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Des comptes automatisés sur X (anciennement Twitter), qui ont diffusé de la désinformation et des discours de haine avant les élections britanniques, amplifient désormais les théories du complot autour de la campagne présidentielle américaine, a révélé mercredi l'enquête d'une ONG.
Quelques 45 comptes analysés par Global Witness, qui ont généré collectivement plus de quatre milliards de posts depuis la fin mai, ont été actifs juste avant les élections britanniques début juillet.
Certains se sont ensuite tournés vers d'autres événements très médiatisés aux Etats-Unis, notamment la récente tentative d'assassinat de Donald Trump et le retrait du président Joe Biden de la campagne présidentielle, a indiqué l'ONG.
Son rapport montre que l'activité des "bots" (comptes automatisés) continue d'affecter X, malgré les promesses d'Elon Musk de s'attaquer à ce fléau lorsqu'il a acheté le réseau social fin 2022 pour 44 milliards de dollars.
Ces comptes, qui ont produit collectivement environ 610.000 messages et amplifié des messages racistes et insultes sexistes ont également propagé de la désinformation climatique.
"Il est choquant de voir à quel point il a été facile de trouver des comptes qui semblent être des bots, qui sèment la division autour du vote britannique, puis de les voir s'immiscer directement dans les discussions politiques aux États-Unis", a déclaré Ava Lee, de Global Witness.
La plateforme n'a pas répondu à la demande de commentaire de l'AFP.
- Théories infondées -
L'ONG ne sait pas qui pilote ces comptes automatisés.
Global Witness n'a trouvé aucune preuve que des partis politiques britanniques payaient, utilisaient ou promouvaient ces bots dans le cadre de leurs campagnes.
Après la tentative d'assassinat de Trump lors d'un meeting de campagne en Pennsylvanie le 13 juillet, l'ONG a vu certains comptes - qui soutenaient auparavant le parti de droite britannique Reform UK - diffuser des théories infondées accusant Biden d'être responsable.
Des comptes soutenant le parti travailliste britannique ont eux insinué que l'incident avait pu être mis en scène par Donald Trump, selon le rapport.
Après le retrait de Joe Biden de la course à l'élection présidentielle en novembre, plusieurs comptes ont ciblé la vice-présidente américaine Kamala Harris, candidate présumée du Parti démocrate, en relayant notamment de la "désinformation sexiste" et des commentaires racistes.
Avant d'acheter la plateforme, Elon Musk s'était engagé à "vaincre les robots spammeurs ou à mourir en essayant" d'en venir à bout.
- "Protéger nos démocraties" -
Mais l'activité des "bots" ne faiblit pas sur X, d'après un rapport l'année dernière de la Queensland University of Technology (QUT), en Australie, après une analyse d'environ un million de messages.
"Le réseau est inondé de manipulations diverses, il ne modère pas suffisamment les contenus et n'a pas de stratégie claire face à la désinformation politique", a conclu le rapport.
Ava Lee, de Global Witness, a appelé X à "accroître ses efforts de modération et à mieux appliquer ses propres règlements contre les activités inauthentiques".
"Nous comptons sur eux pour protéger nos démocraties des interférences", a-t-elle ajouté.
L'entreprise californienne a licencié des milliers d'employés, notamment de nombreuses équipes chargées de la modération des contenus, autrefois chargées de la lutte contre la désinformation, et largement assoupli son règlement.
La semaine dernière, Elon Musk, qui a récemment annoncé son soutien à Donald Trump, a lui-même relayé sur X une vidéo de type "deepfake" (contenu manipulé) mettant en scène Kamala Harris.
Il a essuyé un feu nourri de critiques de la part de nombreuses associations. Selon plusieurs experts, cette vidéo enfreint les règles de la plateforme.
I.Viswanathan--DT