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A l'ouverture de son procès aux assises à Grenoble, Nordahl Lelandais a de nouveau reconnu avoir "donné la mort" à la petite Maëlys en 2017 et présenté ses excuses à sa famille, qui, sceptique, attend surtout la vérité sur les faits.
L'accusé de 38 ans, qui s'est présenté lundi légèrement barbu, les cheveux grisonnants coupés ras, vêtu d'une chemise bleue et d'un pantalon beige, a ôté son masque et requis l'autorisation de se tourner vers la famille de la victime. La présidente lui a demandé de s'adresser plutôt à la Cour.
L'avocat de la mère et de la sœur de Maëlys, Me Fabien Rajon, a immédiatement fait part du "scepticisme" de ses clientes après ces déclarations. "On a eu droit à une larme de Nordahl Lelandais, on a eu droit à des excuses, mais ça ne valait très clairement pas grand-chose", a-t-il lancé.
"Très clairement, on ne compte pas sur Nordahl Lelandais, on compte sur un dossier qui fait 23.000 pages, sur une instruction qui a établi la personnalité et la dangerosité de cet individu", a-t-il poursuivi.
"Nous verrons le degré de participation d’un accusé qui a eu quatre longues années pour se préparer", a noté de son côté Me Laurent Boguet, l'avocat du père de la fillette, Joachim De Ajauro.
Maëlys, huit ans, avait disparu vers 03H00 du matin d'une soirée de mariage dans la salle des fêtes de Pont-de-Beauvoisin (Isère). Sa famille l'avait cherchée durant une heure avant d'alerter les gendarmes.
Rapidement soupçonné malgré ses dénégations, Nordahl Lelandais avait été confondu en février 2018 par la découverte d'une tache de sang dans le coffre de sa voiture. Il avait alors admis l'avoir tuée "involontairement", puis avait conduit les enquêteurs jusqu'aux restes de sa victime, dans le massif de la Chartreuse.
Mais, plus de quatre ans après les faits, plusieurs zones d'ombre demeurent: on ignore notamment encore dans quelles conditions la petite fille est montée dans sa voiture, ainsi que les circonstances précises du décès de l'enfant.
- Sven Lelandais absent -
Les parents de Maëlys sont arrivés lundi matin au palais de justice de Grenoble munis d'un grand portrait peint de la fillette, ensuite laissé devant l'entrée de la salle.
A l'ouverture du procès, qui doit durer trois longues semaines, plusieurs témoins manquaient à l'appel, dont le frère de l'accusé Sven Lelandais, qui a demandé par courrier à ne pas y assister, arguant qu'il n'avait "rien à voir" avec cette affaire et qu'il venait à peine de "difficilement" retrouver du travail comme saisonnier en montagne. Mais la présidente a ordonné qu'il soit "recherché" pour témoigner.
En début d'après-midi, la parole a été donnée aux témoins, en premier lieu l'enquêtrice de personnalité Adeline Sendra, qui dit avoir rencontré Nordahl Lelandais à trois reprises. Selon elle, il s'est présenté comme une personne "serviable", tandis que ses proches ont dépeint un homme "secret et peu loquace".
Devraient ensuite être entendues la demi-sœur puis la mère de l'accusé.
Nordahl Lelandais sera également jugé pour agressions sexuelles à l'encontre de deux petites-cousines âgées à l'époque de cinq et six ans, ainsi que pour détention et enregistrement d’images pédopornographique.
Déjà condamné à Chambéry en mai 2021 à 20 ans de réclusion pour le meurtre du jeune soldat Arthur Noyer, Nordahl Lelandais n'avait pas fait appel.
Dès le début, il y a quatre ans et demi, ce tragique fait divers avait fasciné le grand public, suscitant compassion pour les parents de la fillette et indignation à l'égard du suspect, perçu comme un manipulateur et un temps soupçonné d'être un tueur en série.
Des dizaines de personnes se sont présentées très tôt lundi matin devant le palais de justice dans l'espoir d'assister au procès, mais nombre d'entre elles n'ont pu accéder à la salle.
Le verdict est attendu autour du 18 février, si la pandémie de Covid-19 ne vient pas brouiller les cartes.
Nordahl Lelandais encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Y.Sharma--DT