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Un procès en diffamation à Paris a été ordonné contre Roman Polanski à la suite d'une plainte de l'actrice Charlotte Lewis visant des propos où le cinéaste mettait en doute la véracité des abus sexuels dont elle l'accuse, a appris l'AFP mercredi de source proche du dossier.
Une ordonnance du 30 août renvoie devant le tribunal correctionnel de Paris, à une date pour l'instant non fixée, M. Polanski, 89 ans, jamais jugé jusque-là en France dans un dossier relatif à ces accusations d'abus sexuels.
En droit de la presse, le renvoi devant le tribunal est quasi-automatique dans une telle procédure et le fond des accusations est examiné à l'audience.
Sollicité, les avocats de M. Polanski, Mes Hervé Temime et Delphine Meillet, n'ont pas souhaité commenter et "réservent leurs explications pour le tribunal".
La seconde a ajouté qu'elle "ne savait pas si M. Polanski entendait comparaître" ou serait représenté à l'audience.
La directrice de publication de Paris Match, qui avait publié l'entretien en cause, sera également jugée dans ce dossier.
Dans un long entretien publié par l'hebdomadaire en décembre 2019, M. Polanski déclarait notamment: "voyez-vous, la première qualité d'un bon menteur c'est une excellente mémoire. On mentionne toujours Charlotte Lewis dans la liste de mes accusatrices sans jamais relever ces contradictions".
"C'est bientôt le temps de l'audience. Nous l'attendons avec envie et sérénité", s'est félicité mercredi Me Benjamin Chouai, avocat de l'actrice britannique avec Me Fabrice Epstein. Il avait déposé plainte avec constitution de partie civile en mars 2020.
Charlotte Lewis, née en 1967, avait tourné dans le film "Pirates" réalisé par Roman Polanski en 1986.
En 2010, elle avait affirmé à Los Angeles avoir été "abusée sexuellement" par le cinéaste, dans son appartement parisien au début des années 1980, alors qu'elle avait 16 ans.
Mais M. Polanski, visé par d'autres accusations de viol, évoque dans son entretien à Paris Match de 2019 des "contradictions" avec ses propos de 2010 et un "odieux mensonge" de la part de Mlle Lewis, en mentionnant un entretien qu'elle avait accordé en 1999 au tabloïd britannique News of the World.
Le cinéaste soulignait la phrase suivante attribuée à Mlle Lewis en 1999: "je savais que Roman avait fait quelque chose de mal aux Etats-Unis, mais je voulais être sa maîtresse (...). Je le désirais probablement plus que lui ne le voulait".
L'actrice a toutefois contesté dès 2010 la véracité de ces propos passés. "Nombre des citations qui me sont attribuées dans l'article de News of the World ne sont pas exactes", avait-elle dit.
En février 2020, Roman Polanski a reçu le César de la meilleure réalisation pour "J'accuse".
Y.Rahma--DT