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Il a photographié Mick Jagger, Jacques Brel ou Claude François. A 87 ans, Charles Bébert, "chasseur d'images" installé à Nice, sort son tout premier livre, qui revisite en 75 clichés les décennies 1960 à 1980, l'âge d'or du glamour sur la Côte d'Azur.
Aujourd'hui retraité, ce personnage haut en couleur, doit son patronyme au surnom de son père, Albert Sebban, que tout le monde appelait "Bébert le photographe", à Oran, lorsque l'Algérie était encore colonisée par la France.
Charles commence dans le métier à 14 ans, en 1950, dans la florissante affaire familiale.
Avec un mange-disques --appareil portatif permettant d'écouter un vinyle, très populaire de la fin des années 1950 à la fin des années 1970--, installé dans sa Renault Floride décapotable, Charles Bébert ne passe pas inaperçu dans les rues d'Oran. Jacques Brel, venu en tournée, tournera même un clip en play-back dans cette voiture tandis que Charles conduit.
Rescapé par miracle du massacre d'Européens à Oran, le 5 juillet 1962, jour de l'Indépendance de l'Algérie, embarqué sur un bateau pour la France avec pour seul bagage son Foca, un appareil photo "encore mieux que Leica", Charles arrive à Marseille en 1962 avant de s'installer à Nice, dont la promenade des Anglais lui rappelle le front de mer de sa ville natale.
Là, le photographe doit repartir de zéro. Il ouvre en 1964 une boutique de photographie dans le centre de Nice, baptisée "Chasseur d’images".
Dans ces années 1960, Charles commence par immortaliser des mariages et des communions puis retrouve des collaborations avec la presse et des agences photo. Il a gardé de ses années algériennes quelques contacts avec les chanteurs Brel, Charles Aznavour ou encore Gilbert Bécaud, suffisants pour lui remettre le pied à l’étrier.
C'est aussi une nouvelle génération de stars, d'Alain Delon aux Rolling Stones en passant par Jean-Paul Belmondo devenu son ami ou Claude François dont il sera l'attaché de presse pendant dix ans, qu'il va traquer à la sortie du très luxueux hôtel Negresco, face à la Méditerranée, où à l'aéroport de Nice, quand ce ne sont pas eux qui l'appellent pour un shooting.
- Mariage de Mick Jagger -
"Je n'étais pas un paparazzi, ou alors un paparazzi honnête", tient-il à préciser à l'AFP dans son ancienne boutique, dont son fils Stéphane a reconstitué la devanture de l'époque, et qui est aujourd'hui utilisée comme bureau familial.
Quand Charles Bébert surprend Mike Jagger avec une femme que ce dernier ne souhaite pas faire apparaître publiquement, Charles accepte de ranger son appareil, raconte-t-il. Cela paye, car il sera plus tard autorisé à entrer dans l'église pour le mariage de la rock star avec Bianca Perez Morena à Saint-Tropez, quand 250 de ses confrères font le pied de grue à l’extérieur. En 1976, il a refusé la juteuse somme de 10 millions de francs qui lui était proposée pour faire une photo de Claude François sur son lit de mort, se souvient-il.
Modeste, Charles Bébert n’a pas vraiment poussé à la parution de ce recueil photographique et semble, en apparence, peu sensible aux honneurs qui lui sont rendus aujourd’hui avec des séances de dédicace à Nice cette semaine ou bientôt dans un grand magasin de la Rive gauche à Paris.
"Moi, ce qui m’intéressait dans ce métier, c’était juste gagner ma vie pour élever mes enfants et me faire une bonne petite retraite", confie-t-il simplement.
L’idée de ce livre édité à 500 exemplaires par Just an Idea Books est venue de Sarah Andelman, quand la cofondatrice du concept-store parisien Colette a découvert, l’an dernier dans Vanity Fair une photo de Charles Bébert sur laquelle Serge Gainsbourg et Jane Birkin posent, tout sourire, sur une plage de Nice en 1972. Elle figure en bonne place dans ce recueil collector.
G.Mukherjee--DT