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Salman Rushdie, l'auteur des "Versets sataniques" menacé de mort depuis plus de 30 ans, restait hospitalisé samedi dans un état grave après avoir été poignardé aux Etats-Unis par un jeune homme d'origine libanaise, une attaque ayant soulevé une vague d'indignation internationale.
Rien ne filtrait samedi matin sur l'évolution de l'état de santé du célèbre écrivain britannique naturalisé américain, 75 ans, soigné en urgence et sous assistance respiratoire dans un hôpital d'Erié, en Pennsylvanie, au bord du lac du même nom qui sépare les Etats-Unis du Canada.
L'attaque a provoqué une onde de choc à travers le monde, la Maison Blanche condamnant "un acte de violence consternant".
"Rien ne justifie une fatwa, une condamnation à mort", s'est indigné quant à lui Charlie Hebdo, journal satirique français décimé par un attentat islamiste en 2015.
- D'origine libanaise -
Selon Ali Qassem Tahfa, le chef du village de Yaroun, dans le sud du Liban, Hadi Matar "est d'origine libanaise". "Il est né et a grandi aux Etats-Unis. Sa mère et son père sont de Yaroun", a déclaré à l'AFP M. Tahfa.
En Iran, samedi, le principal quotidien ultraconservateur Kayhan a félicité l'agresseur. "Bravo à cet homme courageux et conscient de son devoir qui a attaqué l'apostat et le vicieux Salman Rushdie", écrit le journal. "Baisons la main de celui qui a déchiré le cou de l'ennemi de Dieu avec un couteau".
Au marché aux livres de Téhéran, tout le monde est au courant de l'attaque, mais seuls ceux la soutenant s'expriment: "J'étais très heureux d'apprendre la nouvelle. Quel que soit l'auteur (de l'attaque), je lui baise la main (...) Que Dieu maudisse Salman Rushdie", assure Mehrab Bigdeli, qui se présente comme un religieux chiite.
- Fatwa -
L'agression a eu lieu vendredi vers 11H00 (15H00 GMT) sur l'estrade de l'amphithéâtre du centre culturel de Chautauqua, lorsqu'un homme s'est "précipité sur la scène" et a "poignardé" M. Rushdie plusieurs fois "au cou" "à l'abdomen", selon la police de l'Etat de New York.
"Les nouvelles ne sont pas bonnes", avait déclaré vendredi soir au New York Times l'agent de M. Rushdie, Andrew Wylie, après qu'il eut été poignardé au cou et à l'abdomen lors d'une conférence littéraire dans la ville voisine de Chautauqua, dans l'Etat de New York.
"Salman va probablement perdre un œil; les nerfs de son bras ont été sectionnés et il a été poignardé au niveau du foie", avait détaillé M. Wylie en précisant que son client avait été placé sous respirateur artificiel.
L'animateur de la conférence où M. Rushdie devait s'exprimer, Ralph Henry Reese, 73 ans, a, lui, été "blessé légèrement au visage" mais est sorti de l'hôpital.
Carl LeVan, professeur de sciences politiques, était dans la salle, et a raconté au téléphone à l'AFP qu'un homme s'était jeté sur la scène où M. Rushdie était assis pour le poignarder violemment à plusieurs reprises, "essayant de le tuer".
Salman Rushdie, né en 1947 en Inde dans une famille d'intellectuels musulmans non pratiquants, avait embrasé une partie du monde islamique avec la publication des "Versets sataniques", conduisant l'ayatollah iranien Rouhollah Khomeiny à émettre en 1989 une fatwa demandant son assassinat.
L'auteur d'une quinzaine de romans, récits pour la jeunesse, nouvelles et essais écrits en anglais avait été contraint dès lors de vivre dans la clandestinité et sous protection policière, allant de cache en cache.
- Condamnations -
Naturalisé américain et vivant à New York depuis quelques années, Salman Rushdie avait repris une vie à peu près normale tout en continuant de défendre, dans ses livres, la satire et l'irrévérence.
Mais la "fatwa" n'a jamais été levée et beaucoup de traducteurs de son livre ont été blessés par des attaques, voire tués, comme le Japonais Hitoshi Igarashi, victime de plusieurs coups de poignard en 1991.
"Son combat est le nôtre, universel", a lancé sur Twitter le président français Emmanuel Macron assurant être "aujourd'hui, plus que jamais, à ses côtés".
Le Premier ministre britannique Boris Johnson s'est de son côté dit "atterré que Sir Salman Rushdie ait été poignardé alors qu'il exerçait un droit que nous ne devrions jamais cesser de défendre", en allusion à la liberté d'expression.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est déclaré, via son porte-parole, "horrifié" par l'attaque.
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A.Hussain--DT