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Economie, immigration, relations du Royaume-Uni avec l'Europe, mais aussi transport et logement: Charles III a énoncé mercredi les priorités du nouveau gouvernement travailliste dans son traditionnel discours du roi, cérémonie solennelle à la réouverture du parlement.
Le discours du trône ou discours du roi est prononcé par le souverain mais rédigé par le gouvernement. C'est l'occasion pour le nouveau parti au pouvoir d'exposer ses priorités à Westminster. C'était le premier pour un gouvernement travailliste en 15 ans, après les élections législatives du 4 juillet qui ont abouti à l'arrivée à Downing Street du Premier ministre travailliste Keir Starmer après 14 ans de pouvoir conservateur.
Coiffé de la couronne impériale d'apparat et portant une longue robe, Charles III, arrivé au parlement en carrosse doré depuis le palais de Buckingham, a lu le texte d'un ton monocorde, une manière de marquer la neutralité politique du souverain.
Le gouvernement, qui avait bâti sa campagne sur une promesse de "sérieux" budgétaire, a d'abord mis en avant "la stabilité économique". Il fera évaluer de "manière indépendante" ses budgets à venir par l'organisme public de prévision budgétaire, l'OBR, pour assurer un meilleur contrôle des dépenses publiques.
A l'automne 2022, la Première ministre conservatrice Liz Truss avait semé la panique sur les marchés financiers avec des baisses d'impôts non financées. Cela reste un traumatisme dans le pays.
Pour lutter contre l'immigration illégale, le gouvernement va créer une nouvelle force de sécurité dotée de "pouvoirs antiterroristes". Elle visera à "renforcer" la lutte contre les passeurs.
Au lendemain de son arrivée au pouvoir, Keir Starmer avait confirmé abandonner le projet des conservateurs d'expulser vers le Rwanda des migrants arrivés illégalement.
- Otage symbolique -
Keir Starmer veut aussi supprimer les membres héréditaires à la Chambre des Lords, la chambre haute du Parlement.
Sur l'Irlande du Nord, le nouveau gouvernement s'est engagé à abroger une loi controversée qui devait mettre fin aux enquêtes, aux affaires civiles et aux poursuites pénales pour les crimes liés à la période des Troubles et accorder l'immunité aux anciens combattants de tous les camps.
Les promesses se sont enchaînées dans cette longue liste comprenant aussi des mesures pour accélérer la construction de logements et pour renationaliser les compagnies de transport ferroviaire.
Le gouvernement reprend par ailleurs des promesses des conservateurs, notamment la loi visant à interdire la vente de tabac à toute personne née après 2009.
Ce discours du trône était le premier rédigé par un exécutif travailliste depuis le gouvernement de Gordon Brown en 2009, avant l'arrivée au pouvoir des conservateurs quelques mois plus tard.
Le gouvernement avait expliqué que ce discours comprendrait plus de 35 projets de loi.
Pendant que Charles III lisait le discours, des manifestants anti-monarchie ont scandé "Pas mon roi" devant le Parlement.
La police a indiqué avoir arrêté une dizaine de membres du groupe activiste Youth Demand, soupçonnés de vouloir causer des nuisances publiques.
Keir Starmer, 61 ans, s'est dit juste après son arrivée au pouvoir "impatient de mettre en oeuvre le changement" promis aux Britanniques.
Avec ce programme, les travaillistes veulent "montrer qu'ils peuvent redevenir ce qu'ils considèrent comme le parti naturel du gouvernement", a dit à l'AFP Tony McNulty, ancien ministre du Labour et professeur de politique britannique à l'université Queen Mary de Londres.
C'est le deuxième discours du roi prononcé par Charles III depuis son accession au trône, en septembre 2022. En mai de cette année-là, en tant que prince de Galles, il avait aussi remplacé sa mère Elizabeth II, dont la santé déclinait.
Charles III était assis sur le trône de la Chambre des Lords, avec à sa gauche son épouse Camilla.
Un peu avant son arrivée à Westminster, des gardes royaux avaient procédé à l'inspection des caves du Parlement à la recherche d'explosifs, un héritage de la tentative infructueuse des catholiques de faire sauter le bâtiment en 1605.
Une députée a elle été retenue symboliquement en otage à Buckingham jusqu'au "retour sain et sauf du roi" dans sa résidence.
H.El-Qemzy--DT