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Autour des temples d'Angkor, sept bébés gibbons à bonnet jouent dans la jungle où cette espèce menacée profite d'un programme de réintroduction, mais face au braconnage et la déforestation, leur avenir reste incertain.
"Le projet se porte très bien", se réjouit auprès de l'AFP Nick Marx, un des responsables de Wildlife Alliance, en observant les singes à la fourrure noire ou blanche manger les bananes que leur tendent des membres de l'ONG.
Depuis 2013, cette structure américaine collabore avec l'organisme public qui gère le parc archéologique d'Angkor Wat (Apsara) et l'office cambodgien des forêts pour repeupler le site naturel entourant les célèbres vestiges classés au patrimoine mondial de l'Unesco.
Loutre à pelage lisse, cerf aboyeur, paon spicifère... Grâce au programme, plus d'une quarantaine d'animaux menacés ont trouvé refuge dans la jungle de 6.500 hectares, longtemps infestée de chasseurs et de pilleurs.
"Nous avons relâché quatre couples de gibbons à bonnet dans la forêt d'Angkor et ils se sont reproduits. Sept bébés sont nés ici", précise Nick Marx.
"C'est une grande victoire pour notre projet", se réjouit Chou Radina, directeur adjoint d'Aspara en charge de la gestion des forêts.
Autour d'Angkor, le cadre est "le plus sûr", selon M. Marx, pour restaurer la faune vulnérable, notamment les petits primates, car le site bénéficie d'un statut spécial de protection depuis son inscription à l'Unesco en 1992.
Les animaux rendus à la nature ont été sauvés des braconniers, ou sont nés en captivité de parents eux-mêmes arrachés du trafic d'espèces sauvages.
Le Cambodge n'échappe pas à ce commerce illégal, "toujours persistant" en Asie du Sud-Est, selon le rapport 2020 de TRAFFIC, un réseau mondial de surveillance spécialisé.
- déforestation -
Dans le petit royaume, les sanctions "trop légères" ne dissuadent pas les chasseurs, selon cette ONG qui dénonce aussi la place du Cambodge comme zone de transit entre l'Afrique et la Chine ou le Vietnam.
"Les pièges et la chasse traditionnelle" menacent également les espèces sauvages rares, admet un porte-parole du ministère cambodgien de l'Environnement, qui assure que 61.000 pièges sont retirés des forêts chaque année.
En plus du braconnage, la déforestation rend encore plus difficile leur préservation, selon Nick Marx, dont l'ONG estime sauver 2.000 animaux par an.
Le sanctuaire que Wildlife Alliance leur dédie à Phnom Tamao, à une heure de route de la capitale Phnom Penh, est lui-même menacé par un projet de développement urbain.
Entre 2001 et 2021, le Cambodge a perdu 30% de sa surface forestière, selon Global Forest Watch (GFW), à un rythme bien plus élevé que ses voisins thaïlandais (12%), vietnamien (20%) ou laotien (21%).
"Si la vie sauvage est chassée des forêts et que les forêts perdent leurs habitants, réintroduire ou relâcher des espèces va devenir un signe de conservation de plus en plus important", assure M. Marx.
Les participants au programme espèrent que les gibbons se reproduiront entre eux pour poursuivre leur repeuplement, et qu'à terme, ils deviendront une attraction au même titre que les statues de Bouddha à Angkor : "à part visiter les temples, les touristes auront une chance de voir la nature", lance Chou Radina.
Y.Al-Shehhi--DT