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Le président bolivien Luis Arce a exigé mercredi "la levée immédiate de tous les points de blocage" routiers mis en place depuis 17 jours dans le pays par les partisans de l'ancien président Evo Morales, qui cherche à revenir au pouvoir.
"Il ne peut y avoir de dialogue sans la levée des blocages et des mesures de pression qui étranglent" le pays, a déclaré M. Arce dans un message à la nation. "Nous exigeons donc la levée immédiate de tous les points de blocage", a-t-il ajouté.
Les partisans de l'ancien président (2006-2019) bloquent depuis le 14 octobre les principales routes du pays en signe de soutien à leur dirigeant, visé par une enquête pour le viol présumé d'une adolescente alors qu'il était à la tête du pays.
Ses avocats affirment que l'affaire a déjà été examinée et classée en 2020.
M. Morales estime lui être victime d'une "persécution judiciaire" orchestrée par le gouvernement du président Arce, son ancien allié et désormais rival pour la candidature du parti au pouvoir en vue de la présidentielle de 2025.
Malgré un jugement le disqualifiant, l'ancien président de 65 ans veut se présenter au scrutin.
Dimanche, il a affirmé avoir été la cible d'une tentative d'assassinat, qualifiée de "mise en scène" par le gouvernement.
"Si la demande pressante du peuple bolivien n'est pas entendue, notre gouvernement, démocratiquement élu avec plus de 55% des voix, exercera ses pouvoirs constitutionnels pour sauvegarder les intérêts du peuple bolivien", a mis en garde le président Arce.
Toutefois, il n'a pas précisé s'il utiliserait l'armée pour dégager les routes ou même s'il comptait décréter l'état d'urgence, deux mesures réclamées par les opposants de M. Morales.
Depuis le début des blocages, des affrontements entre la police et les manifestants ont fait au moins 70 blessés, dont 61 policiers et neuf civils, a indiqué M. Arce.
Au total, plus de 20 barrages ont été signalés dans le pays, la plupart dans l'Etat de Cochabamba, fief de M. Morales, un ancien cultivateur de coca dont les soutiens sont majoritairement des paysans indigènes.
- "Preuves matérielles" -
Ces blocages routiers ont accentué les pénuries de carburant et entraîné de longues files de véhicules dans les villes. Les prix des produits de base ont en outre grimpé en flèche sur les marchés.
M. Arce a estimé l'impact de ces blocages "à plus de 1,7 milliard de dollars, avec des conséquences terribles pour les familles, asphyxiant l'économie, empêchant l'approvisionnement normal en carburant, augmentant les prix des denrées alimentaires".
La procureure du département de Tarija (sud), Sandra Gutiérrez, chargé de l'enquête visant M. Morales a affirmé mercredi avoir réuni "tous les indices et certaines preuves matérielles" dans cette affaire, précisant qu'un éventuel mandat d'arrêt serait émis "en temps voulu".
Le parquet de Tarija a ouvert fin septembre une enquête pour "viol, trafic et traite d'êtres humains" visant M. Morales.
Le premier indigène à avoir gouverné la Bolivie aurait durant son mandat eu une relation avec une adolescente de quinze ans avec laquelle il aurait eu une fille en 2016.
La procureure Gutiérrez avait ordonné son arrestation en septembre, mais le mandat a été annulé après un recours judiciaire favorable à l'ancien président.
Outre M. Morales, le parquet de Tarija enquête aussi sur les parents de la victime qui auraient délibérément inscrit leur fille au "mouvement de jeunesse" de soutien à Evo Morales afin d'obtenir de lui des "avantages".
Le père de l'adolescente a été arrêté mi-octobre et placé en détention préventive pour une durée de quatre mois. Convoqué en même temps que M. Morales, il ne s'était pas rendu, tout comme lui, à une convocation du parquet pour être entendu dans cette affaire.
U.Siddiqui--DT