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Déflagration dans l'audiovisuel: la candidature de C8, chaîne la plus sanctionnée de la télévision française, n'a pas été retenue pour la réattribution des fréquences TNT en 2025 et pourrait disparaître sous sa forme actuelle.
Le régulateur de l'audiovisuel a dévoilé mercredi les candidats retenus pour l'attribution de 15 fréquences TNT en 2025, après des auditions courant juillet.
Il a fondé sa décision notamment sur "l'intérêt de chaque projet pour le public au regard de l’impératif prioritaire de pluralisme", écrit-il dans un communiqué.
Des chaînes déjà existantes (BFMTV, LCI, W9, TMC, Gulli, NRJ12, etc.) étaient en concurrence avec de nouveaux prétendants issus de la presse, comme RéelsTV (du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky), OF TV (Ouest-France), retenus, ou L'Express TV et Le Média TV, de la webtélé de gauche radicale éponyme, qui ont été écartés. Au total, 24 projets étaient en lice.
En ne retenant pas C8, qui cumule 7,6 millions d'euros d'amende en raison des dérapages de son animateur vedette Cyril Hanouna, à la barre de "Touche pas à mon poste", le régulateur envoie un signal fort aux éditeurs de chaîne sur la nécessité de respecter leurs obligations.
"Avec cette décision, l’Arcom tire les premières conséquences logiques des dérives des antennes contrôlées par Vincent Bolloré", a réagi le nouveau directeur général de RSF, Thibaut Bruttin. Le régulateur "a pris la mesure de ses responsabilités", dit-il.
- "Censure" pour Ciotti -
A l'inverse, cette décision est une forme de "censure" et "une dérive mortelle pour notre démocratie", a estimé le patron des Républicains Eric Ciotti sur X.
Pour le patron de Reconquête! Eric Zemmour, ancien polémiste sur CNews, l'Arcom "bris(e) l’élan de ceux qui créent, qui libèrent et qui plaisent".
Interrogé par l'AFP, le groupe Canal+, propriétaire de Cnews et C8, a indiqué qu'il ne faisait "aucun commentaire". Les décisions de l'Arcom s'affichaient sur les bandeaux déroulants de CNews.
Le retrait de sa fréquence ne signera pas forcément l'arrêt total de C8, compte tenu des possibilités de diffusion offertes par Internet, les box ou les télés connectées, tandis que Cyril Hanouna pourrait exercer sur une autre chaîne ou un autre média.
La TNT, lancée en 2005 en métropole, structure encore largement le paysage audiovisuel français et reste l'unique mode de réception de la télévision pour près de 20% des foyers équipés d'un poste.
Lors de leur audition, les dirigeants de C8 s'étaient engagés à diffuser "Touche pas à mon poste" avec un différé allant jusqu'à 45 minutes pour éviter la diffusion de nouveaux débordements.
"Bon... chouchou sur la plage du coup ?", a taclé sur X le député LFI Louis Boyard, en réponse à un tweet de juin dans lequel Cyril Hanouna évoquait la rentrée et invitait le député à aller "vendre des chouchous sur la plage" après la dissolution de l'Assemblée nationale.
En 2022, des insultes proférées dans l'émission de M. Hanouna contre M. Boyard avaient valu à C8 une amende record de 3,5 millions d'euros.
Sur X, le député LFI Aurélien Saintoul, rapporteur de la commission d'enquête sur les fréquences TNT en début d'année, "constate avec satisfaction" l'éviction de C8, mais déplore le maintien de CNews, elle aussi régulièrement rappelée à l'ordre par l'Arcom, dans la course aux fréquences.
- Ouest-France et Kretinsky retenus -
CNews, propriété, comme C8, du groupe Canal+, dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, a obtenu un renouvellement de sa fréquence.
Créée sur les cendres d'iTélé en 2017, CNews s'est classée numéro un (en part d'audience) des chaînes d'info en mai puis en juin devant BFMTV. Elle est aussi devenue rentable en mars, alors que C8 a essuyé 48,5 millions d'euros de pertes nettes en 2023, selon L'informé.
En plus de C8, NRJ 12, aux audiences faibles et programmant essentiellement des rediffusions, n'a pas été retenue pour le renouvellement de sa fréquence TNT. En revanche, les projets de Ouest-France et du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky (Réels TV) sont tous deux retenus.
L'Arcom va désormais entamer des négociations pour définir des conventions avec les chaînes d'ici à la fin de l'année, et les autoriser à émettre courant 2025 pour une durée de dix ans maximum.
Les décisions concernant C8 et CNews étaient les plus attendues, de nombreuses voix accusant ces chaînes de promouvoir des opinions d'extrême droite. Leurs soutiens, également nombreux, invoquent la liberté d'expression pour justifier leur existence.
O.Mehta--DT