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"Faire attention à être dignes, respectueux, à se tenir droit": Vincent Lindon a énoncé la ligne de conduite du jury qu'il préside au 75e Festival de Cannes, s'ouvrant mardi sur fond de guerre en Ukraine, avec la projection en soirée du dernier film de Michel Hazanavicius.
Comme juré, "on ne peut pas enlever ce qu'on est, ce qu'on vit, mais on est pas obligé de mettre dans nos yeux toutes les tristesses et les souffrances qu'on (ressent) pour les autres", a poursuivi l'acteur, citant "ceux qui ont des jours beaucoup plus compliqués que les nôtres".
Lindon s'exprimait aux côtés des autres membres du jury, dont le réalisateur iranien Asghar Farhadi, qui a réfuté les accusations de plagiat formulées par une étudiante à son encontre sur son film "Un Héros", primé l'an dernier, ou la star de Bollywood Deepika Padukone.
Les jurés entreront dans le dur mercredi, avec la projection du premier des 21 films en compétition. C'est l'opposant russe Kirill Serebrennikov qui a été choisi pour ouvrir le bal, tout un symbole après l'invasion de l'Ukraine.
Il pourra venir pour la première fois défendre en personne son film. Le Festival refuse, en revanche, d'accueillir "des représentants officiels russes, des instances gouvernementales ou des journalistes représentant la ligne officielle". Mais "nous allons afficher un soutien absolu et non négociable au peuple ukrainien", a affirmé lundi Thierry Frémaux, le délégué général du Festival, avec plusieurs films sélectionnés.
- "Faire rire" -
En attendant, les plus de 35.000 festivaliers venus du monde entier auront les yeux rivés à 19H00 sur la cérémonie d'ouverture, présidée par Virginie Efira - attendue également à l'écran pour son rôle de survivante d'un attentat dans "Revoir Paris" (hors compétition).
Ancienne animatrice de télévision, l'actrice a prévenu qu'elle ne s'interdirait "pas de faire rire", lors de l'événement retransmis sur France 2, et par Brut.
Le comédien américain, également à la tête d'une association caritative qui lutte contre la pauvreté, du Soudan du Sud au Mexique en passant par la Seine-Saint-Denis, est un habitué de la Croisette, où il a obtenu un prix d'interprétation en 1988 pour "Bird" de Clint Eastwood.
Ce prix "a changé ma vie, ça m'a permis d'être reconnu comme artiste et d'être respecté comme acteur tout autour du monde. J'étais vraiment un gamin à l'époque [26 ans], dans la mesure où je n'avais pas l'habitude des interviews et je ne savais pas quoi répondre. Je me souviens que la veille de la remise des prix, j'étais dans ma chambre à Cannes avec mon frère et il m'a dit : +Imagine que c'est toi demain+. Je lui ai dit : +T'es sérieux ?+", s'est-il remémoré en conférence de presse.
- Parodie déjantée -
L'ambiance promet ensuite de changer radicalement, avec la projection en ouverture de "Coupez !", de Michel Hazanavicius, une parodie déjantée de films de zombies et une déclaration d'amour à tous les films - même les plus ratés.
Le film, qui sort simultanément en salles, fera office d'exutoire pour un monde du cinéma qui tente de se remettre de la pandémie: "Coupez !" "est joyeux, il met en valeur les gens du cinéma, et j'espère qu'il donne envie d'en faire", a déclaré à l'AFP le réalisateur français, "très heureux" de revenir à Cannes en ouverture.
Auparavant, les festivaliers ont pu remonter le temps, et redécouvrir "La Maman et la Putain", l'un des films qui ont fait la légende de Cannes, en 1973. Un demi-siècle après avoir fait scandale, cette oeuvre signée Jean Eustache, n'avait pas été rééditée, et était devenue difficile à visionner pour des questions de droits.
Le film est désormais restauré, et deux de ses interprètes, Jean-Pierre Léaud et Françoise Lebrun, sont à Cannes, avant sa ressortie en salles le 8 juin.
Y.Amjad--DT