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Drapeau en berne à la Maison Blanche, Empire State Building illuminé... à des milliers de kilomètres du palais de Buckingham, les Etats-Unis, ancienne colonie britannique, partageaient eux aussi leur peine jeudi soir après le décès de la reine Elizabeth II.
Le décès, à 96 ans, de cette insubmersible monarque, qui a vu passer tous les puissants de ce monde et rencontré 13 présidents américains, représente "la fin d'une époque", estime José Reyes, 37 ans, au milieu des écrans de l'effervescente Times Square, en plein centre de New York.
"Je pense que je me souviendrai de cette journée", prédit Jeremy Bourg, employé dans la finance de 36 ans, de la même façon qu'"on se souvient de là où on était quand la princesse Diana est décédée".
- 96 coups -
Aux Etats-Unis comme ailleurs, l'heure est aux hommages. A quelques encablures de Times Square, l'imposant Empire State Building s'est illuminé dès le coucher du soleil. Il brillait en pourpre, symbole de la monarchie, et en argenté, couleur des 70 ans de règne de la Reine, célébrés en juin dernier.
Elizabeth II s'était d'ailleurs rendue en haut de l'immeuble en 1957, lorsqu'il était le plus haut bâtiment du monde.
A Washington, les drapeaux sont en berne sur la Maison Blanche et le Capitole.
Et partout dans le pays, le président Joe Biden a ordonné de ne pas les relever sur les bâtiments publics, ambassades, bases militaires et navires de guerre, jusqu'au coucher du soleil, le jour des funérailles d'Elizabeth II, figure d'une monarchie dont les Etats-Unis s'étaient écartés en déclarant leur indépendance en 1776.
La Bourse de New York a de son côté observé une minute de silence jeudi après-midi. La cathédrale nationale des Etats-Unis, dans le nord-ouest de Washington, a elle sonné 96 coups à 17H00 locales.
Et sur la célèbre chaîne CNN, les présentateurs étaient tous habillés en noir.
- "Une star est morte" -
Beaucoup de ces lointains cousins d'Amérique, pourtant, ne sont que peu au fait de l'histoire de la reine, et se souviennent surtout de la récente brouille ultra-médiatisée avec son petit-fils Harry et son épouse Meghan Markle, qui vivent désormais en Californie.
Sur la côte Ouest, c'est surtout l'image de marque de la monarque, maintenue en toutes circonstances, qui restera.
"C'était une femme admirable, avec un vrai sens de l'humour. Elle était toujours parfaite, malgré ses problèmes de mobilité ou les disputes dans la famille royale", estime Corrine Smith, sur la terrasse d'un pub anglais de Santa Monica, où des dizaines de Britanniques pleurent sa Majesté devant la BBC.
"Elle va tous nous manquer", poursuit cette Américaine de 45 ans, spectatrice de la série "The Crown", qui a largement contribué à renouveler la popularité d'Elizabeth II ces dernières années.
Face au portrait royal garni de roses à l'entrée du pub, Gregg Donovan est venu en voisin depuis Los Angeles pour rendre hommage à celle qui a été sous la lumière des projecteurs pendant 70 ans de règne.
"Une star est morte", se désole cet acteur et guide touristique de 62 ans, dans son chapeau haut de forme et son costume de Monsieur Loyal, bouquet à la main. "Je pense qu'elle devrait avoir son étoile sur Hollywood Boulevard. Après tout, c'était la personne la plus célèbre de la Terre."
- Expatriés incompris -
A l'intérieur du pub, les sujets de la reine en exil sont beaucoup plus affectés et cherchent une épaule réconfortante, sans quitter la BBC des yeux.
"Je n'ai pas beaucoup d'amis qui comprennent ce que la monarchie représente pour nous", soupire Ramona Braganza, une expatriée canadienne de 60 ans, esseulée devant son burger. "Au Canada, chaque jour d'école, nous commencions par +God Save the Queen+ (que Dieu protège la reine), c'est vraiment très dur à expliquer."
"Elle était un symbole de l'émancipation des femmes", lâche Kerrie Winter, la serveuse, entre deux commandes sous les drapeaux frappés des armoiries du Commonwealth. Pour cette Britannique de 36 ans, Elizabeth II était aussi "la mère de notre peuple. Les gens la considéraient comme une personne pleine de sagesse".
Derrière des lunettes de soleil qui masquent mal son émoi, Paul Floyd a toujours du mal à y croire.
"C'est un moment très triste", confie ce producteur anglais de 38 ans, qui attend sa "green card", sésame octroyant le statut de résident permanent aux Etats-Unis. "Elle était une icône, c'est vraiment la fin d'une ère."
W.Zhang--DT