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De petits oiseaux colorés virevoltent dans une réserve naturelle en périphérie de Quito. Le refuge pour des centaines d'espèces endémiques et menacées est au coeur d'une controverse entre défenseurs de l'environnement et mineurs.
Depuis un référendum organisé en 2023, toute nouvelle entreprise d'extraction de métaux est interdite sur 124.000 hectares (12 fois la taille de Paris) du sanctuaire du Choco Andino, une vaste zone naturelle riche en gisements aurifères.
Mais les défenseurs de l'environnement craignent que la décision ne soit pas respectée et déplorent le silence du gouvernement sur le sujet. Interrogé, le ministère de l'Energie et des Mines n'avait pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP.
La présidente de la Chambre des mines de l'Équateur, Maria Eulalia Silva, assure simplement auprès de l'AFP que l'activité minière dans la réserve est "contrôlée et réglementée".
Mais au-delà de savoir si la décision issue de la consultation populaire est appliquée ou non, les défenseurs de l'environnent veulent aller plus loin et faire stopper toute activité minière dans le sanctuaire.
"Il faut revoir les concessions" qui ont été autorisées, affirme le biologiste Inty Arcos, membre du collectif Quito sans mines, qui dénonce également la présence de mines illégales.
Maria Eulalia Silva souligne cependant la nécessité de maintenir l'activité, dans "une région où le niveau de pauvreté moyen avoisine les 80%". "On ne peut pas dire que l'on veut protéger l'environnement tout en laissant les communautés sans opportunités de développement. La pauvreté est également l'une des plus grandes menaces pour l'environnement", insiste-t-elle.
- "Importance planétaire" -
L'industrie minière est un secteur stratégique dans une économie traditionnellement dépendante du pétrole.
Avec seulement deux gisements industriels d'or et de cuivre, les exportations minières du pays ont atteint le chiffre record de 3,3 milliards de dollars en 2023 et pourraient atteindre les 10 milliards de dollars (10% du PIB) d'ici 2030, selon la chambre de commerce.
Les opposants à l'exploitation minière entendent saisir la Cour constitutionnelle afin qu'elle précise les détails de l'interdiction, notamment dans le cas de projets en phase d'exploration avant le référendum, nécessitant de nouvelles autorisations pour poursuivre l'activité.
"Il faut que l'arrêt soit révisé, car beaucoup prétendent qu'il n'est pas assez clair", indique Teolinda Calle, du collectif Quito sans mines.
Indifférents à la controverse, des tangaras picorent ici et là des bananes, tandis que des colibris aux plumes éclatantes virevoltent entre les fleurs à la recherche de nectar. La réserve abrite quelque 600 espèces d'oiseaux, 270 de mammifères et 140 d'amphibiens.
"C'est un paradis d'une grande biodiversité. Il y a des toucans et des cotingas, ainsi que des mammifères comme des écureuils et des ours à lunettes", explique à l'AFP Rolando Garcia, un des 21.000 habitants de la zone concernée par la décision soumise à référendum.
Il y a quelques années, il abattait des arbres pour faire place à l'élevage de bétail dans la dense végétation. Aujourd'hui, l'homme de 60 ans, du petit village de Mindo, officie comme guide ornithologique. "L'exploitation minière n'est pas bonne, elle détruit tout", affirme-t-il.
"Nous avons besoin des coqs de bruyère, des colibris, des oiseaux parapluie, des toucans pour pouvoir accueillir des touristes", insiste M. Arcos, soulignant l'"importance planétaire" des richesses naturelles de la réserve.
O.Mehta--DT