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Jusqu'à la fin de sa vie, Henri Matisse n'a cessé de se réinventer au fil de ses voyage, du sud de la France à Tanger, de New York à Tahiti. Une rétrospective d'exception qui s'ouvre ce dimanche à Bâle invite à redécouvrir l'un des fondateurs de l'art moderne.
La fondation Beyeler a rassemblé, non loin de la grande ville rhénane du nord de la Suisse, 72 oeuvres de l'artiste français (1869-1964) qui englobent des tableaux, sculptures et gouaches découpées provenant de grands musées et collections privées, et qui n'ont pour certaines plus été vues en Europe depuis plus de trente ans.
L'exposition "Matisse - Invitation au voyage" s'ouvre sur le célèbre poème de Charles Baudelaire dont elle tire son nom. Une oeuvre chère à l'artiste, qui avait choisi pour titre d'une de ses toiles un fragment de l'un de ses plus célèbres vers: "Luxe, calme et volupté".
"L'invitation au voyage exprime d'une certaine manière la quintessence esthétique de Matisse", explique à l'AFP Raphaël Bouvier, le commissaire de l'exposition, en soulignant que le peintre se réfère à ce poème "à plusieurs reprises dans son travail artistique" et que le voyage est "un sujet essentiel dans (sa) vie et (sa) création".
"L'exposition en tant que rétrospective est elle-même vraiment conçue comme une invitation au voyage dans l'oeuvre d'Henri Matisse", ajoute-t-il.
Elle chemine dans les pas de l'artiste, de ses débuts à Paris, puis à Collioure, près de Perpignan dans le sud de la France lorsqu'il commence à révolutionner l'art "dans sa période fauvisme en libérant la couleur", explique M. Bouvier. Jusqu'à la période tardive, inspirée des souvenirs de son voyage dans le Pacifique Sud.
- Papiers découpés -
Réalisés à la fin de sa vie, ses papiers découpés, avec ses algues et oiseaux, sont inspirés de la faune et la flore que le peintre avait observé des années plus tôt, lors de son voyage à Tahiti en 1930, rappelle le commissaire de l'exposition.
L'artiste occupe une place à part dans la collection d'Ernst Beyeler (1921-2010), célèbre marchand d'art et co-fondateur de la foire de l'art contemporain de Bâle.
D'abord libraire, il s'était lancé sur le marché de l'art en commençant par vendre des estampes japonaises dans sa boutique avant de la transformer en galerie au début des années 1950, où Picasso et Matisse occupaient une place de choix.
Il aimait particulièrement "les oeuvres tardives" parce qu'il voyait dans les papiers découpés une "grande révolution artistique", a expliqué Samuel Keller, le directeur de la fondation, lors d'un entretien avec l'AFP. L'exposition présente notamment un "Nu bleu", issu de sa collection.
- Rare -
Si Matisse fait régulièrement l'objet d'expositions sur certaines parties de son oeuvre, les rétrospectives qui permettent de découvrir l'intégralité de sa carrière sont "plus rares", a souligné M. Keller.
En 2020, le Centre Pompidou avait consacré une grande exposition à l'artiste. Mais elle avait été perturbée par la pandémie de Covid-19 et ses confinements, laissant peu de temps au public pour la découvrir.
"Avec de grands artistes comme Henri Matisse ou Picasso, on peut faire beaucoup d'expositions différentes parce qu'il y a tellement d'aspects dans leurs œuvres", estime M. Keller. Il est ainsi possible de monter une exposition sur la période "des années 1930" ou "uniquement sur les papiers découpés".
"Mais à chaque génération, il est important que le public ait la possibilité de voir une rétrospective pour avoir une idée complète de son développement, du jeune artiste jusqu'au vieux maître", défend-il.
L'exposition se tiendra à la fondation Beyeler du 22 septembre au 25 janvier.
A.Padmanabhan--DT