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Suspense sur la planète cinéma: le 75e Festival de Cannes dévoile jeudi à 11H00 sa sélection officielle, avec de grands noms attendus -comme la présence déjà confirmée de Tom Cruise hors compétition- et probablement une bonne pincée de politique, en pleine guerre en Ukraine.
La traditionnelle conférence de presse, dans un cinéma des Champs-Elysées, où le délégué général, Thierry Frémaux, annoncera la liste des élus, est plus attendue que jamais: à un mois du coup d'envoi en haut des marches, quasiment aucune information n'a filtré sur cette édition.
Au-delà de la sélection, les organisateurs pourraient également lever le voile sur l'identité de celui ou celle qui succèdera à Spike Lee à la présidence du jury.
"75 éditions du Festival de Cannes, c'est une grande étape. Cet anniversaire va se dérouler dans des circonstances particulières: la pandémie, la guerre en Ukraine, un monde qui a changé et va encore changer", a souligné Thierry Frémaux dans une interview à Variety. "La sélection officielle reflètera ce qui ne changera jamais: l'art du cinéma".
Plus de 2.000 films ont été soumis, dont une vingtaine pourront briguer la Palme d'Or, après le sacre aussi décoiffant que clivant de la Française Julia Ducournau, l'an dernier, pour son oeuvre gore et féministe "Titane".
Le Festival, qui retrouve ses dates habituelles d'avant la pandémie -du 17 au 28 mai- et entend renforcer son écho médiatique et sur les réseaux sociaux au-delà de la France en remplaçant Canal+, partenaire historique, par un attelage France Télévisions-Brut-TikTok, pourrait offrir une tribune à des cinéastes ukrainiens, ou à des Russes en rupture avec le régime de Vladimir Poutine.
Après l'invasion russe en Ukraine, Cannes a immédiatement annoncé qu'il n'accueillerait pas de "délégations russes" officielles, mais pourrait inviter des cinéastes réputés comme Kantemir Balagov ("Tesnota"), 30 ans, qui a fui la Russie, ou son aîné Kirill Serebrennikov ("Leto"). Côté ukrainien, on pourrait notamment compter sur Sergueï Loznitsa.
- Dernière séance pour Pierre Lescure -
A l'écran, de grands noms sont murmurés, dont David Cronenberg, avec un film de science-fiction horrifique pour lequel il a rallié Viggo Mortensen, Kristen Stewart et Léa Seydoux, l'Australien George Miller, le père de "Mad Max", ou encore les frères Dardenne, qui pourraient tenter une troisième Palme d'Or, après "Rosetta" et "L'Enfant".
Sont également évoqués le Suédois Ruben Ostlund, Palme d'Or 2017 avec le grinçant "The Square", qui dissèque à nouveau les moeurs contemporaines dans "Triangle of Sadness", l'ambitieux projet de Terrence Malick sur la vie du Christ avec Mark Rylance dans le rôle de Satan, et quelques réalisatrices, dont l'Américaine Kelly Reichardt, prisée de la critique, ou les Françaises Rebecca Zlotowski et Alice Winocour, chacune pour des films avec la Franco-Belge Virginie Efira, par ailleurs maîtresse des cérémonies d'ouverture et de fermeture.
Parmi les autres points qui seront scrutés: la relation avec les plateformes de streaming, dont l'importance continue de s'accroître mais qui n'ont pas droit de cité dans la compétition cannoise si elles ne sortent pas leurs films dans les salles françaises, ou les orientations qu'entend prendre le festival après cette ultime édition présidée par Pierre Lescure, qui passera la main en juillet à une juriste, Iris Knobloch, ex-WarnerMedia.
Hors compétition, le Festival a déjà annoncé la présence de Tom Cruise, de retour dans le cockpit pour présenter, 35 ans après, une suite au mythique "Top Gun", et le biopic très attendu "Elvis" par Baz Luhrmann ("Moulin rouge").
A.Hussain--DT