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De jeunes représentants africains et afro-américains ont exprimé mardi à Washington leur inquiétude face au réchauffement climatique, crise sur laquelle ils portent un regard unique du fait de leur appartenance à la diaspora africaine.
Lors de discussions dans le cadre du Forum des jeunes leaders africains et de la diaspora, organisé en marge du sommet voulu par Joe Biden auquel participent jusqu'à jeudi une cinquantaine de dirigeants africains, le directeur de l'agence américaine de protection de l'environnement (EPA), Michael Regan, premier Afro-Américain à en prendre la tête, a lancé au public:
"Les jeunes ont toujours été à l'avant-garde du changement, et le mouvement pour l'environnement ne fait pas exception. (...) Votre génération mène la charge et se bat pour assurer des lendemains plus sûrs et plus justes."
Un diagnostic incarné par Wafa May Elamin, 30 ans, fondatrice d'une organisation de mobilisation citoyenne, venue justement demander, lors de cet événement organisé au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaines, "que l'on permette aux jeunes de vraiment prendre les commandes" pour s'attaquer aux "problèmes climatiques massifs" qui menacent l'humanité.
Cette jeune Américaine d'origine soudanaise confie avoir attendu l'organisation d'un tel sommet "pendant très longtemps", la dernière -- et seule -- édition ayant eu lieu huit ans plus tôt, lors du deuxième mandat de Barack Obama.
- "Gardiens de notre planète" -
Invitée à prendre la parole lors de cette table ronde, l'actrice et militante Sabrina Elba, ambassadrice de bonne volonté des Nations unies ayant notamment collaboré avec le Fonds international de développement agricole (FIDA), a souligné l'importance de préserver l'Afrique, d'autant plus pressante pour les descendants de ceux qui ont quitté cet immense continent.
Evoquant sa mère, immigrée somalienne au Canada, elle a raconté l'importance de ne pas oublier la terre d'origine: "Aussi loin que je me souvienne, elle disait +Rends, rends, rends au continent+ (africain, NDLR) pour que nous puissions y retourner+".
C'est pour répondre à ce lien presque filial à l'Afrique que l'épouse d'Idris Elba a voulu agir, en s'engageant notamment auprès de l'ONU.
"Il n'a fallu qu'une visite (en Somalie) pour observer une sécheresse ou une famine, des gens être durement touchés par un problème (la crise climatique) sur lequel ils n'ont que très peu de prise", a-t-elle confié.
Pour elle, la priorité est d'aider les habitants des zones rurales, où un tiers de la nourriture produite sur Terre est selon elle cultivé. "Ces gens sont les gardiens de notre planète."
- "Pas un monolithe" -
Lors d'une série de questions/réponses avec l'assistance, Wafa May Elamin exprime son inquiétude que les financements de la lutte contre le réchauffement climatique ne soient pas équitablement répartis.
"Les pays devraient être tenus, d'une manière ou d'une autre, de veiller à ce que certaines ressources atteignent ceux qui ont été touchés de manière disproportionnée", lui répond le directeur de l'EPA.
Egalement dans les rangs du public, Jamaji Nwanaji-Enwerem, 32 ans, médecin et professeur assistant en santé environnementale à l'école de santé publique Rollins de l'université Emory à Atlanta.
"L'Afrique n'est pas un monolithe", estime auprès de l'AFP celui qui travaille notamment sur les questions de santé liées à la pollution environnementale. "Donc pouvoir entendre les histoires et expériences d'autres personnes aide énormément à développer des solutions qui ont du sens pour nous tous".
Michael Regan a profité de l'occasion pour annoncer, au nom du gouvernement américain, 4 millions de dollars pour aider les bénévoles de l'agence fédérale Peace Corps à "mettre en oeuvre (...) des projets visant à lutter contre le changement climatique" dans jusqu'à 24 pays d'Afrique sub-saharienne.
"Faisons-nous assez? Non. Devrions-nous faire davantage? Oui, mais c'est un long processus en démocratie", a-t-il reconnu.
V.Munir--DT