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Pour construire le métro du Grand Paris, il faut d'abord excaver 47 millions de tonnes de déblais, "l'équivalent du rehaussement de plus de 20 cm" de la capitale, selon la Société du Grand Paris qui en a déjà évacué la moitié.
"Entre 10 et 20% des déblais en Île-de-France sont des déblais du Grand Paris Express", affirme Bernard Cathelain, membre du directoire de la Société du Grand Paris (SGP), lors d'une visite de chantier ouverte à la presse à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), mercredi.
Les chiffres sont à la hauteur de ce tentaculaire projet de transport en commun de 200 km autour de la capitale, qui comprend quatre lignes nouvelles de métro automatique, ainsi que des prolongements de la ligne 14.
Les travaux nécessitent de creuser jusqu'à une cinquantaine de mètres de profondeur.
Les 24,7 millions de tonnes de déblais déjà excavés sont de différentes natures (sables, gypse) représentatives de la diversité des sous-sols du bassin parisien, note la SGP, maître d'ouvrage des chantiers.
"98% des terres sont non polluées et non dangereuses donc peuvent être réutilisées", insiste M. Cathelain, évoquant les nombreuses analyses réalisées en laboratoire.
L'infime portion restante, polluée par l'activité humaine (solvants, hydrocarbures), doit obligatoirement être conservée dans des installations de stockage dédiées, rappelle-t-il.
Propriété de la SGP, les déblais sont pistés grâce à un système de traçage numérique des camions jusqu'aux destinations finales. "Les camions sont aussi pesés au départ à l'arrivée", indique Thomas Gaudron, responsable de la gestion des déblais et de la valorisation.
L'entreprise s'est engagée à parvenir à "un objectif de valorisation à hauteur de 70%", un seuil qui n'est pas encore atteint à ce stade.
– Éviter les fraudes –
Dans les faits, la majorité des déblais valorisés servent de remblais dans des carrières, des friches en reconversion ou des espaces publics à réaménager.
Transportés principalement en camions mais aussi par le train ou des barges sur la Seine, ils finissent leur course en Île-de-France (80%) principalement en Seine-et-Marne qui accueille un important site à Villeneuve-sous-Damartin.
Ce qui n'est pas sans susciter la réprobation de riverains, d'associations ou d'élus locaux, qui déplorent des nuisances dans des territoires qui ne sont pas concernés par l'arrivée du supermétro.
Enfin une petite partie (2,3%) de ces déchets est réemployée dans l'éco-construction, via des matériaux recyclés.
La gestion globale de l'ensemble des déblais nécessite un budget d'environ un milliard d'euros, estime M. Cathelain.
Par ailleurs, pour parer à d'éventuelles fraudes comme il en existe dans le secteur des déchets, la SGP a annoncé avoir signé une convention pour faire du "partage d'informations" avec l'OCLAESP (office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique), rattaché à la gendarmerie.
"On n'a pas identifié de fraude sur les chantiers du Grand Paris Express", a cependant assuré Jean-François Monteils, le président de la SGP, vantant la qualité de la traçabilité. "Notre truc est solide."
Après des retards, il est prévu que les nouvelles lignes de métro automatique, numérotées de 15 à 18, entrent en service de façon progressive à partir de 2025. Elles doivent notamment relier les aéroports parisiens, le pôle scientifique de Saclay et des quartiers populaires de Seine-Saint-Denis aujourd'hui mal desservis.
O.Mehta--DT