Dubai Telegraph - En Colombie, le volcan interdit et ses anges gardiens indigènes

EUR -
AED 3.846712
AFN 71.807227
ALL 98.181287
AMD 408.741135
ANG 1.896218
AOA 956.69975
ARS 1051.474539
AUD 1.607186
AWG 1.887741
AZN 1.775375
BAM 1.955978
BBD 2.124294
BDT 125.731453
BGN 1.955856
BHD 0.394743
BIF 3107.942455
BMD 1.04729
BND 1.413856
BOB 7.269732
BRL 6.089055
BSD 1.052096
BTN 88.893295
BWP 14.363651
BYN 3.443214
BYR 20526.891799
BZD 2.120793
CAD 1.463222
CDF 3005.723629
CHF 0.928386
CLF 0.036958
CLP 1019.788135
CNY 7.589394
CNH 7.597547
COP 4599.290984
CRC 534.848719
CUC 1.04729
CUP 27.753196
CVE 110.276098
CZK 25.351963
DJF 187.357066
DKK 7.458487
DOP 63.395775
DZD 139.906489
EGP 52.086951
ERN 15.709356
ETB 131.113521
FJD 2.380279
FKP 0.826644
GBP 0.831994
GEL 2.853909
GGP 0.826644
GHS 16.728684
GIP 0.826644
GMD 74.357674
GNF 9068.912683
GTQ 8.121817
GYD 220.122153
HKD 8.149857
HNL 26.587803
HRK 7.470594
HTG 138.135221
HUF 411.236405
IDR 16667.626683
ILS 3.890307
IMP 0.826644
INR 88.493105
IQD 1378.345295
IRR 44096.162128
ISK 146.10796
JEP 0.826644
JMD 167.0924
JOD 0.742635
JPY 161.750335
KES 135.624579
KGS 90.590336
KHR 4243.467575
KMF 491.859767
KPW 942.560961
KRW 1466.588842
KWD 0.322189
KYD 0.876792
KZT 521.765001
LAK 23046.099274
LBP 94221.08262
LKR 306.117884
LRD 189.911833
LSL 19.037816
LTL 3.092376
LVL 0.633496
LYD 5.139468
MAD 10.522459
MDL 19.158745
MGA 4926.566365
MKD 61.541781
MMK 3401.55836
MNT 3558.692716
MOP 8.434989
MRU 41.843211
MUR 48.597817
MVR 16.180409
MWK 1824.409737
MXN 21.393631
MYR 4.680378
MZN 66.941933
NAD 19.037907
NGN 1771.051806
NIO 38.714451
NOK 11.587179
NPR 142.228993
NZD 1.793139
OMR 0.403204
PAB 1.052096
PEN 3.996464
PGK 4.235426
PHP 61.749814
PKR 292.44392
PLN 4.343462
PYG 8257.752201
QAR 3.835886
RON 4.976827
RSD 116.996977
RUB 106.090014
RWF 1445.666196
SAR 3.932066
SBD 8.750667
SCR 14.264572
SDG 629.944061
SEK 11.585257
SGD 1.409323
SHP 0.826644
SLE 23.653039
SLL 21961.160959
SOS 601.280607
SRD 37.079312
STD 21676.796766
SVC 9.20597
SYP 2631.348395
SZL 19.04619
THB 36.403629
TJS 11.205281
TMT 3.675989
TND 3.328535
TOP 2.452859
TRY 36.16514
TTD 7.141753
TWD 34.098201
TZS 2777.790119
UAH 43.438094
UGX 3887.391222
USD 1.04729
UYU 44.83494
UZS 13526.232108
VES 48.457274
VND 26622.121915
VUV 124.336421
WST 2.923606
XAF 656.032418
XAG 0.033805
XAU 0.000389
XCD 2.830355
XDR 0.802592
XOF 656.016757
XPF 119.331742
YER 261.732278
ZAR 18.938124
ZMK 9426.870262
ZMW 29.012643
ZWL 337.227081
  • AEX

    7.5600

    866.13

    +0.88%

  • BEL20

    21.5100

    4158.9

    +0.52%

  • PX1

    15.1200

    7213.32

    +0.21%

  • ISEQ

    -42.4100

    9596.66

    -0.44%

  • OSEBX

    12.6300

    1464.83

    +0.87%

  • PSI20

    7.6200

    6360.47

    +0.12%

  • ENTEC

    -5.8300

    1416.23

    -0.41%

  • BIOTK

    42.8900

    2902.44

    +1.5%

  • N150

    -2.2900

    3270.71

    -0.07%

En Colombie, le volcan interdit et ses anges gardiens indigènes
En Colombie, le volcan interdit et ses anges gardiens indigènes / Photo: JOAQUIN SARMIENTO - AFP

En Colombie, le volcan interdit et ses anges gardiens indigènes

Emeraude, perroquet, olive, jusqu'au turquoise... Dans les montagnes andines du sud-ouest de la Colombie, le cratère d'un volcan abrite une "lagune" enchanteresse aux cinquante nuances de vert, trésor naturel un moment menacé par le tourisme de masse sur lequel veille désormais une communauté indigène.

Taille du texte:

L'ascension du volcan Azufral, qui culmine à 4.070 mètres dans le département du Narino, non loin du Pacifique, n'est pas simple affaire de trekking et de condition physique.

"Les ancêtres de la lagune n'aiment pas être dérangés (...) Il faut d'abord demander la permission à la nature", conte Jorge Arevalo, 41 ans.

Ce matin-là, ils sont une poignée, dont Jorge, membres de la "garde indigène" de la réserve, à accompagner une équipe de l'AFP pour cette visite exceptionnelle jusqu'au cratère.

Depuis sa fermeture au public par les indigènes autochtones Pastos, on ne monte à la "lagune verte", en fait des lacs de montagne, qu'avec l'autorisation expresse du gouverneur indigène local.

- Trésor caché -

Site comparable aux lacs bleus à la beauté légendaire de Band-e Amir en Afghanistan, la "lagune verte" est longtemps restée "l'un des secrets les mieux gardés" de Colombie, selon la presse, qui en parlait encore en 2011 comme d'un "trésor" caché.

Modernité -et tourisme- oblige, le trésor naturel n'est plus resté caché bien longtemps, et de plus en plus de visiteurs ont alors commencé à gravir les pentes herbeuses du volcan.

Saccagés par ce tourisme incontrôlé, l'accès au lac et aux 7.503 hectares de parc ont été décrétés fermés du jour au lendemain en septembre 2017 par les autorités indigènes, propriétaire de ces terres. Une décision finalement avalisée en 2018 par l'exécutif local.

"Il y avait des détritus partout", se souvient Jorge avec dégoût. "Des gens montaient jusqu'au cratère en moto. Un maire du coin a même tenté d'amener un bulldozer pour aménager une route!"

"Les dommages sur cet écosystème unique" assurant l'approvisionnement en eau de toutes les localités aux alentours "étaient terribles".

"Il y avait jusqu'à 1.500 personnes par jour, c'était très invasif", regrette Diego Fernando Bolaños, de la direction du tourisme du Narino. "La lagune verte est un joyau. Malheureusement il n'y a pas eu une bonne gestion du site", reconnaît le fonctionnaire.

- Chasser les intrus -

"En sept ans de fermeture, les dommages ont été réparés", se félicite Jorge. Les volontaires de la garde indigène patrouillent régulièrement pour repérer et chasser les intrus.

"Je ne savais pas que c'était interdit", s'étonne avec de gros yeux ronds Inga, Néerlandaise quadragénaire, montée la veille en solo et qui a bivouaqué à l'entrée du parc. "Là-haut c'est magnifique. Ils ont eu raison de fermer".

Avant l'ascension, les cinq membres de la garde indigène organisent un rituel en présence de leur taïta (chaman), Florentino Chasoy, pour louer le "cycle de la vie".

"Sans nos Dieux, sans la nature, l'eau, les montagnes... nous ne sommes rien", rappelle le chaman. Chacun demande "l'autorisation de monter" au sommet et "de contempler la beauté" du lac. S'excuse par avance du "dérangement" qu'il va causer "aux plantes, aux animaux", ou d'avoir à "perturber le silence" de ce "lieu sacré" pour les indigènes Pastos.

Une oraison à la "Pacha Mama", une prière à la Vierge Marie, un "nettoyage spirituel" à coups de parfum... et en route vers le sommet!

Après une ascension de près de deux heures, ce sont en fait trois lacs qui s'offrent au visiteur, au fond d'un cratère de 3 km de large.

La "laguna verde" tient toutes ses promesses, illuminant le regard au gré des rayons du soleil. Un autre étang stagne au pied d'une montagnette jaunâtre d'où s'échappent des fumerolles et une âcre odeur de soufre. Et plus loin, la "lagune noire" aux eaux sombres, réputée "ensorceler" ceux qui s'y attarderaient un peu trop, selon les guides.

On s'approche de l'eau sulfureuse. "Il ne faut pas s'y baigner", met en garde Jorge. Au début des années 2000, "deux plongeurs y ont trouvé la mort, leurs corps n'ont jamais été retrouvés". Ils voulaient explorer le fonds pour y récupérer l'or supposément jeté là en offrande pendant des siècles par les indigènes.

- "Merveilleux héritage" -

"Il ne faut pas déranger les ancêtres", répète-t-il, son traditionnel bâton à la main, protégé du froid par sa "ruana" (poncho) en laine de brebis. "Cette lagune est un héritage de nos anciens, c'est une merveille".

A l'initiative de l'UE, Jorge devrait être invité à la COP16 sur la biodiversité fin octobre à Cali pour y raconter l'expérience du volcan Azufral. "Le travail de protection et de récupération de la Laguna verde par la communauté indigène Pasto exprime très bien la connexion entre action locale et changement climatique", commente à l'AFP l'ambassadeur de l'UE en Colombie, Gilles Bertrand.

"Les Pastos protègent un site sacré essentiel pour leur culture, mais aussi un écosystème de haute montagne indispensable pour la conservation de l'eau et le cycle des saisons de l'Amazonie, duquel dépend l'équilibre climatique de l'Europe et du monde", souligne M. Bertrand, qui lui-même a pu visiter la lagune en août.

Que faire maintenant? Tout le monde semble d'accord pour ne pas revenir à la situation d'avant, y compris le département, dont certains fonctionnaires -comme guides ou à la tête de tours opérateur- étaient eux-mêmes partie prenante de l'invasion touristique.

Des indigènes voient dans ce lieu emblématique une source inespérée de revenus, alors que la communauté vit modestement de la culture des pommes de terre et du lait.

Il faudrait "rouvrir progressivement" avec des accès payants, sur un modèle plus "durable", plaide M. Bolaños.

"Nous ne nous opposons pas à ce que des gens visitent le site, nous nous opposons à un tourisme incontrôlé", insiste pour sa part Jorge. "Personne ne faisait rien", martèle-t-il, "nous sommes les seuls à avoir agi contre cette folie".

Y.Rahma--DT