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Les autorités brésiliennes tentent jeudi de comprendre le mobile de l'auteur de l'attentat manqué à l'explosif contre la Cour suprême à Brasilia, qui met le pays sous tension à quelques jours d'un sommet du G20.
L'homme portant des explosifs est décédé mercredi soir à Brasilia après avoir tenté en vain de pénétrer dans le bâtiment de la Cour suprême, une institution centrale de la démocratie brésilienne.
Son corps a été retiré jeudi dans la matinée, recouvert d'un grand sac en plastique noir, a constaté un photographe de l'AFP.
La police l'a identifié comme Francisco Wanderley Luiz. Lors d'élections locales en 2020, il avait été candidat au poste de conseiller municipal sous les couleurs du Parti libéral de Jair Bolsonaro, président d'extrême droite alors au pouvoir.
Le camp Bolsonaro a évoqué un "fait isolé" dû à un "fou".
Sur X, l'ancien chef d’État a publié un message d'apaisement, un registre inhabituel pour lui, prônant "dialogue" et "union".
"Je lance un appel à tous les courants politiques et aux dirigeants des institutions nationales pour que, en ce moment de tragédie, ils prennent les mesures nécessaires pour avancer vers la pacification nationale", a-t-il écrit.
Cette tentative d'attentat réveille le souvenir des émeutes bolsonaristes contre les sièges de l'exécutif, du législatif et du judiciaire sur la même place de la capitale en janvier 2023.
La Cour suprême se trouve sur la place des Trois-Pouvoirs, où elle fait face au palais présidentiel et au Parlement.
Lula ne se trouvait pas au palais présidentiel au moment des explosions, selon son équipe. Il y a reçu jeudi matin plusieurs ambassadeurs, qui sont entrés par un accès latéral et non par la rampe principale, a constaté un photographe de l'AFP.
- Explosifs dans une maison -
Le vice-président brésilien Geraldo Alckmin, qui se trouve pour la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan, a qualifié les faits de "tristes" et "graves" et réclamé que l'enquête soit "extrêmement rapide et rigoureuse". "C'est un attentat contre une institution de la République, le pouvoir de la République", a-t-il affirmé.
Les forces de sécurité ont trouvé d'autres explosifs dans une maison où vivait l'assaillant présumé, dans la zone ouest de la capitale, a dit jeudi un porte-parole de la police militaire de Brasilia, Raphael Van Der Broocke, sur la chaîne GloboNews.
Mercredi soir, deux détonations se sont produites dans un bref laps de temps, vers 19H30 (22H30 GMT), et n'ont pas fait de blessé.
Il y a d'abord eu une première explosion, celle d'une voiture qui se trouvait sur un parking proche du Parlement, et dont est sorti précipitamment l'assaillant. Puis "cet individu s'est approché du Tribunal suprême fédéral, a essayé d'entrer, n'y est pas parvenu et l'explosion s'est produite devant la porte", a raconté mercredi soir devant la presse la vice-gouverneure de Brasilia, Celina Leao.
Selon les informations préliminaires, il s'agit d'un "suicide", a poursuivi la responsable, évoquant la piste d'"un loup solitaire".
Laiana Costa, une fonctionnaire du Tribunal des comptes de l'Union, un autre organe officiel, a raconté à des médias locaux avoir vu un "homme passer": "Tout à coup j'ai entendu un bruit, j'ai regardé derrière, il y avait du feu et de la fumée".
- "Impunité" -
Le 8 janvier 2023, une semaine après le retour de Lula au pouvoir, des milliers de partisans de Jair Bolsonaro, défait au scrutin présidentiel de la fin 2022, avaient pris d'assaut et saccagé les sièges des institutions sur la place des Trois-Pouvoirs.
Alexandre de Moraes, un puissant juge de la Cour suprême, conduit les investigations sur cette présumée tentative de coup d’État, dont le spectacle avait rappelé l'assaut du Capitole par des partisans de Donald Trump le 6 janvier 2021 aux États-Unis.
"Il faut non seulement s'unir pour la défense de la démocratie, mais aussi pour la responsabilisation de ceux qui lui ont porté atteinte, car l'impunité finit par provoquer des événements comme celui d'hier", a déclaré jeudi ce magistrat, qui a été également chargé de l'enquête sur l'attaque de la veille.
Lula accueillera lundi et mardi à Rio de Janeiro un sommet du G20, réunissant la plupart des dirigeants des principales économies de la planète. Mercredi, il doit recevoir à Brasilia en visite d’État le président chinois.
H.Yousef--DT