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Des milliers de manifestants pro-UE se sont rassemblés mercredi à Tbilissi en Géorgie pour une septième nuit de protestation contre le gouvernement, qui a accentué la pression sur le mouvement en arrêtant notamment au moins trois meneurs de l'opposition.
Ce pays du Caucase est dans la tourmente depuis les législatives du 26 octobre, remportées par le parti au pouvoir, Rêve géorgien, mais dénoncées comme truquées par l'opposition. Le gouvernement est aussi accusé d'entraver les ambitions de la Géorgie d'intégrer l'UE et de vouloir se rapprocher de Moscou.
Les six précédentes nuits de mobilisation avaient été dispersées par la police à coup de canons à eau et de gaz lacrymogène, et près de 300 personnes ont été interpellées.
Mercredi soir, la foule, qui arborait des drapeaux géorgiens et européens, a bravé des températures froides, scandant l'hymne national sous les yeux attentifs de dizaines policiers, ont constaté les journalistes de l'AFP.
Comme les soirs précédents, les manifestants utilisent des lasers verts pour tenter d'aveugler les policiers, en rang d'oignons devant les fenêtres, pour beaucoup cassées, du Parlement.
La foule paraissait plus clairsemée par rapport aux rassemblements massifs de la semaine dernière, même si l'affluence restait conséquente pour ce pays d'environ 4 millions d'habitants.
- "En colère" -
Nikoloz Bakouradzé, étudiant de 19 ans à la fine moustache, pense que le mouvement a "déjà passé son pic". "Aujourd'hui comme hier, les gens sont moins nombreux", estime le jeune homme, tout en jugeant que "l'énergie reste la même".
Eka Moniava, artiste de 50 ans, pense que le mouvement vit un moment pivot. Selon elle, les arrestations de manifestants et les descentes policières montrent que le pouvoir "a peur" et cherche à intimider. Reste à voir, dit-elle, si la stratégie fonctionnera. "Les gens sont de plus en plus en colère", estime-t-elle, espérant que cela les poussera de nouveau dans la rue.
Torniké, musicien de 29 ans, dit lui n'avoir pas participé aux manifestations des premiers jours. "Mais en voyant à la télévision comment la police traitait les gens, je suis venu", dit le jeune homme, qui porte un masque de ski. L'attitude des forces de l’ordre est "dégueulasse, il n’y a pas d’autres mots", dit-il. "Ce n'est pas humain".
Les autorités ont accentué leur pression sur le mouvement en perquisitionnant mercredi les bureaux du parti d'opposition Droa. Des policiers cagoulés y ont brutalisé puis embarqué Nika Gvaramia, le dirigeant d'un autre parti allié, Akhali, selon des images de la chaîne de télévision indépendante Pirveli.
Selon cette chaîne, deux autres dirigeants de l'opposition, Alexandre Elisachvili et Zourab Datounachvili, ont été arrêtés près de la manifestation, au cours d'une bagarre avec des agents de sécurité.
Il a confirmé avoir mené des perquisitions dans les bureaux de plusieurs partis politiques et affirmé qu'un "grand nombre d'engins pyrotechniques" et des cocktails Molotov avaient été saisis.
Le principal parti d'opposition géorgien, le Mouvement national uni (MNU) de l'ex-président emprisonné Mikhaïl Saakachvili, a accusé les autorités d'avoir "lancé une campagne de terreur et de répressions".
- Canons à eau contre feux d'artifice -
Les manifestations à Tbilissi ont éclaté jeudi dernier après l'annonce par le pouvoir du report à 2028 des ambitions de cette ex-république soviétique du Caucase d'intégrer l'UE.
Chaque soir, la police et des manifestants s'affrontent à coup de canons à eau et de gaz lacrymogène d'un côté et feux d'artifice et lasers de l'autre.
Le commissaire géorgien aux droits humains, Levan Ioseliani, a accusé la police de violenter les manifestants "de façon punitive", ce qui constitue "un acte de torture".
Quelque 293 personnes ont été placées en détention depuis le début du mouvement, a annoncé le ministère de l'Intérieur mardi soir, et 143 policiers ont été blessés.
Le Premier ministre géorgien Irakli Kobakhidzé a, pour l'heure, adopté une ligne dure, menaçant l'opposition et refusant toute concession.
Mercredi, il a promis à nouveau de réprimer "l'opposition radicale" et des ONG qui, selon lui, organisent des "actions violentes" et tentent de déstabiliser le pays. "Personne n'échappera à ses responsabilités", a-t-il averti.
I.Mansoor--DT