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La justice sud-coréenne a émis mardi un nouveau mandat d'arrêt contre le président déchu Yoon Suk Yeol, très attendu par les enquêteurs sud-coréens pour tenter une deuxième fois d'appréhender le chef d'Etat suspendu de ses fonctions et retranché dans sa résidence de Séoul avec sa garde rapprochée.
"Le mandat d'arrêt renouvelé contre le suspect Yoon a été émis aujourd'hui dans l'après-midi", ont annoncé les enquêteurs dans un communiqué. Il est motivé par la brève tentative de Yoon Suk Yeol, d'imposer la loi martiale dans le pays.
Le premier mandat d'arrêt, émis le 31 décembre, a expiré lundi à 15H00 GMT sans que le Bureau d'enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO) ne parvienne à s'emparer de M. Yoon pour l'interroger.
Vendredi, les enquêteurs du CIO appuyés par des policiers étaient entrés dans sa résidence. Mais ils s'étaient heurtés à environ 200 militaires et agents du Service de sécurité présidentiel (PSS) et avaient battu en retraite, bredouilles, après six heures d'un face-à-face tendu.
Le Parti démocratique, principale force de l'opposition, a annoncé une plainte contre le président en exercice Choi Sang-mok pour "manquement au devoir", après lui avoir demandé en vain d'ordonner au PSS de ne pas s'opposer à l'arrestation.
Les enquêteurs avaient redéposé lundi soir une requête auprès du tribunal du district ouest de Séoul afin de prolonger le mandat d'arrêt.
- Inexpérience -
Pour Yun Bok-nam, président de l'association Avocats pour une société démocratique, l'échec de la première tentative d'arrestation du président déchu s'explique surtout par l'inexpérience du CIO, qui n'a que quatre ans d'existence, compte moins de 100 employés et n'a encore jamais inculpé personne.
"Naturellement, ils n'ont aucune expérience des arrestations, à plus forte raison de l'arrestation d'un président", souligne Me Yun. "La coopération de la police est essentielle", estime le juriste.
Une dispute entre services avait éclaté lundi, le CIO, invoquant son manque d'expérience en la matière, souhaitant confier à la seule police le soin de se saisir de M. Yoon, et la police répondant que seul le CIO était compétent pour le faire.
Finalement, le CIO a reconnu que c'était à lui d'appréhender l'ex-procureur, et la police a fait savoir qu'elle arrêterait pour sa part les gardes du corps présidentiels au cas où ils feraient à nouveau obstruction.
Le CIO, la police nationale sud-coréenne et le service d'investigations du ministère de la Défense enquêtent conjointement sur la tentative de Yoon Suk Yeol d'imposer la loi martiale le 3 décembre et de museler le Parlement en y envoyant l'armée.
Le président conservateur déchu, dont l'action politique était constamment entravée par un Parlement dominé par l'opposition, avait affirmé vouloir protéger le pays des "forces communistes nord-coréennes" et "éliminer les éléments hostiles à l'Etat".
Mais il avait dû faire marche arrière quelques heures plus tard, les députés ayant réussi à se réunir dans un hémicycle cerné par les forces spéciales pour voter contre la loi martiale, pendant que des milliers de manifestants se massaient à l'extérieur.
- Bataille légale -
M. Yoon a été destitué le 14 décembre par l'Assemblée nationale. Il est par ailleurs visé par une plainte pour "rébellion", un crime passible de la peine de mort, et "abus d'autorité", passible de cinq ans de prison.
M. Yoon a juré la semaine dernière de se "battre jusqu'au bout".
Ses avocats contestent la légalité du mandat d'arrêt et la compétence du CIO. Ils font valoir que la loi attribue à cet organisme l'autorité pour enquêter sur une série précise d'infractions commises par des hauts responsables, mais que la liste ne comprend pas le crime de "rébellion".
Depuis que M. Yoon est menacé d'arrestation, des centaines de ses partisans ont campé jour et nuit, par des températures glaciales, au pied de la colline où est perchée sa résidence.
Avant l'émission du nouveau mandat d'arrêt, la foule des pro-Yoon était cependant beaucoup plus clairsemée mardi, selon des journalistes de l'AFP sur place.
Yoon Suk Yeol reste officiellement le chef de l'Etat, et n'est que suspendu jusqu'à ce la Cour constitutionnelle confirme ou infirme sa destitution votée par les députés.
La Cour a d'ici à la mi-juin pour statuer et a fixé au 14 janvier le début du procès en destitution, qui en cas d'absence de M. Yoon se poursuivra sans lui. Si elle valide la destitution, une élection présidentielle anticipée aura lieu dans les deux mois.
A.Ansari--DT