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Le rappeur Booba a été interrogé lundi à Paris par un juge d'instruction et mis en examen pour cyberharcèlement à l'encontre de Magali Berdah. Lui se défend, se présentant comme "un lanceur d'alerte" contre "les influvoleurs".
Booba, âgé de 46 ans, a été mis en examen pour harcèlement moral en ligne aggravé et placé sous contrôle judiciaire, ont indiqué des sources proches du dossier à l'AFP, confirmées par le parquet de Paris.
D'après l'une des sources proches du dossier, il a été placé sous le statut plus favorable de témoin assisté pour les faits de menaces de mort et de recel d'une infraction d'atteinte à l'intimité.
Cette mise en examen fait suite à de nombreuses plaintes de la part de Magali Berdah, femme d'affaires âgée de 41 ans et fondatrice de Shauna Events, une agence spécialisée dans les relations entre les personnalités issues de la TV et les marques.
"Cette décision, attendue depuis des mois, est une immense victoire pour Magali Berdah", ont réagi ses avocats dans un communiqué transmis à l'AFP.
"Elle constitue aussi un signal puissant adressé à tous les valets de la haine qui sévissent sous pseudonyme sur les réseaux sociaux", ont poursuivi Mes Antonin Gravelin-Rodriguez, Rachel-Flore Pardo et David-Olivier Kaminski.
Outre l'instruction visant Booba, 28 personnes vont être jugées entre novembre et janvier devant le tribunal correctionnel de Paris pour cyberharcèlement aggravé, menaces de mort ou encore menaces de crime à l'encontre de Magali Berdah.
Leur sont reprochés des messages tels que "On va te brûler", "Va mourir salope" ou encore "Je vais t'violer salope"... sur les réseaux sociaux.
- "Tout va bien" -
Du côté de Booba, lundi, "tout (allait) bien", a assuré le rappeur dans une vidéo diffusée après avoir quitté le tribunal. "Comme vous le voyez je suis en liberté, tout va bien. La piraterie n'est jamais finie", a-t-il tancé.
Booba s'est lancé, aux côtés d'un collectif "d'aide aux victimes d'influenceurs", dans une croisade contre ceux qu'il appelle les "influvoleurs", dénonçant de multiples arnaques à l'encontre des internautes.
Certaines de ses publications ont reçu un large écho: en avril par exemple, deux parlementaires ont signalé à la justice des faits reprochés à l'influenceur Dylan Thiry, qui avaient été dénoncés dans des vidéos publiées par Booba.
Des publications qui alimentent un plus large débat sur le secteur des influenceurs, pour lequel le Parlement a voté une régulation en juin.
Mais sa manière de faire pose question jusque devant la justice. Car le rappeur use d'attaques personnelles et de vidéos non sourcées, notamment à l'encontre de Magali Berdah depuis mai 2022.
Dans la foulée de tweets virulents, cette dernière avait déposé une première plainte, suivie de dizaines d'autres.
Ouverte en 2022, l'enquête a été confiée à un juge d'instruction à l'été 2023.
Lors de l'enquête préliminaire menée par le Pôle national de la lutte contre la haine en ligne (PNLH), Booba n'avait pas honoré sa convocation.
C'était donc la première fois que le "Duc de Boulogne", originaire des Hauts-de-Seine mais qui vit la majeure partie de l'année aux Etats-Unis, était entendu par la justice dans ce dossier.
L'infraction de cyberharcèlement a été créée par une loi de 2018. Elle peut être constituée dès lors que plusieurs personnes s'en prenant à une même victime savent que leurs propos ou comportements caractérisent une répétition, sans que chacune de ces personnes ait agi de façon répétée ou concertée.
Magali Berdah a également déposé plainte en avril contre le réseau social X (anciennement Twitter) pour complicité de cyberharcèlement.
De son côté, la femme d'affaires est visée par une enquête préliminaire, après une plainte contre X déposée par Booba.
Ce dernier l'accuse de pratiques commerciales trompeuses avec Shauna Events. Le parquet de Grasse avait ouvert une enquête préliminaire en septembre 2022, puis a indiqué lundi s'être dessaisi au profit de celui de Paris.
Dans une autre affaire, où les faits reprochés sont antérieurs à la création de son agence en ligne, elle sera jugée en décembre à Cannes pour "banqueroute et blanchiment", a indiqué une source judiciaire.
A.Hussain--DT