AEX
-4.3900
La cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris a commencé vendredi soir sur la Seine, une parade nautique historique précédée d'heures sous tension, entre pluie et sabotage du réseau ferroviaire français.
C'est la première fois qu'une cérémonie d'ouverture des Jeux sort d'un stade olympique. Un pari hors norme, logistique, artistique comme sécuritaire, pour le Comité international olympique (CIO) et pour la France qui attend depuis un siècle d'organiser des Jeux d'été.
Ce défi devra être tenu avec un hôte qui n'est pas le bienvenu: la pluie devrait s'inviter pendant la cérémonie en s'intensifiant en deuxième partie de soirée, quand la nuit tombera sur le cortège fluviale. Météo-France table sur "l'équivalent de huit à dix jours de pluie pour un mois de juillet".
Avant le spectacle vivant, un film a été diffusé montrant l'humoriste Djamel Debbouze entrer torche en main dans le Stade de France avant de la transmettre à une icône française, Zinedine Zidane. Au son d'une musique d'un film de Jacques Tati, l'ancien N.10 des Bleus s'embarque alors dans une odyssée parisienne, métro compris.
- Travelling magique -
Du pont d'Austerlitz jusqu'au Trocadéro, 6.800 sportifs et 205 délégations, embarqués sur 85 bateaux, doivent désormais descendre le fleuve durant un défilé inédit, lors d'une cérémonie de près de quatre heures, prélude à deux semaines de compétitions jusqu'aux 11 août.
La Grèce, pays de l'olympisme antique, va ouvrir le défilé qui sera clos, comme il est de tradition, par la délégation du pays-hôte, devant 320.000 spectateurs sur les quais et les ponts de Paris.
Entre les deux, sur les bateaux de leurs pays, les Américaines Sha'carri Richardson et Simone Biles, le Serbe Novak Djokovic ou le Français Léon Marchand pourront profiter d'un travelling de six kilomètres, au pied des monuments les plus emblématiques de la Ville-Lumière: Notre-Dame et sa flèche restaurée après l'incendie de 2019, le Louvre, les Tuileries, la Concorde, le Grand-Palais puis la Tour d'Eiffel. Des sites qui accueilleront aussi des épreuves à partir de samedi, judo, beach-volley, tir à l'arc...
Le metteur en scène, Thomas Jolly, qui travaille sur le sujet depuis 18 mois, a dû réussir un tour de force: inclure dans cette odyssée tous les rituels olympiques, jusqu'à l'allumage de la vasque, en passant par la proclamation de l'ouverture des Jeux par Emmanuel Macron peu après 22H30.
Baptisé "Ça ira", le spectacle proposera douze tableaux, animés par environ 2.000 artistes -comédiens, danseurs, jongleurs, musiciens-, qui célèbreront l'histoire de France, sa culture, mais aussi l'universalisme et la diversité.
Les auteurs et les organisateurs ont promis "le plus grand spectacle du XXIe siècle", un récit "très généreux", avec "de la joie, de l'émulation, du mouvement, de l'excitation".
- Lady Gaga en star américaine ? -
Parmi les stars qui prendront part à ce show sont citées dans les pronostics la Franco-Malienne Aya Nakamura, chanteuse francophone la plus écoutée au monde, l'Américaine Lady Gaga et la Canadienne Céline Dion.
Depuis plusieurs jours, l'hypercentre de Paris est bouclé, accessible seulement à qui dispose de son sésame, accréditation ou QR Code. Les spectateurs ont été admis à partir de 15H30, avec un parapluie s'ils le souhaitaient, à condition qu'il soit rétractable ou pliable pour des raisons de sécurité.
Les longues files d'attente alors qu'approchait l'heure du début de la cérémonie, ont parfois suscité l'agacement. Mais Armelle Lanci, 54 ans, une directrice d'école arrivée en avance, qui a glissé un anorak dans son sac, est heureuse d'être là: "Il y a une très bonne ambiance, on entend parler toutes les langues, c'est très bien", dit-elle, arrivée en avance, qui a glissé un anorak dans son sac.
Un couple de touristes de Mexico a obtenu deux places au premier rang sur le Pont du Carrousel. "Nous sommes des privilégiés", déclare Selene Martinez, 42 ans, aux côtés de son compagnon Israel Tejada.
Une centaine de dignitaires, dont 85 chefs d'État et de gouvernement, accueillis dans l'après-midi à l'Élysée, sont présents, dont une partie devra affronter les éléments faute de couverture de l'intégralité de la tribune officielle.
Jamais autant de forces de l'ordre n'ont été mobilisées, avec 45.000 policiers et gendarmes déployés, et 10.000 militaires.
- "Attaque massive" -
Dans le public 100.000 spectateurs ont payé leur ticket, pour des tarifs allant jusqu'à 2.700 euros; environ 220.000 ont été invités et prendront place sur les quais hauts du fleuve. À condition de n'avoir pas renoncé, découragés par les prévisions météorologiques ou le chaos ferroviaire.
La nuit précédente, des infrastructures du réseau ont en effet été la cible de dégradations dans plusieurs régions, notamment des incendies volontaires.
"Une attaque massive pour paralyser le réseau", selon la SNCF qui, malgré des améliorations graduelles, prévoit des perturbations "au moins tout le week-end". Parmi les 800.000 voyageurs affectés, le Premier ministre britannique Keir Starmer a dû changer ses plans et s'est rendu en avion à Paris.
Cette attaque, dont les auteurs et les commanditaires ne sont pas connus pour le moment, "n'aura pas d'impact sur la cérémonie", a promis la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo.
H.Hajar--DT