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La police guatémaltèque a arrêté vendredi le journaliste José Rubén Zamora, fondateur du quotidien El Periódico, et perquisitionné le siège du journal qui a accusé le président Alejandro Giammattei et la procureure générale Consuelo Porras de corruption.
M. Zamora a été arrêté à son domicile dans le sud de la capitale dans le cadre d'une enquête pour blanchiment d'argent, a déclaré à l'AFP Juan Luis Pantaleón, porte-parole du parquet.
"Il a été arrêté dans le cadre d'un potentiel cas de blanchiment d'argent. Ceci n'est pas lié à son travail de journaliste, mais en tant qu'homme d'affaires", a assuré M. Pantaleón.
Lors de son transfert au tribunal, M. Zamora a déclaré aux journalistes qu'il se mettait "à la disposition de la justice pour voir ce qui se passe". "J'imagine qu'il doit y avoir une conspiration, une persécution (...) et si c'est le cas, l'amour du Guatemala doit se payer par la prison", a-t-il ajouté.
La police et les procureurs ont également perquisitionné le siège du journal, ce que la rédaction a dénoncé comme étant des représailles liées à des articles accusant le gouvernement et Mme Porras de corruption.
"La procureure générale [Consuelo Porras] a exécuté les menaces proférées à l'encontre du président d'El Periódico. Ils ne nous feront pas taire", a réagi le journal sur ses réseaux sociaux.
En septembre dernier, l'Association interaméricaine de la presse (IAPA) avait condamné la décision de la justice guatémaltèque d'ouvrir une enquête sur El Periódico pour avoir publié un témoignage accusant Mme Porras de corruption.
"Nous sommes dans un moment très difficile. Je ne voudrais pas penser que nous sommes en train de devenir le Nicaragua 2.0", a déclaré le médiateur guatémaltèque Jordan Rodas, faisant référence aux condamnations de journalistes critiques à l'égard du président Daniel Ortega dans le pays voisin ces dernières années.
En juin, la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) a ajouté le Guatemala à la liste de pays qui connaissent de graves violations des droits de l'homme. Cuba, le Venezuela et le Nicaragua figurent également sur celle-ci.
Le parquet, sous la direction de Mme Porras, a été mis en cause pour avoir arrêté et poursuivi plusieurs juges et procureurs anti-mafia. La procureure a été sanctionné par Washington et inclue dans la Liste Engel de personnalités "corrompues et anti-démocratiques" identifiées par les Etats-Unis.
H.Sasidharan--DT