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Le phénomène musical français Zaho de Sagazan aura gravi en 2024 une à une les marches du podium, depuis sa consécration aux Victoires de la musique en début d'année à l'apothéose de la clôture des Jeux olympiques dimanche, en passant par l'ouverture du Festival de Cannes.
En jupon noir et corsage sage Louis Vuitton, la chanteuse de 24 ans a lancé les festivités sobrement, au pied de la vasque dans le jardin des Tuileries, en entonnant le classique intemporel "Sous le ciel de Paris", chanté par les plus grands, dont Edith Piaf, Yves Montand ou Mireille Mathieu.
Avec son premier album, "La Symphonie des Eclairs", la chanteuse, autrice et compositrice de 24 ans avait remporté en février pas moins de quatre Victoires de la musique. Du jamais vu.
En deux ans, la native de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) est passée du Point Ephémère, petite salle parisienne, au Zénith de Paris, complet en mars.
Son nom commence au printemps à résonner hors de l'Hexagone. En janvier, Zaho de Sagazan a reçu à Eurosonic, festival néerlandais, le grand prix du jury et celui du public des Music Moves Europe Awards, radars des nouveaux talents du Vieux continent.
Mais c'est la cérémonie d'ouverture du Festival de Cannes en mai qui la fait connaître au reste du monde. Sa reprise éthérée et puissante, pieds nus et en larmes, de "Modern Love" de David Bowie devient instantanément un hymne.
La chanteuse a rapidement sorti une version studio sur les plateformes de streaming, comptabilisant sur Spotify plus de quatre millions d'écoutes.
L'euphorie aurait pu retomber mais l'artiste déchaine les foules dans tous les festivals de l'été qui s'arrachent sa présence.
- Engagements -
Dans cette ascension fulgurante, la chanteuse exprime aussi de plus en plus clairement ses engagements, à la soirée caritative "Voices for Gaza" ou le 3 juillet lors d'un concert de mobilisation contre le Rassemblement national durant les élections législatives.
Sur Instagram, elle critique aussi le présentateur star Cyril Hanouna et sa "diabolisation de la gauche". Ses titres sont ensuite déprogrammés des antennes d'Europe 1, d'Europe 2 et de RFM détenues par Vivendi, groupe dans le giron de Vincent Bolloré.
Dans la foulée, près de 600 artistes, dont Angèle, Juliette Binoche ou Virginie Despentes, interpellent dans une lettre ouverte le milliardaire au sujet de ce qu'ils qualifient d'"éviction". Alain Liberty, directeur général des radios du groupe Lagardère (détenu par Vivendi) assure pour sa part au Parisien qu'il s'agit d'un "procès d'intention regrettable".
Depuis, sa participation aux festivités culturelles des Jeux faisait l'objet de spéculations. Avant la concrétisation dimanche, dans le moment très symbolique de l'extinction de la vasque olympique devant plus d'un milliard de téléspectateurs.
Avant cela, son univers s'est d'abord épanoui en live, cochant les "3 B", soit Brel et Barbara pour des textes à fleur de peau et Berlin pour une ambiance électro des clubs de cette ville.
Le rêve de la chanteuse: une collaboration avec le mythique groupe allemand fondateur de la musique électronique Kraftwerk.
"Dans un marché avec des tonnes de propositions, c'est quand même assez excitant, fascinant, de voir une artiste qui arrive avec sa singularité, sa plume, sa poésie, incarnées de manière unique, parvenir à séduire un public de toutes générations", avait loué en début d'année pour l'AFP Olivier Nusse, président d'Universal Music France, qui distribue l'album de la chanteuse qui a son propre label, Disparate.
Ce responsable, depuis plusieurs décennies dans la filière musicale, avait aussi confié avoir "rarement vu" une telle progression en dehors de la sphère rap et r'n'b. Jusqu'à l'Olympe dimanche soir.
G.Koya--DT