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Le géant français du jeu vidéo Ubisoft a dévoilé mercredi des résultats financiers du premier semestre en net recul, alors que bruissent des rumeurs de rachat de l'entreprise qui a déjà revu à la baisse ses prévisions.
L'éditeur des franchises Assassin's creed et Just dance a terminé le semestre avec un chiffre d'affaires en baisse de près de 20%, et des "net bookings" (son indicateur de référence, NDLR) en recul de près de 22%.
Des chiffres qui témoignent d'une période difficile pour Ubisoft.
L'entreprise a confirmé ses objectifs financiers annuels, après les avoir abaissés fin septembre suite à l'accueil mitigé reçu par son jeu "Star Wars Outlaws" fin août.
Ubisoft, qui avait fait état de ventes "plus faibles que prévues", a précisé mercredi que le "title update le plus important à ce jour", une mise à jour corrigée du jeu, serait disponible le 21 novembre.
Si le groupe s'est félicité d'une augmentation du nombre de joueurs sur les douze derniers mois, son directeur général Yves Guillemot a aussi évoqué dans le communiqué publié mercredi "les commentaires polarisés" régulièrement adressés à l'entreprise.
Sur les réseaux sociaux, ses jeux sont régulièrement la cible de critiques ou de moqueries, un phénomène désormais appelé "Ubi-bashing".
- Chute en bourse -
Mais Ubisoft connaît aussi des dissensions au sein de ses équipes. Une partie de ses effectifs s'est récemment mise en grève pour la deuxième fois de l'année, un phénomène rare dans le secteur.
Environ 1.000 salariés, sur les 4.000 que compte l'entreprise en France, ont ainsi protesté mi-octobre contre un retour en présentiel perçu comme une "décision très injuste" par certains.
L'entreprise, qui a connu une forte expansion au début des années 2000 puis au tournant des années 2020, rivalisant avec les géants américains et japonais, a entamé début 2023 un plan de réduction des coûts.
Mercredi, elle a annoncé avoir réalisé plus de 200 millions d'économies et réduit ses effectifs de plus de 2.000 personnes sur 24 mois. Fin septembre, le nombre total d'employés dans le monde s'élevait à 18.666.
Une mauvaise passe largement sanctionnée sur les marchés financiers: alors que l'action d'Ubisoft s'échangeait à plus de 100 euros il y a dix ans, elle a atteint en septembre son niveau le plus bas, à 9,01 euros, avant de remonter début octobre.
Le titre a perdu mercredi en Bourse près de 4%, s'établissant à 13,38 euros.
- Rumeurs de rachat -
A ce sujet, l'entreprise a été interpellée à plusieurs reprises par un actionnaire minoritaire, le fonds d'investissement slovaque AJ Investments, qui détient moins de 1% du capital.
Après avoir publié en septembre une lettre ouverte où il exprimait sa "profonde insatisfaction à l'égard de la performance actuelle et de l'orientation stratégique de l'entreprise", celui-ci a réitéré ses critiques en début de semaine. Lundi, il a appelé Ubisoft à prendre position sur les récentes rumeurs d'un rachat par le groupe chinois Tencent et d'une sortie de la Bourse.
L'intérêt du géant chinois de la tech pour l'entreprise française aux quelques 20.000 salariés est déjà connu: en 2022, il a acquis près de 10% du capital. Il demeure pour l'instant lié par un accord avec la famille Guillemot, à la tête d'Ubisoft, qui l'empêche d'en prendre le contrôle.
Mais les rumeurs d'un appétit plus conséquent ont été relancées début octobre par l'agence Bloomberg, qui a fait état d'un potentiel rachat par le groupe allié à la famille Guillemot.
Ubisoft "examine régulièrement toutes ses options stratégiques" et "informera le marché en temps voulu, si nécessaire", avait réagi l'entreprise, qui n'a depuis fait aucun commentaire.
Z.W.Varughese--DT