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Les contrats spatiaux géants annoncés mardi par Amazon représentent une "opportunité exceptionnelle" pour Ariane 6, dont les cadences de production pourraient devoir augmenter à terme, estime le président d'Arianespace.
Dans un entretien avec l'AFP en marge d'un sommet spatial à Colorado Springs (Etats-Unis), Stéphane Israël reconnaît que le choix du colosse américain, une marque de "confiance", ajoute de la "pression" à ses équipes alors que le futur lanceur européen doit effectuer son tout premier vol de test à la fin de l'année.
QUESTION: Amazon a retenu Arianespace parmi les participants au projet Kuiper d'internet haut débit par satellite, avec 18 tirs sur 83. Quelle est votre réaction?
REPONSE: Dans ce partenariat, nous sommes la seule fusée non-américaine, et la seule fusée qui n'a pas un lien soit industriel, soit capitalistique avec Amazon.
Pour nous, ce chiffre de 18 est très important parce que nous avons voulu faire deux choses: nous engager massivement dans ce projet, dont nous avons toujours considéré qu'il s'agissait d'une opportunité exceptionnelle pour Ariane 6 - nous sommes évidemment très confiants dans sa mise en œuvre - et en même temps, nous avons voulu garder une capacité liée aux engagements contractuels déjà pris: il y a 11 Ariane 6 en carnet (de commandes), nous avons voulu prendre en compte le fait qu'il y aurait sans doute en moyenne quatre Ariane 6 pour les institutions européennes par an (...) et nous avons voulu garder des disponibilités pour d'autres clients.
C'est le résultat de plus de deux ans de travail, avec Amazon, et entre Arianespace et toute sa chaîne d'approvisionnement européenne pour aboutir à la meilleure offre possible.
En outre, sur ces 18 fusées, 16 auront encore plus de capacité, sachant qu'Ariane 6 depuis le début avait été pensée pour être un programme évolutif dont la performance pouvait s'accroître. Les fusées qui vont voler pour ce client ne seront pas les mêmes que celles qui seront mises en place à l'occasion du vol inaugural.
Q: Justement, Ariane 6 n'a pas encore volé, la marque de confiance d'Amazon ne vous rajoute-t-elle pas une pression supplémentaire?
R: C'est du jamais-vu qu'un lanceur soit réservé à ce point avant même son vol inaugural, c'est du jamais-vu dans l'histoire d'Ariane. Cela montre à quel point nous avons su convaincre un client de premier plan de nous faire confiance, cela montre aussi que la demande d'accès à l'espace n'a jamais été aussi forte. Effectivement les deux mots-clés, c'est une grande confiance dans le projet Ariane 6 et une pression positive pour tenir le vol inaugural et assurer la montée en cadence. Le vol est toujours prévu en fin d'année 2022, ça sera un premier vol de qualification. Il y a des risques, je ne peux pas dire que c'est dans la poche, mais c'est l'objectif.
Q: Avec cette commande, allez-vous devoir augmenter les cadences de production d'Ariane 6?
R: Il y a encore un ou deux ans, on avait peur de cadences complètement effondrées pour Ariane 6, du fait d'une concurrence accrue, du fait de la baisse du marché de l'orbite de transfert géostationnaire, et là à travers ce contrat et ces perspectives, on est totalement dans un scénario inverse.
Ariane 6 a été conçue pour à peu près 11 lancements par an. Le port spatial guyanais est capable d'en faire une vingtaine, donc il n'y a pas de problème pour accroître la cadence en Guyane. Si nous devions aller au-delà de 11 lancements, nous devrions consentir des investissements dans la chaîne industrielle. Au vu des attentes du marché, on peut se demander si ce n'est pas la prochaine étape.
Entre une demande institutionnelle qu'on espère au minimum de quatre par an et des perspectives commerciales extrêmement fortes, il pourrait être rationnel en seconde partie de décennie de passer sur un modèle avec une cadence de 15 fusées annuelles.
B.Krishnan--DT