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L'ultra-favori, "Everything Everywhere All At Once" a démarré fort lors des Oscars dimanche: cette comédie déjantée, où s'entrecroisent un trou noir en forme de bagel et des sex toys utilisés comme nunchakus, a coché les premières cases nécessaires pour réaliser la razzia qui lui semblait promise.
Les deux statuettes pour les meilleurs seconds rôles ont été attribuées à deux acteurs du film aux 11 nominations: Ke Huy Quan et Jamie Lee Curtis, qui ont tous les deux fondu en larmes.
"Je n'arrive pas à y croire. C'est le rêve américain", a lancé M. Quan, après plus de 20 ans d'absence devant la caméra
Ce film marquait le retour à l'écran de cet acteur d'origine vietnamienne, révélé à 12 ans par "Indiana Jones et le Temple Maudit". Il avait renoncé à sa carrière de comédien dans les années 90, face au manque d'opportunités pour les acteurs asiatiques.
"Merci de m'accueillir à nouveau", a-t-il soufflé.
Sa collègue Jamie Lee Curtis était également incrédule sur scène, submergée par l'émotion. "Je viens juste de remporter un Oscar", a-t-elle lâché.
Ces deux prix sont de bon augure pour "Everything Everywhere", qui partait favori après avoir dominé la plupart des remises de prix organisées avant les Oscars.
Mêlant action, humour potache et science-fiction, ce long-métrage loufoque raconte les aventures d'Evelyn, une propriétaire de laverie surmenée, incarnée par Michelle Yeoh, soudainement sommée de sauver une multitude d'univers parallèles d'une force maléfique: l'alter ego de sa fille dépressive.
Pour y parvenir, cette immigrée chinoise doit utiliser les pouvoirs de ses différentes vies alternatives, en visitant des mondes souvent complètement timbrés, où certains humains ont par exemple des doigts en forme de hot dogs.
- "Très audacieux" -
Ke Huy Quan y incarne Waymond, le mari un peu gauche d'Evelyn, qui révèle son potentiel insoupçonné dans l'immense "multivers". Jamie Lee Curtis joue elle Deirdre, une désopilante contrôleuse fiscale solitaire et psychorigide.
Prophétisée depuis des semaines, la domination de ce film qui a rencontré un joli succès en salles -- 100 millions de dollars au box-office -- pourrait se heurter au système de vote pour l'Oscar du meilleur film, qui a tendance à pénaliser les œuvres polarisantes.
Avant la cérémonie, un des votants aux Oscars confiait ainsi à l'AFP que certains membres de l'Académie, notamment parmi les plus âgés, n'arrivent pas à comprendre ce film, qui malgré son avalanche de scène délirantes, reste une émouvante réflexion sur l'amour familial.
"C'était un film très audacieux et unique, mais pas un film traditionnel, (...) il pourrait finir plus loin dans le classement pour beaucoup de gens", explique-t-il sous couvert d'anonymat.
Cela pourrait profiter à l'adaptation allemande du roman pacifiste "A l'Ouest, rien de nouveau", ou au blockbuster de Tom Cruise "Top Gun: Maverick".
- Clin d'oeil -
La 95e cérémonie s'est d'ailleurs ouverte par un clin d'oeil à ce blockbuster. Deux avions de chasse ont survolé Hollywood à basse altitude dans un bruit assourdissant.
"Tout le monde a adoré Top Gun, tout le monde", a lancé le présentateur Jimmy Kimmel. C'est "le film qui a sauvé les films", a-t-il résumé, en rappelant que ce carton populaire a permis au public d'enfin renouer avec les salles obscures après la pandémie.
L'humoriste a ensuite enchaîné sur une plaisanterie sur la fameuse gifle infligée par Will Smith au maître de cérémonie Chris Rock, après une blague sur l'alopécie de sa femme.
Cet épisode est encore dans tous les esprits et la production aimerait tourner la page.
"Si quoi que ce soit d'imprévisible ou violent arrive pendant la cérémonie, faites ce que vous avez fait l'année dernière: rien", a-t-il lancé.
L'an dernier, l'Académie avait été critiquée pour avoir laissé M. Smith recevoir son prix de meilleur acteur sur scène après son agression. Il a depuis été interdit de cérémonie pendant 10 ans et cette année, une "équipe de crise" doit œuvrer en coulisses pour parer à toute éventualité.
- Duel Yeoh/Blanchett -
Outre le meilleur film, "Everything Everywhere" fait face à une rude concurrence dans la catégorie meilleure actrice pour pouvoir revendiquer un triomphe.
La statuette se joue entre Cate Blanchett, cheffe d'orchestre impitoyable dans "Tar", et Michelle Yeoh, qui pourrait devenir la première lauréate d'origine asiatique à rafler ce prix.
Côté meilleur acteur, Austin Butler ("Elvis"), Brendan Fraser ("The Whale") et Colin Farrell ("Les Banshees d'Inisherin") sont au coude-à-coude.
Le début de la soirée a également été marqué par la victoire du "Pinocchio" de Guillermo del Toro dans la catégorie meilleur film d'animation.
H.El-Hassany--DT