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Le 6 mai, Ryan King ne brandira pas avec ferveur l'Union Jack au passage du carrosse transportant Charles III vers l'abbaye de Westminster.
Il prévoit plutôt d'assister au couronnement du roi avec un t-shirt jaune cinglé d'un provocateur "Abolish The Monarchy".
Ce Britannique de 40 ans compte participer dans une semaine à sa première manifestation avec "Republic", un groupe qui milite pour l'abolition de la monarchie - une institution "dépassée et non démocratique" selon lui - et l'instauration d'une république parlementaire au Royaume-Uni.
Graham Smith, le président du mouvement, ne s'en cache pas: le couronnement en grande pompe d'un , en pleine crise du coût de la vie, est "une énorme opportunité" pour être entendu.
S'appuyant sur des sondages récents, il évoque auprès des journalistes un "tournant": les dons de sympathisants sont en forte hausse, le terrain "est plus fertile" et les gens "plus disposés à écouter" les idées longtemps inaudibles que son mouvement porte depuis 40 ans.
D'autant que pour M. Smith, la famille royale "a perdu sa star", la reine Elizabeth II décédée l'année dernière et qui, pour beaucoup, incarnait à elle seule la monarchie.
"Lorsque la reine était en vie, cela ne servait à rien de faire vraiment campagne", confirme auprès de l'AFP le commentateur royal Richard Fitzwilliams. Mais désormais, "il existe un mouvement républicain qui montre ses dents" même s'il "n'est soutenu par aucun parti politique".
- "Soutien tiède" -
Logiquement, le mouvement encore marginal souhaite profiter du contexte pour occuper le terrain: plus actif que jamais sur les réseaux sociaux, le groupe mobilise aussi sa base (130.000 personnes inscrites en ligne selon M. Smith) avec des mails réguliers concernant les protestations à venir.
Depuis quelques semaines, des pancartes jaunes - la couleur du mouvement - barrées d'un "Not My King" (Pas mon roi) en noir fleurissent au gré des visites de Charles III dans le pays, comme récemment à York et à Liverpool. Des protestations inimaginables sous Elizabeth II.
Selon un récent sondage YouGov, la majorité des Britanniques (58%) sont toujours favorables au maintien de la monarchie. Mais pour M. Smith, il s'agit d'un "soutien plutôt tiède et indifférent".
"Il y aura toujours une bonne foule à Londres" pour acclamer le roi lors du couronnement, reconnaît-il. Mais "beaucoup de gens iront parce qu'ils veulent voir quelque chose d'historique".
Les pro-République préfèrent mettre en avant la montée du sentiment républicain chez les plus jeunes.
Selon le sondage YouGov, seuls 32% des 18-24 ans sont favorables à la monarchie contre 38% qui souhaitent un chef d'Etat élu (et 30% sont sans opinion).
"Cela montre que les regards envers la monarchie sont en train de changer avec la jeune génération qui arrive et qui se demande à juste titre: +Quel est l'intérêt de la monarchie ?+", affirme Ryan King à l'AFP.
"Les jeunes n'ont jamais été enthousiastes vis-a-vis de la monarchie", tempère auprès de l'AFP Sean Lang, professeur d'histoire à l'université Anglia Ruskin. "Les Républicains qui voient les sondages comme une preuve que la fin de la monarchie approche prennent leurs rêves pour des réalités".
- "Grotesque" -
Un Parlement entièrement élu, un chef d'Etat élu, une Constitution écrite qui délimite les pouvoirs... Ces rêves "ne sont pas particulièrement radicaux, ils sont démocratiques", se défend Graham Smith, qui veut "rallier l'opinion publique et obtenir un référendum" sur la question.
Pour Ryan King, il faut protester contre "cet étalage grotesque de richesse" en pleine crise du coût de la vie. Selon "Republic", le couronnement coûterait au moins 100 millions de livres (113 millions d'euros). L'événement est financé par l'Etat, et donc les contribuables, ce à quoi s'oppose une majorité de Britanniques selon les sondages.
"Il y a des pans entiers de la société qui ont désespérément besoin d'aide", ajoute-t-il en évoquant "les inégalités, les logements hors de prix ou les coupes budgétaires dans les services publics".
"Parader dans un carrosse en or à travers la capitale ne va résoudre aucun de ces problèmes."
B.Gopalan--DT