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L'Espagne a illuminé l'Euro avec son football offensif et séduisant, jusqu'à triompher dimanche à Berlin, dans un tournoi globalement décevant où les favoris annoncés, la France et l'Angleterre, ont plus brillé par leur solidité que par leur jeu.
Le football est souvent cruel, parfois irrationnel, mais il a cette fois respecté une certaine logique: la meilleure équipe du tournoi a été récompensée, ouvrant une nouvelle page de son histoire glorieuse alors-même que certains doutaient de la revoir déjà au niveau de celle d'Andrés Iniesta, Xavi et Cesc Fabregas.
Revoilà l'Espagne sur le toit de l'Europe pour la quatrième fois, plus de dix ans après son enchaînement historique Euro-2008, Coupe du monde 2010 et Euro-2012. Elle parachève un renouveau qui fut bien plus rapide que prévu.
Alors que la plupart des observateurs la plaçait en-dessous des favoris, cette Roja rajeunie, renouvelée par son sélectionneur Luis de la Fuente, arrivé en Allemagne avec une confiance aveugle en ses joueurs mais sans expérience du haut niveau, a fait mentir tous les pronostics, imposant match après match sa supériorité collective.
On lui promettait "le groupe de la mort" ? Elle a envoyé la Croatie dans les cordes d'entrée (3-0), étouffé l'Italie (1-0) et dominé sans trembler l'Albanie (1-0) pour boucler la phase de groupes comme la seule équipe à neuf points. Puis elle a croqué la Géorgie (4-1) en huitièmes, avant de frapper les esprits en éjectant le pays-hôte allemand en quarts de finale (2-1 a.p.) puis la France de Kylian Mbappé en demi-finales (2-1).
- Le retour de la furia espagnole -
Un parcours historique, conclu en apothéose à Berlin contre l'Angleterre (2-1) avec une septième victoire en sept rencontres et une nouvelle démonstration collective ponctuée d'un but de Mikel Oyarzabal en mode "supersub". Elle couronne la superbe gestion de Luis de la Fuente, surnommé "Luis le tranquille" en opposition au caractère volcanique de son prédécesseur Luis Enrique.
Alors qu'elle était au plus bas après l'échec en huitièmes de finale du Mondial-2022 contre le Maroc, la sélection espagnole a retrouvé de la stabilité et de la confiance pour rivaliser avec les plus grands.
Sans renier sa tradition de possession qui a irrigué les succès de ses brillants aînés, elle y a ajouté de la percussion, de la vitesse et de la verticalité en s'appuyant sur ses insaisissables ailiers Lamine Yamal, 17 ans ce samedi, et Nico Williams, 22 ans depuis vendredi.
Comme deux ados dans une cour de récréation, les deux dribbleurs, amis en dehors du terrain, ont changé le visage de leur équipe et fait souffler un vent de fraîcheur sur la compétition, avec un cocktail d'insouciance et de pur talent balle au pied. Et ils ont bien failli mener à eux seuls leur équipe vers le sacre, avant l'égalisation anglaise et le but vainqueur d'Oyarzabal.
"Le futur est à nous", titrait avant la finale le quotidien sportif AS avec une fresque des deux feux follets, "symboles de talent et de diversité".
Avec son sourire enfantin, son appareil dentaire et ses bouclettes dorée, Yamal s'est un peu plus affirmé comme le plus grand espoir du football mondial avec 4 passes décisives et un bijou qui a fait le tour de la planète pour ramener les siens dans la demi-finale contre les Bleus, battant au passage un énième record de précocité.
Un talent générationnel, "touché par la grâce de Dieu", résume De la Fuente. "On essaie de donner un semblant de normalité à cette situation, de lui expliquer que c'est avec l'humilité qu'il pourra continuer à progresser". Pour porter l'Espagne vers un nouveau cycle de domination ?
H.El-Din--DT