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Portraits et roses blanches en tête de cortège, des centaines de personnes ont célébré dimanche le cinquantième anniversaire du "Bloody Sunday", où 13 personnes ont été abattues par des soldats britanniques, un des épisodes les plus sombres du conflit nord-irlandais.
C'était "un massacre dans nos rues", a souligné Michael McKinney, dont le frère a été tué lors de la manifestation pacifique pour les droits civiques qui s'est achevée dans un bain de sang le à Londonderry, deuxième ville d'Irlande du Nord.
"Nous avons fait un long chemin depuis l'horreur de cette journée", a-t-il ajouté, soulignant que les familles demandent toujours "la poursuite des criminels en uniforme qui ont tué les nôtres".
Enfant roses blanches à la main en tête, le cortège avait rejoint un peu plus tôt le monument qui rend hommage aux victimes.
Le Premier ministre irlandais Micheal Martin est devenu le premier dirigeant de la République d'Irlande a se rendre à la cérémonie annuelle, où il a déposé une gerbe de fleurs, tout comme son ministre des Affaires étrangères Micheal Martin.
Le avait eu pour effet de précipiter de nombreux jeunes catholiques républicains dans les bras de l'IRA (Armée républicaine irlandaise), groupe paramilitaire opposé à toute présence britannique sur l'île d'.
Il faudra attendre 1998 pour que l'accord de paix du Vendredi saint mette un terme à trois décennies de conflit qui ont fait 3.500 morts.
L'armée britannique avait affirmé que les parachutistes avaient répondu aux tirs de "terroristes" de l'IRA, version confortée par un rapport réalisé à la hâte dans les semaines suivantes.
Malgré tous les témoignages contredisant cette version, il faudra attendre 2010 pour que soit officiellement reconnue l'innocence des victimes, atteintes pour certaines dans le dos ou même à terre, agitant un mouchoir blanc.
- "Amnistie" -
A l'issue de l'enquête la plus longue - 12 ans - et la plus coûteuse qu'ait connue le Royaume-Uni (près de 200 millions de livres sterling, soit 240 millions d'euros au taux actuel), le Premier ministre de l'époque, David Cameron, avait présenté des excuses officielles pour ces actes "injustifiés et injustifiables".
Aucun soldat n'a été jugé pour le Bloody Sunday. Les poursuites pour meurtres engagées contre l'un d'eux ont été abandonnées pour des questions juridiques et le gouvernement britannique a présenté un projet de loi pour mettre un terme à toutes les poursuites liées au "Troubles", dénoncé de toutes part comme une "amnistie".
A l'entrée du quartier catholique du Bogside, le slogan "Il n'y a pas de justice britannique" ("There is no British Justice") a pris place pour l'occasion sur le célèbre pan de mur historique marquant jadis l'entrée du "Derry libre".
- Bouleversements à l'horizon -
Il y a quelques jours, un drapeau des parachutistes hissé dans un quartier loyaliste de la ville a créé l'émoi, au point d'être évoqué lors d'une séance au Parlement à Londres.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a qualifié le Bloody Sunday de "jour tragique dans notre histoire".
Ces derniers mois, les effets du Brexit ont souligné la fragilité de l'équilibre de l'accord de paix de 1998.
Les dispositions douanières décriées, destinées à éviter toute frontière terrestre avec l'Irlande - mais en établissant une maritime de facto avec la Grande-Bretagne - font actuellement l'objet d'intenses négociations entre Londres et Bruxelles.
Elles ont aussi ravivé les tensions communautaires: lors d'émeutes à Belfast au printemps, les portes des "murs de la paix" séparant quartiers catholiques et protestants ont été enflammées.
Les élections locales en mai s'annoncent déterminantes pour le fragile équilibre politique en place. Avec un recul des unionistes, une victoire des républicains est jugée crédible. Le Sinn Fein, autrefois branche politique de l'IRA, souhaite d'ici cinq ans un référendum sur la réunification de l'île.
K.Javed--DT