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Le président turc Recep Tayyip Erdogan a assuré vendredi que la Turquie ne céderait pas à la "terreur de la rue", au troisième jour de manifestations déclenchées par l'arrestation du maire d'opposition d'Istanbul pour "terrorisme" et "corruption".
"La Turquie ne sera pas livrée à la terreur de la rue", a déclaré le chef de l’État, affirmant que les manifestations à l'appel de l'opposition mèneraient à une "impasse".
Özgür Özel, le chef du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), première force d'opposition à laquelle appartient M. Imamoglu, a appelé les Turcs à sortir dans les rues à 20H30 (17H30 GMT), après le repas de rupture du jeûne du ramadan, malgré les mises en garde des autorités.
Deux ponts et plusieurs grands axes permettant d'atteindre le siège de la municipalité d'Istanbul ont été fermés à la circulation vendredi pour 24 heures.
Au total, des manifestations se sont tenues depuis mercredi dans au moins 32 des 81 provinces turques, selon un comptage de l'AFP.
Le ministre de la Justice, Yilmaz Tunç, a qualifié d'"illégaux et inacceptables" les appels répétés de l'opposition à manifester.
- "Spectacles de l'opposition" -
À Istanbul, où les rassemblements ont été interdits jusqu'à dimanche, la situation s'est tendue jeudi soir et la police a fait usage de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc pour bloquer des manifestants qui voulaient se diriger vers l'emblématique place Taksim depuis l'hôtel de ville.
La police a également fait usage de canons à eaux et de balles en caoutchouc à Ankara, ont constaté des journalistes de l'AFP.
53 personnes ont été interpellées et 16 policiers ont été blessés lors de heurts avec les manifestants, selon les autorités, qui ont aussi interdit tout rassemblement jusqu'à mardi soir à Ankara et Izmir (ouest), la troisième ville du pays, acquise à l'opposition.
Ekrem Imamoglu, dont l'audition par les enquêteurs a démarré vendredi après-midi, selon la chaîne étatique TRT, devait être investi dimanche candidat du CHP à la prochaine élection présidentielle.
Mais le diplôme universitaire de l'édile, réélu triomphalement l'an dernier après avoir ravi Istanbul en 2019 au parti AKP (islamo-conservateur) au pouvoir, avait été annulé mardi soir, quelques heures avant son arrestation, ajoutant un obstacle sur sa route car la Constitution turque exige que tout candidat à la présidence justifie d'un diplôme d'enseignement supérieur.
- "Ni voleur, ni terroriste" -
Les charges pesant contre lui, en particulier celle de "soutien au terrorisme", font redouter à ses partisans qu'il puisse être incarcéré à l'issue de sa garde à vue dimanche et remplacé par un administrateur nommé par l'État.
"Le maire n'est ni corrompu, ni voleur, ni terroriste", a lancé jeudi soir le chef du CHP à la foule réunie devant l'hôtel de ville d'Istanbul, promettant de "ne pas abandonner la lutte jusqu'à ce qu'Imamoglu et les autres maires emprisonnés soient libérés".
Au total, 90 personnes, arrêtées pour la plupart en même temps que le maire, étaient toujours en garde à vue vendredi, selon la presse turque.
Cette contestation intervient un an après la débâcle subie par le Parti de la justice et du développement (AKP) du président Erdogan lors d'élections municipales, dans un contexte de crise économique.
Les évènements ont pesé vendredi sur la Bourse d'Istanbul: peu avant 17H00 (14H00 GMT), son indice vedette chutait de près de 8%. Face à ce dévissage, les cotations ont été suspendues à deux reprises dans la matinée.
A.Murugan--DT