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Les pays de l'Otan continueront à aider militairement l'Ukraine, toujours sous la pression des bombardements russes, a assuré Berlin dimanche, alors que la Finlande a annoncé une candidature "historique" à l'Alliance atlantique.
Les forces russes s'efforcent pendant ce temps de progresser dans la région stratégique du Donbass, dans l'est de l'Ukraine, en partie contrôlée par des séparatistes prorusses depuis 2014 et dont Moscou a fait son objectif principal depuis le retrait de ses troupes des environs de Kiev fin mars.
Mais elles se heurtent à une résistance acharnée des forces ukrainiennes.
A l'issue d'une réunion des chefs de la diplomatie des pays de l'Otan à Berlin, la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a affirmé que les pays de l'Alliance, individuellement, ne relâcheraient pas leurs efforts "en particulier en matière d'assistance militaire" à l'Ukraine.
Après des décennies à l'écart des alliances militaires, la Finlande avait annoncé quelques heures plus tôt qu'elle allait demander officiellement à adhérer à l'Otan, avant une réunion décisive en Suède en vue d'une probable demande simultanée des deux pays, conséquence directe de l'invasion russe de l'Ukraine lancée le 24 février.
"C'est un jour historique. Une nouvelle ère s'ouvre", a affirmé le président finlandais Sauli Niinistö, dont le pays partage une frontière de 1.300 kilomètres avec la Russie. La veille, il avait appelé Vladimir Poutine pour l'informer de cette décision, que le président russe a qualifiée d'"erreur".
Moscou avait auparavant menacé de représailles "militaro-techniques", sans préciser lesquelles, et, dans la nuit de vendredi à samedi, avait suspendu sa fourniture d'électricité à la Finlande - environ 10% de la consommation du pays nordique.
Cette candidature et celle de la Suède sont la preuve "qu'une agression ne paie pas", a réagi dimanche le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, assurant que l'Otan était prête à renforcer les "garanties de sécurité" pour ces deux pays.
- "Perdu de son élan" -
Sur le terrain, quatre missiles russes ont détruit des installations militaires dans l'ouest de l'Ukraine, dans le district de Yavoriv tout proche de la frontière polonaise, sans faire de victimes, a annoncé dimanche le gouverneur de la région de Lviv, Maxim Kozytski, sur Telegram.
Les forces ukrainiennes ont également détruit deux missiles de croisière au-dessus de la région de Lviv, largement épargnée depuis le début de l'invasion russe, a ajouté le gouverneur.
Moscou a par ailleurs annoncé que des missiles russes de "haute précision" avaient visé dans la nuit deux points de commandement ukrainiens et quatre dépôts de munitions d’artillerie près de Zaporijjia, Paraskovievka, Konstantinovka et Novomikhaïlovka dans la région de Donetsk (est).
L’aviation russe a elle détruit deux lance-missiles et un système radar dans la région de Soumy, dans le nord-est de l'Ukraine. Et les systèmes de défense anti-aérienne russes ont détruit 15 drones ukrainiens, toujours selon Moscou.
Mais si Moscou égrenne ses succès, les services de renseignement militaire britanniques estimaient dimanche que l'offensive russe dans l'est de l'Ukraine avait "perdu de son élan".
Selon eux, la Russie a subi d'énormes pertes et risque fort de s'enliser dans sa tentative de conquête de l'est du pays.
Les troupes de Moscou n'ont pas réussi à réaliser des gains territoriaux substantiels, mettant leur plan de bataille "considérablement en retard", selon ces sources.
"La Russie a maintenant probablement subi des pertes d'un tiers de la force de combat terrestre qu'elle a engagée en février", ont-elles ajouté. "Dans les conditions actuelles, il est peu probable que la Russie accélère considérablement son rythme de progression au cours des 30 prochains jours".
A Berlin, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a rencontré son homologue ukrainien Dmytro Kouleba et discuté de la dernière assistance américaine en matière de sécurité, a indiqué le département d'Etat américain.
M. Blinken "a souligné l'engagement durable des Etats-Unis envers la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine face à la guerre non provoquée de la Russie", a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Ned Price.
De son côté, M. Kouleba s'est félicité du "précédent" créé par la décision de l'Allemagne de fournir de premières armes lourdes à Kiev, dans une vidéo postée sur son compte Facebook.
"Le jour où je suis arrivé à Berlin, il y avait une formation pour des soldats ukrainiens à l'utilisation d'artillerie automotrice allemande de 155 mm de calibre", a déclaré M. Kouleba, à l'issue d'une visite de quatre jours à Berlin. "Bientôt, ces Howitzer automoteurs frapperont l'ennemi. Un précédent a été créé. L'obstacle psychologique (à la fourniture d'armes lourdes à l'Ukraine) a été surmonté", a-t-il estimé.
- L'Eurovision à Marioupol? -
La victoire au concours Eurovision de la chanson de l'Ukraine, samedi soir en Italie, grâce au soutien massif des téléspectateurs européens, a été saluée par l'Otan et de nombreux dirigeants européens, offrant un instant de joie aux habitants de Kiev.
Cette victoire "est un petit rayon de bonheur", a affirmé à l'AFP Iryna Vorobey, une entrepreneuse de 35 ans habitant la capitale. Le soutien du public européen a été "incroyable", "c'est très important pour nous dans le contexte actuel".
Le président Zelensky a toutefois souligné que la "situation dans le Donbass reste très difficile. Les troupes russes tentent d'y obtenir au moins une victoire".
"On se prépare à de grandes offensives à Severodonetsk, et autour de l'axe Lyssytchansk-Bakhmout", a affirmé Serguiï Gaïdaï, gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, qui forme avec celle de Donetsk le bassin minier du Donbass, décrivant une situation humanitaire de plus en plus critique.
"La région de Lougansk est constamment sous un feu chaotique (...) il n'y a absolument ni gaz, ni eau, ni électricité", a-t-il affirmé samedi soir.
Les Russes tentent notamment depuis trois semaines, sans succès, de franchir la rivière Severskyi Donets, au niveau du village de Bilogorivka.
- Inscription Azov -
Dans ce village quasi désert, une équipe de l'AFP a vu les routes jonchées d'équipements militaires abandonnés. Il ne restait que trois coins couverts de suie d'une école bombardée il y a une semaine, une frappe que Kiev présente comme l'un des plus graves crimes commis par les forces russes depuis le début de leur invasion de l'Ukraine, avec 60 civils tués.
A Vilkhivka, un autre village libéré près de Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine proche de la frontière russe, les stigmates de la violence des combats qui ont vu les Ukrainiens repousser les Russes en direction de leur frontière et reprendre des villages occupés depuis le début de l'invasion sont partout.
Selon les habitants, la bataille pour la reprise de Vilkhivka a eu lieu fin mars, mais l'armée ukrainienne interdisait l'accès à la zone jusqu'à il y a quelques jours.
Symboliquement, l'inscription "Azov était là", avec le symbole du régiment ukrainien ressemblant à la croix gammée nazie, a été apposé sur un des chars, à côté du "Z" qui y avait été peint par les troupes russes.
Des dizaines de maisons de ce village d'environ 2.000 habitants ont été éventrées par des obus, des explosions ou des incendies. Les rues sont jonchées de débris, douilles de balles et autres restes de munitions.
Kiev affirme que ses troupes ont tué près de 20.000 militaires russes. Le 25 mars, Moscou avait déclaré que ses forces avaient tué au moins 14.000 militaires ukrainiens. Mais les deux chiffres sont largement suspectés d'être gonflés et n'ont pas pu être vérifiés par l'AFP ou des observateurs indépendants.
B.Krishnan--DT