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Le château La Gaffelière, 1er Grand Cru Classé B de Saint-Emilion, a annoncé mercredi qu'il se retirait du prestigieux classement décennal, devenant le quatrième grand nom de l'appellation bordelaise à rejeter ce système de plus en plus contesté.
Après les châteaux Ausone, Cheval-Blanc et Angélus, c'est un autre poids lourd historique de l'appellation qui se retire du classement, dont la nouvelle version doit être publiée en septembre, dix ans après celle de 2012.
"On a été dégusté par des amateurs", a dit à l'AFP Alexandre de Malet Roquefort, dont la famille dirige depuis 300 ans ce château, qui produit 80.000 bouteilles annuelles sur 22 ha et figurait dans le classement de Saint-Emilion depuis ses débuts en 1955.
A l'origine de son mécontentement, une convocation devant les instances du classement pour s'expliquer sur son terroir et ses dégustations, mal notés avant la publication du palmarès 2022.
"Notre terroir n'a pas changé depuis 1955 !", s'est exclamé M. de Malet Roquefort, accusant "d'incompétence" les dégustateurs qui ont mieux noté son millésime 2013, "le pire depuis 20 ans", que ses grandes années.
"On n'avait pas envie de se défendre", a-t-il ajouté.
"Ils ont tort car ce classement est une preuve d'émulation pour notre appellation", a réagi Jean-François Galhaud, président du Conseil des vins de Saint-Emilion. "On a une quarantaine de dégustateurs. Quarante ne peuvent pas se tromper", a-t-il fait valoir à l'AFP, défendant "la totale probité" du classement dont est chargé l'INAO (Institut national de l'origine et de la qualité).
Pourtant ce classement est de plus en plus contesté, notamment devant la justice, pour ses critères de sélection, accusés d'accorder trop de place à des "éléments secondaires" (notoriété, accueil du public...) au détriment des "fondamentaux" (terroir, dégustation...).
Pour ces raisons, les châteaux Ausone et Cheval-Blanc avaient déjà annoncé l'été dernier qu'ils ne postuleraient pas au prochain palmarès. En janvier, Château Angélus avait retiré sa candidature, trois mois après la condamnation de son propriétaire pour prise illégale d'intérêt dans la version 2012 de ce même classement.
Exportant dans le monde entier, ces grands noms prestigieux du Bordelais ne craignent pas le retrait du classement. "On pourrait vendre deux fois notre volume, la marque prévaut sur tous les classements, elle est tellement forte qu'on n'a pas d'inquiétude du point de vue commercial", souligne M. de Malet Roquefort.
U.Siddiqui--DT