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Le pape François, toujours affaibli physiquement, s'envole dimanche pour une visite au Canada, lors de laquelle il devrait renouveler sa demande de pardon pour le rôle de l'Eglise dans le drame des pensionnats pour autochtones.
Le pontife argentin de 85 ans doit décoller à 09H00 (07H00 GMT) de l'aéroport Fiumicino de Rome pour rejoindre Edmonton, en Alberta, où il sera accueilli à 11H20 (17H20 GMT) par le Premier ministre canadien Justin Trudeau et des responsables religieux.
Avec plus de dix heures de vol, il s'agit du voyage le plus long depuis 2019 pour le souverain pontife, affaibli par des douleurs au genou droit le contraignant à se déplacer avec une canne ou dans un fauteuil roulant.
Cette visite sera en priorité consacrée aux autochtones, populations amérindiennes ancestrales représentant 5% de la population du Canada et qui s'identifient dans trois groupes: les Indiens ou Premières nations, les Métis et les Inuits.
Entre la fin du XIXe siècle et les années 1990, quelque 150.000 enfants autochtones ont été enrôlés de force dans plus de 130 pensionnats, des institutions subventionnées par l'Etat mais administrées en majorité par l'Eglise catholique.
Ils y ont été coupés de leur famille, de leur langue et de leur culture et souvent victimes de violences.
Jusqu'à 6.000 enfants y ont laissé la vie. Un "génocide culturel" selon une commission d'enquête nationale, dans un pays où la découverte de plus de 1.300 sépultures anonymes en 2021 a créé une onde de choc intergénérationnelle.
Ce voyage suscite une grande attente chez les populations autochtones qui espèrent que le pape renouvellera ses excuses historiques prononcées en avril au Vatican.
Le jésuite argentin pourrait également effectuer des gestes symboliques, comme en rapportant des objets d'art autochtones conservés au Vatican depuis des décennies.
"Ce voyage historique est une part importante du parcours de guérison" mais "beaucoup reste à faire", a affirmé jeudi George Arcand Jr, grand chef de la Confédération des Premières Nations du Traité n.6, lors d'une conférence de presse à Edmonton.
"Les événements de la semaine prochaine pourraient ouvrir des blessures chez les survivants", a averti Irvin Bull, chef de la tribu crie Louis Bull.
- "Trop tard" -
Après une journée de repos dimanche, François doit rencontrer une première fois des membres de peuples autochtones lundi matin à Maskwacis, à une centaine de kilomètres au sud d'Edmonton, où jusqu'à 15.000 personnes sont attendues.
L'Alberta est la province qui comptait le plus grand nombre de pensionnats.
"J'aimerais que beaucoup de monde vienne" pour "entendre que ce n'est pas inventé", confie à l'AFP Charlotte Roan, 44 ans, assise sur un banc à Maskwacis.
D'autres portent un regard amer sur l'évènement. "Pour moi, c'est un peu trop tard parce que beaucoup de gens ont souffert", déplore près de Saint-Paul (200 km à l'est d'Edmonton) Linda McGilvery, 68 ans, qui a passé huit ans de son enfance dans un pensionnat.
"J'ai perdu beaucoup de ma culture, de mon ascendance, c'est beaucoup d'années de perte", regrette cette femme issue de la Nation crie de Saddle Lake qui ne "fera pas de détour" pour voir le pape.
Lundi après-midi, le chef spirituel des 1,3 milliard de catholiques doit prononcer un deuxième discours en l'église du Sacré-Coeur des Premiers Peuples d'Edmonton. Mardi, il doit célébrer une messe dans un stade d'Edmonton avant de se rendre au lac Sainte-Anne, site d'un important pèlerinage annuel.
Il a prévu de rejoindre ensuite Québec du 27 au 29 juillet, puis de s'arrêter à Iqaluit (Nunavut), ville du grand Nord canadien dans l'archipel arctique.
Dans les villes étapes, de nombreuses routes seront coupées pour les déplacements du souverain pontife, dont certains à bord de sa papamobile. Au total, François doit prononcer quatre discours et quatre homélies, tous en espagnol.
François est le second pape à visiter le Canada, après Jean-Paul II qui s'y est rendu à trois reprises en 1984, 1987 et 2002. Dans ce pays, où 44 % de la population est catholique, l'Eglise connaît une crise avec une pratique en nette baisse ces dernières années.
I.El-Hammady--DT