Ce matériau a des propriétés d'isolation thermique et des propriétés acoustiques, il protège donc des conditions météorologiques extrêmes, et il offre une certaine intimité", explique cette experte en développement durable, en présentant son projet à Dubaï.
Des designeurs de la région ont été invités à réfléchir sur l'"impact positif" que pouvait avoir leur travail.
Pour Dima Al Srouri, le mycélium pourrait contribuer à décontaminer et exploiter les tonnes de gravats générés par les bombardements à Gaza, mais aussi au Liban, où l'armée israélienne est en guerre contre le Hezbollah.
"Il permettrait non seulement de créer des abris mais aussi de nettoyer la terre et permettre (à ces habitants) d'y revenir", dit l'urbaniste, estimant que cette solution pourrait être appliquée à d'autres situations, notamment en Afrique.
- "Monde d'abondance" -
L'architecte et designer émirati Abdalla Almulla défend lui une approche très différente des gratte-ciel de Dubaï: des immeubles de faible hauteur construits à partir de déchets de construction recyclés.
M. Almulla s'est associé à la start-up suisse Oxara, qui fabrique un substitut de ciment à faible teneur en carbone, pour créer des structures construites à partir de béton provenant de bâtiments démolis et de toitures en feuilles de palmier.
Il prône ainsi un retour aux matériaux naturels et durables, en dénonçant un "monde d'abondance (...) où à chaque fois que vous voulez concevoir quelque chose, vous devez l'expédier de l'autre bout du monde".
Les Emirats arabes unis, pays pétrolier qui a accueilli l'année dernière la conférence mondiale de l'ONU pour le climat et l'un des des plus grands émetteurs de CO2 par habitant au monde, est aussi situé dans l'une des régions les plus chaudes de la planète, et les plus affectées par le changement climatique.
Selon une étude publiée en 2022, le Moyen-Orient se réchauffe à un rythme quasiment deux fois supérieur à celui de la moyenne mondiale, avec les risques associés d'évènements extrêmes et de sécheresses prolongées.
Pour sensibiliser sur ces enjeux, la "Dubaï Design Week" a consacré aussi une exposition aux objets du quotidien éco-durables, allant des meubles en matériaux recyclés, à une moto électrique imprimée en 3D, développés par une designer basée au Qatar, permettant de réduire la consommation d'eau pour faire les ablutions, avant la prière musulmane.
Travailler sur la question de la durabilité est "quelque chose de nouveau" dans la région, souligne Elif Resitoglu, du groupe italien Isola Design, chargé de l'organisation de l'exposition.
Mais les designers arabes se sont appropriés le sujet et "l'ont intégré dans leur culture", se félicite-t-elle.
Même les stands utilisés pour exposer les objets ont été réalisés avec des panneaux fabriqués à partir de feuilles de palmiers recyclées par une entreprise emiratie.
H.Hajar--DT