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L'espoir n'est pas perdu: si Antoine Dupont ne se rétablit pas assez rapidement de sa fracture à la mâchoire, le XV de France pourra toujours s'en remettre à son homonyme, un honnête joueur amateur de Haute-Garonne dont les "zygomatiques vont très bien".
La présence de journalistes ce soir-là à l'entraînement du SC Rieumes, un club de Fédérale 2 (sixième division nationale) dans lequel a notamment été formé l'ancien international Bernard Viviès, amuse les coéquipiers.
"C'est pour notre Antoine Dupont régional"; "Il va tout donner pour la photo"; "Lui, avec son hygiène de vie, ne serait pas revenu aussi vite de blessure"...
Ailier ou arrière robuste à l'épaisse barbe brune, Antoine Dupont affirme dans un entretien exclusif à l'AFP plutôt bien vivre cette homonymie: "C'est l'un des meilleurs joueurs au monde. Il inspire le respect de tous donc c'est gratifiant, je ne me fais pas trop charrier".
Le Rieumois a tout de même hérité de quelques surnoms plus ou moins moqueurs: "Toto", comme le capitaine des Bleus, ou le "Dupont de Wish", du nom d'un site de vente en ligne de produits bon marché.
"Je suis le Dupont bas de gamme", s'en amuse avec beaucoup d'autodérision le joueur de 29 ans, qui n'a, lui, jamais été blessé à la mâchoire. "Mes zygomatiques vont très bien. Surtout celui qui permet de rigoler. Le reste va un peu moins bien".
- Dupont et Dupont -
Les Dupont et Dupont ont quelques points communs. Une soixantaine de kilomètres seulement séparent leurs deux communes d'origine, Rieumes (Haute-Garonne) et Castelnau-Magnoac (Hautes-Pyrénées), en bordure du Gers, où leurs routes se sont même croisées.
Scolarisés à la même époque dans deux lycées différents d'Auch, ils ont joué l'un contre l'autre dans le championnat scolaire UNSS.
Le demi de mêlée international du Stade toulousain, de trois ans son cadet, "était surclassé", se souvient le Dupont barbu. "Il était déjà au-dessus avec (Anthony) Jelonch. Il avait un temps d'avance sur tout le monde, comme maintenant".
Leurs parcours rugbystiques se sont éloignés depuis, mais le meilleur joueur mondial de l'année 2021, très attaché à ses racines, sait qu'il a un homonyme dans les divisions inférieures.
"J'ai joué contre son frère (Clément) quand il était à Lannemezan, dans la même poule que nous", explique le joueur de Fédérale 2. "Ma compagne l'a croisé une fois à une cérémonie et il (Antoine) a demandé de mes nouvelles et des résultats de Rieumes".
- Contacté par des agents -
Leur homonymie a donné lieu à quelques quiproquos avant que le demi de mêlée, dont le rétablissement tient actuellement la France en haleine, ne devienne une star du rugby mondial.
"Des agents de joueurs et des gestionnaires de patrimoine m'ont contacté au tout début", raconte "l'autre" Antoine Dupont. "Je leur avais répondu que ce n'était pas moi, mais que je voulais bien aller manger au resto s'ils me l'offraient".
Le jeune père de famille, agent d'entretien dans un centre pour handicapés, ne regrette pas forcément que les fées du rugby ne se soient pas autant penchées sur son berceau que sur celui de son célèbre homonyme.
"Ca ne doit pas être évident à gérer la notoriété. Nous on est tranquilles quand on met le pied dehors", relativise le trois-quarts polyvalent, qui suit une carrière honorable au SC Rieumes, dont il est devenu l'une des figures.
"C'est un garçon charmant, plein de vie", témoigne son entraîneur Manu Bleys. "Sur le terrain, c'est un tempérament fort, qui a l'esprit de la gagne. Notre Antoine Dupont a parfois des petits élans de colère, mais c'est parce qu'il a tellement envie de bien faire..."
Le coach rieumois ne s'inquiète pas, en cas de forfait du capitaine de l'équipe de France pour les quarts de finale de la Coupe du monde, de se faire piquer "son" Antoine Dupont par le sélectionneur Fabien Galthié: "Il ne joue pas demi de mêlée!"
C.Akbar--DT