AEX
3.4200
Il maîtrisait la trajectoire de ses balles mais pas sa conduite: le documentaire "Nasty" ("Méchant" en anglais), projeté au 77e Festival de Cannes, revient sur la carrière du tennisman roumain Ilie Nastase, aussi génial qu'incontrôlable.
Victorieux de l'US Open en 1972, premier N.1 mondial de l'histoire du tennis en 1973, le joueur forgea sa légende par ses coups de sang. Comme quand il sabota, entre provocations et insultes, un match qu'il était en train de perdre contre l'Américain John McEnroe à l'US Open en 1979.
"J'avais décidé que je ne m'énerverais pas, que je le laisserais se ridiculiser", lâche dans le documentaire McEnroe, plus jeune que Nastase et marchant alors dans ses pas pour son tempérament volcanique.
La partie devient une parodie de tennis. L'arbitre de chaise donne d'abord match gagné à McEnroe devant les outrances de Nastase -- doigt d'honneur vers le public, etc -- avant d'être désavoué et remplacé par l'arbitre référent du tournoi.
McEnroe gagne le match raquette en mains dans une ambiance proche de l'émeute. L'Américain raconte dans le documentaire qu'il se précipite alors aux vestiaires pour en venir aux mains avec le Roumain.
"Et là, il me lance +Macaroni -- c'est le seul qui peut m'appeler comme ça -- j'ai ces deux filles là avec moi, tu viens manger avec moi ?+. Je suis bouche bée et je dis +bah oui+ et voilà, on se retrouve à dîner avec Nastase à 1h du matin".
"Il a été le premier joueur à s'habiller avec de la couleur, et son bandeau de poignet aux couleurs de la Roumanie, c'était un peu comme le bandeau couleurs reggae que j'avais", décrit Yannick Noah, figure française du circuit, dans le documentaire.
Alors que le joueur majeur de l'époque, dans les années 1970, l'Américain Stan Smith, arbore coupe de cheveux et tenues sages, Nastase a tout d'une rock-star avec ses cheveux longs. Il ouvrira la porte à des fortes personnalités du tennis comme Andre Agassi.
Les côtés sombres du personnage ne sont pas éludés dans "Nasty", projeté en séance spéciale et signé par les Roumains Tudor Giurgiu, Cristian Pascariu et Tudor D. Popescu.
Devant une équipe télé, dans les années 1970, Nastase appelle "Negroni" Arthur Ashe, joueur afro-américain, qui ne s'en offusque pas. Dans les années 2010, il s'excusera pour avoir dit au sujet de la grossesse de Serena Williams, star afro-américaine du tennis: "On verra de quelle couleur (le bébé) sera".
pgr/may/chc
I.Menon--DT