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Le quotidien francophone en crise El Watan, l'un des premiers journaux privés créés en Algérie, pourrait disparaître après 31 ans d'existence, au grand dam de ses journalistes en grève.
La fermeture s'impose car "aucun plan de règlement de la crise n'a été soumis au partenaire social", a déploré cette semaine le syndicat des travailleurs du quotidien dans un communiqué, alors que les 150 employés d'El Watan, sans salaires depuis cinq mois, ont entamé le 12 juillet une grève de deux ou trois jours chaque semaine.
Ils réclament le paiement de leurs salaires mais luttent aussi pour la survie du quotidien.
Cités par les médias algériens, les actionnaires du journal justifient la situation par le fait que tous les comptes de l'entreprise sont bloqués à cause d'un litige avec l'administration fiscale et la banque.
"Oui, on risque la fermeture du journal", a confirmé le directeur de la publication, Mohamed Tahar Messaoudi au site H24-dz.
Pour les propriétaires, la situation est également liée à un manque de publicité étatique.
L'Etat est le plus gros annonceur en Algérie, où les publications des administrations et entreprises publiques sont confiées par la loi exclusivement à l'Agence nationale d'édition et de publicité (ANEP).
L'ANEP est décriée pour son rôle d'"instrument politique" qui choisirait les supports non pas en fonction de leur audience mais de leur ligne éditoriale.
Ce risque de fermeture de l'un des titres les plus connus en Algérie, intervient trois mois après la parution du dernier numéro du quotidien francophone Liberté.
Son propriétaire, le richissime homme d'affaires Issad Rebrab avait pris la décision de le liquider.
Des intellectuels et personnalités algériens avaient signé une pétition pour que le propriétaire revienne sur sa décision. En vain.
Après avoir connu l'euphorie lors de l'ouverture du paysage médiatique au secteur privé à la fin des années 1980, l'Algérie a vu disparaître ces vingt dernières années des titres comme Le Matin, La Tribune ou l'hebdomadaire la Nation, notamment par manque de revenus publicitaires ou en raison d'une chute de leurs ventes.
Ces journaux s'étaient illustrés par leur liberté de ton et leur critique du pouvoir.
L'Algérie figure à la 134e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse 2022 établi par Reporter sans frontières (RSF).
K.Javed--DT